DU PROBLEME DE LA NATIONALITE CAMEROUNAISE

DU PROBLEME DE LA NATIONALITE CAMEROUNAISE

 La nationalité camerounaise est un droit inaliénable de l'individu, une opportunité pour le Cameroun

 

Eugène WOPE

 

 

Lorsqu'en mars 2011 Mayotte devient le 101ème département français, cet événement est passé quasiment inaperçu en Afrique. Il constitue pourtant une belle leçon de réalisme politique, où l'intérêt supérieur d'une nation, la France, l'emportant sur toute autre considération, conduit à prendre une décision politique – intégrer à la France une ile lointaine, pauvre, sous-développée, à la population exotique – dont le bien fondé ne peut être envisagé que sur le long, voire le très long terme.

 

A première vue, ce choix de la France est incompréhensible. Déjà en butte à chômage préoccupant, confrontée à une intégration chaotique et conflictuelle de la communauté musulmane sur son sol, voilà que la France prend la décision d'accorder la nationalité française à  200000 Mahorais, musulmans en grande majorité, confrontés comme dans la plupart des pays d'Afrique à la pauvreté, l'illettrisme et le chômage. Elle s'expose ainsi à de nouvelles charges de prestations sociales, ouvre de nouveaux flux migratoires (légales), en parfaite contradiction avec le discours officiel visant à contrôler et limiter l'immigration, et en particulier l'immigration extra union européenne (il faut surtout comprendre celle en provenance du sud).

 

Deux raisons principales permettent d'expliquer et de justifier pleinement cette décision :

  • géopolitique et géostratégique : l'ile de Mayotte est un excellent emplacement stratégique pour la force militaire française, permettant de rayonner sur l'océan indien, le bloc arabique et tout le bord est de l'Afrique jusqu'en Afrique du sud, pays Africain le plus développé, situé à seulement quelques heures de vol d'avion.
  • économique : avec Mayotte et ses nombreuses autres possessions outre-mer, la France dispose du 2ème plus vaste domaine maritime du monde derrière les Etats-Unis (plus de 11 millions de km2). Ce domaine recèle potentiellement d'immenses richesses (halieutique, touristique, gisements de pétrole, de nodules polymétalliques …).

 

Cette décision pragmatique constitue un pari sur l'avenir, potentiellement gagnant pour la France. Elle permet d'éclairer en contre point l'opportunité manquée par le Cameroun du président Ahidjo d'intégrer la Guinée Equatoriale au sein d'une même nation, à une époque (années 60-70) où l'immense majorité de la population équato-guinéenne y compris son président (Macias Nguema), confrontée à un grand dénuement à côté d'un Cameroun plus nanti, était disposée et désireuse de rejoindre un tel ensemble. Les pouvoirs politiques camerounais de l'époque, bien qu'ayant une certaine conscience des intérêts du pays, ont manqué de clairvoyance à cette occasion (l'histoire démontrera que le gouvernement de Biya qui a succédé à celui de Ahidjo, fait encore moins cas de ces intérêts).

 

En Afrique, l'intégration entre les peuples doit être une priorité et une opportunité. Elle permet d'abattre les barrières artificielles érigées pour faciliter les conquêtes esclavagistes et coloniales (diviser pour mieux régner), et qui sont devenues au fil du temps un vrai problème et un handicap que certains politiciens véreux n'hésitent pas à manipuler de manière bien irresponsable. Elle permet de constituer de grands ensembles plus à même d'affronter la compétition impitoyable du monde actuel. De ce point de vue, apparait clairement l'absurdité du comportement des dirigeants de certains pays en Afrique, qui font de la nationalité un élément de régulation de politique intérieure, n'hésitant pas à exclure certains de leurs concitoyens jugés favorables à l'opposition, de l'accès à une carte d'identité, et faisant de la chasse à l'étranger leur exutoire privilégié aux problèmes internes générés par la mauvaise gouvernance. Le Gabon, déjà coutumier du fait, a encore récemment expulsé brutalement et sauvagement les étrangers Africains, qui avaient pour seul tord de chercher à survivre en travaillant durement dans des exploitations artisanales de mine d'or au nord du pays. Il est difficile de comprendre les raisons d'une telle barbarie autrement que par la bêtise et l'incompétence du pouvoir politique en place, et par l'inertie de réflexes politiques archaïques hérités du passé.

 

Pour revenir à la question de la nationalité, et de la nationalité Camerounaise en particulier, elle doit être un droit imprescriptible de l'individu, une opportunité pour le pays, et non pas une faveur qu'un pouvoir politique peut accorder ou retirer au gré de sa convenance. Pour être encore plus précis, le droit à des nationalités multiples ainsi que le droit du sol doivent être inscrits dans la constitution du Cameroun.

Les nombreux Camerounais éparpillés de part le monde, qui pour des raisons pratiques ou de convenance ont parfois dû prendre la nationalité de leur pays d'accueil, doivent avoir le droit de conserver leur nationalité d'origine, et de la transmettre à leur descendance. Ils ont souvent gardé des liens très forts avec leur pays d'origine et leur famille qui y est restée, y retournent pour la plupart fréquemment à l'occasion de vacances ou d'événements familiaux (mariages, décès …). Il y a quelque chose d'incongru d'imposer à des Camerounais, qui en fait n'ont jamais renié en aucune manière leur attachement au Cameroun, de renoncer à la nationalité camerounaise, parce qu'ils ont acquis dans leur pays d'accueil un statut de citoyen qui bien souvent procure des facilités pratiques qu'il serait absurde de refuser. Ahidjo utilisait cette exclusion en son temps comme une arme pour maintenir à distance ses opposants vivant à l'étranger, détournant ainsi la constitution camerounaise à des fins politiques personnelles. Cette disposition doit être abrogée dans la nouvelle constitution du Cameroun. Tous les Camerounais, vivant partout dans le monde, peuvent et doivent pouvoir participer pleinement à la vie du pays, contribuer à son développement, et bénéficier pleinement des droits imprescriptibles que procure leur origine.

Rien ne justifie qu'un Camerounais d'origine doive s'acquitter de visas aux prix faramineux pour voyager au Cameroun. A titre d'exemple, un Camerounais résidant en France, ayant acquis la nationalité française, doit payer 100 euros pour obtenir un visa d'entrée au Cameroun valable 3 mois. Pour se rendre au pays avec sa femme et ses trois enfants, il doit s'acquitter de 500 euros de frais de visas, soit autant d'argent qui ne pourra être dépensé lors du séjour. Et ceux qui connaissent l'ambassade du Cameroun à Paris, transformé un moment en repère crasseux de fonctionnaires fainéants et d'un public bruyant et désordonné exposant publiquement une image lamentable du pays, se demandent à juste titre à quoi peut bien servir de payer des montants aussi élevés. Sans compter le sentiment de honte que vous procure une facette aussi avilissante de votre pays ainsi exposée au regard de tous. Ces montants absurdes, qui s'apparentent à du racket, sont contreproductifs pour le tourisme et les rentrées de devises qu'il procure. Là encore, par des dispositions anachroniques, nos propres gouvernements génèrent des entraves aux libertés et au développement, se transformant en problème au lieu de pourvoir aux solutions.

A titre de comparaison, le gouvernement vietnamien propose aux touristes des visas à moins de 60 euros, et même de régler directement les formalités de visa à l'arrivée au Vietnam, pour 50% moins cher. Poussant plus loin l'intérêt évident du pays, ce gouvernement exempte de visa les Vietkeu (Français d'origine vietnamienne) ainsi que leur conjoint et descendance, pour un coût de 17 euros, valable 5 ans.

La nouvelle constitution du Cameroun doit également inclure un droit du sol. Cela signifie que tout enfant né sur le sol camerounais bénéficie automatiquement de la nationalité camerounaise, et ce, quelque soit l'origine de ses parents.

Le Cameroun est très cher au cœur de tous les Camerounais. Tous ceux qui vivent sur son sol ou en sont issus constituent une richesse dans le creuset national. Tout ce qui contribue à salir son image doit d'être combattu sans concession. Le pouvoir actuel de Paul Biya a montré depuis 29 ans qu'il ne se souciait ni du développement du Cameroun, ni de son image et de son statut international. Il y a quelque chose de frappant et de choquant, de voir à quel point les autorités Camerounaises manquent de décence, lorsque pendant plusieurs mois de travaux de réfection de l'aéroport de Douala, les passagers Camerounais et étrangers (dont certains visitent le pays pour la première fois) sont obligés de cheminer dans le terminal d'accès à travers des gravas poussiéreux que personne ne prend la peine de dissimuler aux regards. La politesse élémentaire commande d'accueillir un étranger qui arrive chez vous dans des conditions décentes ! C'est une question d'HONNEUR, de DIGNITE. Mais Biya et son gouvernement semblent inaccessibles au sentiment de honte. Ils ne l'ont pas été pendant 29 ans, ils ne le seront pas d'avantage pendant les 7 prochaines années.

C'est pour cela que Biya doit être empêché de se présenter aux prochaines élections présidentielles au Cameroun en 2011.

Les Camerounais seuls peuvent y parvenir. Ils peuvent l'en empêcher en exprimant publiquement leur refus de voir Biya se porter candidat à sa propre succession. Plus ils seront nombreux, plus leur voix sera audible, et moins le pouvoir en place pourra les ignorer.

C'est maintenant que chaque Camerounais doit s'exprimer. Les Tunisiens ont montré la voie pour obtenir une alternance par des moyens pacifiques, imités par les Egyptiens, les Yéménites, les Libyens …

Ces peuplent sont arrivés à renverser des dictatures comparables à celle de Biya simplement en se levant massivement pour exprimer leur soif de liberté et d'alternance. Le monde nous regarde, nous écoute, il est prêt à nous entendre, si nous sommes assez nombreux pour dire notre soif de démocratie, de bonne gouvernance, d'alternance.

Afin que la transition démocratique triomphe au Cameroun en 2011, il faut que la voix de chaque Camerounais qui s'élève pour exiger plus de libertés, de bonne gouvernance et d'espérances :

  • soit IDENTIFIEE : en rejoignant massivement le groupe Facebook BIYA:RENONCE, nous donnons une incarnation à cette revendication,
  • soit AUDIBLE : un premier acte concret que chaque personne peut poser pour participer au mouvement pour le changement consiste à devenir membre de ce groupe,
  • soit VISIBLE : par le nombre, le plus grand nombre possible de personnes qui rejoignent le groupe, créant un effet de masse que l'opinion publique mondiale, qui est aujourd'hui devenu un acteur majeur à part entière, saura prendre en considération, appuyer, accompagner.

 

 

Eugène WOPE


16/08/2011
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