DROITS DE L’HOMME: Le Cameroun toujours dans la zone rouge

DROITS DE L’HOMME: Le Cameroun toujours dans la zone rouge

Vanessa Tchatchou:Camer.beLe rapport 2012 des Etats-Unis sur le trafic des êtres humains publié le 19 juin 2012 au Département d’Etat américain classe le pays de Paul Biya parmi les mauvais élèves en matière des droits de l’homme. Que de cas de disparitions d’enfants ou de meurtres avec mutilations des « organes vitaux », la presse aura dénoncé ici et là sur l’étendue du territoire camerounais tout au long de l’an de grâce 2011 (l’année visée par l’enquête américaine) ! Et ce, jusqu’au début de l’année 2012, avant que l’Affaire Marafa Hamadou Yaya (ex-SGPR et ex-MINATD) mis en détention préventive pour indélicatesse avec la fortune publique) ne vienne les occulter.

Normal donc que le Trafficking Victims Protection Act (TVPA), ou le rapport 2012 sur le trafic des êtres humains publié le 19 juin 2012 par le Secrétaire d’état Hillary Rodham Clinton, au cours d’une cérémonie au Département d’Etat américain, maintienne le Cameroun parmi les pays les plus  mal lotis en matière des droits de l’homme.

Le rapport sur le trafic des êtres humains évalue les efforts des gouvernements à travers le monde dans la lutte contre l’esclavage moderne. Le rapport 2012 est le 12e du genre, et inclut les éléments d’appréciation sur 186 pays et territoires. Pour ce document somme toute critiquable sur sa forme comme dans le fond selon les milieux proches du pouvoir,  « Le Cameroun est un pays d'origine, de transit et de destination pour les enfants victimes de la traite des personnes, en particulier à des fins de travail forcé et de traite sexuelle, et un pays d'origine pour les femmes astreintes au travail forcé et à la prostitution forcée. Les opérations de traite ciblent généralement deux ou trois enfants, par exemple, lorsque des parents vivant dans des zones rurales confient volontiers leurs enfants à des intermédiaires sous la promesse d’une éducation ou d’une vie meilleure en ville. Toutefois, les auteurs de la traite procèdent de plus en plus par des enlèvements, les parents confiant de moins en moins leurs enfants à des intermédiaires, en raison notamment d’une sensibilisation accrue du public ». Malgré un léger mieux, en raison de la promulgation de la loi de 2011 (une loi plus complète, abrogeant la loi de 2005 qui, bien que pénalisant la traite des enfants, ne couvrait pas les adultes) interdisant toutes formes de trafic et traite des personnes, le Cameroun continue de sombrer dans le bas-fond du classement mondial des pays qui ont encore du mal à respecter et à protéger les droits fondamentaux de leurs citoyens.
 
Le respect de l’intégrité de la personne, y compris le droit de vivre à l’abri des atteintes (Privation arbitraire ou illégale de la vie ; torture et autre châtiment ou traitement cruel, inhumain ou dégradant ; arrestation ou détention arbitraire ; déni de procès public équitable…) ; le respect des libertés civiles (liberté d'expression et liberté de la presse ; liberté de réunion et d’association pacifiques ; liberté de religion ; liberté de circulation, personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, protection des réfugiés et apatrides) ; le respect des droits politiques (droit des citoyens de changer de gouvernement ; élections et participation politique ; participation des femmes et des minorités) ; l’attitude des pouvoirs publics concernant les enquêtes internationales et non gouvernementales sur les violations présumées des droits humains ; la discrimination, abus sociétaux et traite des personnes ; les droits des travailleurs (droit d’association et droit de négocier collectivement ; interdiction du travail forcé ou obligatoire ; interdiction du travail des enfants et âge minimum pour l'emploi ; conditions de travail acceptables) ; la corruption et transparence dans la fonction publique, sont entre autres, les aspects pris en compte dans cette étude.

La corruption

Sur  ce dernier point,  le rapport relève que « La loi prévoit des sanctions pénales contre la corruption officielle. Le gouvernement n’a pas appliqué cette loi avec efficacité, et la corruption était largement répandue à tous les niveaux de l’appareil étatique. Des agents publics se sont livrés à des pratiques de corruption en toute impunité ». Et pour preuve, ajoute l’étude américaine « La dernière édition des indicateurs de la gouvernance dans le monde publiée par la Banque mondiale reflète la gravité du problème ». Mieux, les Camerounais pensent que les fonctionnaires du système judiciaire et de l'administration sont disposés à recevoir des pots-de-vin dans pratiquement toutes les situations. Au mois de juin, l’Institut national de la Statistique a rendu public une étude selon laquelle 87% des ménages camerounais pensent que la corruption est un problème grave dans le pays. « La corruption a été un problème dans l'appareil judiciaire. Selon plusieurs rapports de presse, des autorités judiciaires auraient accepté des paiements illicites de la part de certaines familles de détenus, en échange d'une réduction de la peine ou de l'élargissement pur et simple de leurs proches. Le parti pris des juges (agissant souvent sur instruction du gouvernement) a souvent eu pour effet d'interrompre ou de prolonger les procédures judiciaires. De nombreuses personnes politiquement ou économiquement bien placées ont bénéficié d'une immunité quasi totale les protégeant de toutes poursuites, et certaines affaires politiquement délicates ont parfois été réglées au moyen de pots-de-vin », peut-on lire.

Pour la Secrétaire d’Etat Hillary Rodham Clinton qui présidait la cérémonie de restitution de cette étude, « Cet ensemble de rapports, que le gouvernement des États-Unis publie depuis près de quarante ans, envoie un message clair aux gouvernements du monde entier : nous surveillons ce que vous faites et nous vous tenons responsables de vos actions. Et il envoie un message clair aux citoyens et aux militants où qu’ils se trouvent : vous n’êtes pas seuls. Nous sommes à vos côtés ». Et d’ajouter : « En ma qualité de Secrétaire d’État, je m’emploie avec mon équipe superbe à faire avancer les droits de l’homme dans le paysage du XXIe siècle, et nous portons notre attention sur de nouvelles frontières, tout en continuant à nous insurger contre les abus vieux comme le monde. Là où les femmes ont toujours été marginalisées, nous les aidons à participer pleinement à leur société. Nous élargissons l’accès à la technologie et nous défendons la liberté d’Internet parce que les gens méritent les mêmes droits en ligne comme hors ligne. Et nous savons qu’au XXIe siècle, les droits de l’homme ne se résument pas aux libertés civiles et politiques ; ils s’appliquent aussi à la question fondamentale de savoir si les gens, partout au monde, ont la possibilité d’exploiter au maximum le potentiel que Dieu leur a donné ». Des propos qui sonnent comme une mis en garde contre les fossoyeurs des libertés individuelles et collectives.

© L'Effort Camerounais : Claude Zéba


11/07/2012
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