Double nationalité : Adolphe Moudiki et Roger Milla tombent le masque

Double nationalité : Adolphe Moudiki et Roger Milla tombent le masque

Cameroun - Double nationalité : Adolphe Moudiki et Roger Milla tombentt le mmasqueLe 22 avril dernier, jour du vote pour le premier tour de l’élection présidentielle française, Roger Milla (Ambassadeur itinérant à la présidence de la République du Cameroun) et Adolphe Moudiki (Administrateur directeur général de la Société nationale des hydrocarbures) ont voté. Or, la constitution française est claire : « sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques ».

Pour avoir la nationalité française, les deux Camerounais disposent de passeports français. Petite remarque, en cas de crise au Cameroun, si la France venait à évacuer ses ressortissants, ces deux-là et, peut-être leurs familles, quitteront le Cameroun dans des hélicoptères de l’armée française. Roger Milla, bien connu pour n’avoir pas sa langue dans la poche, a très vite réagi à la polémique médiatique suscitée par son vote et sa nationalité française. Il a indiqué ne pas être le seul dans cette situation. Confirmant enfin ce que tout le monde pense au Cameroun : la plupart de nos dirigeants ont deux ou plusieurs nationalités, au mépris des lois camerounaises qui ne reconnaissent pas la double nationalité.

En effet, le code de nationalité au Cameroun est suffisamment clair : « Ne sont plus considérés comme étant nationaux tous les Camerounais majeurs ayant acquis et conservant volontairement une nationalité étrangère ». Cette disposition, selon un fonctionnaire du ministère des Relations extérieures, aurait été supprimée. Mais il reste qu’on attend des textes d’application autorisant clairement les Camerounais à prendre une autre nationalité sans perdre celle du Cameroun.

Parce que même pour ceux qui ont deux passeports, il n’est pas toujours facile de jongler dans la pratique. Prenons un exemple concret : un Camerounais quitte Paris pour Yaoundé. Si, pour éviter les tracasseries ou de payer le visa, il décide d’utiliser son passeport camerounais, il faudra bien qu’à son retour à Paris, il montre le tampon de sortie sur son passeport français qu’il utilisera sans doute. En tout cas, l’affaire du vote de Roger Milla et Adolphe Moudiki vient nous rappeler deux choses simples : au Cameroun, les lois ne sont contraignantes que pour le petit peuple. Les hautes personnalités ayant le droit de les violer allègrement.

Deuxièmement, on se rend compte que l’entourloupe et la ruse finiront toujours par rattraper ceux qui nous gouvernent et croient tromper le peuple tout le temps. Comment en effet, peuvent-ils expliquer que des personnalités d’une telle notoriété n’ont pas violé les lois de leur propre pays en possédant une double nationalité ?

Et pourtant, c’est connu de tous ; dans la sélection camerounaise, nombre de joueurs détiennent la double nationalité : celle camerounaise et française pour la majorité des cas. Camerounaise et espagnole pour Samuel Eto'o Fils, par exemple. Arrivé en Espagne en 1996, l'ancien joueur d'Ucb de Douala aura attendu dix ans après la signature de son premier contrat professionnel avec le Real Madrid (1997), pour officiellement prêter serment comme citoyen espagnol, en octobre 2007.

Et, malgré le fait qu'il possède la double nationalité espagnole et camerounaise, Samuel Eto'o Fils continue d'évoluer au sein des Lions indomptables. L’affaire du vote de Roger Milla à la présidentielle française amène en tout cas à se demander si, le fait que nos dirigeants possèdent d’autres natnationalités n’explique pas en partie, l’échec de la gouvernance dans notre pays. Comment en effet, quand on sait qu’on peut partir à tout moment, peut-on gérer les affaires de son pays avec efficacité ?

Comment ne pas se comporter au Cameroun comme si l’on y était en transit ? Comment, quand on a ses enfants en sécurité à l’étranger, peut-on se soucier de ceux qui vivent au Cameroun ? Comment peut-on vouloir peser dans le choix du président d’un autre pays et dire qu’on est préoccupé par la gouvernance de ceux qui dirigent le Cameroun. Jusqu’ici, en n’accordant pas la double nationalité, le pouvoir a exclu plusieurs opposants en exil (volontaire ou pas) à l’étranger.

Ils ne peuvent plus participer pleinement à la vie politique dans leur pays. Le pouvoir a aussi exclu, selon une certaine grille d’analyse, les Bamilékés qui  sont très nombreux dans la diaspora. Ce peuple, dynamique et redouté, n’a pas toujours été vu d’un bon oeil par le pouvoir colonial (depuis le colonel Lamberton) et par les régimes successifs au pouvoir à Yaoundé. Mais cette fois, Roger Milla et Adolphe Moudiki ont fait tomber le masque. Le pouvoir, pris au piège de sa fourberie, n’aura plus d’autre choix que d’accélérer la reconnaissance de la double nationalité.

© Emergence : MAGNUS BIAGA


09/05/2012
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