Douala: Un prêtre enlevé par la gendarmerie

DOUALA - 26 JAN. 2012
© Joseph OLINGA | Le Messager

Interpellé dans la nuit du 24 janvier 2012 à Douala et emmené de force à Yaoundé par des gendarmes, le curé de la paroisse catholique «Pentecôte de New-Town aéroport» est accusé d'avoir séquestré et drogué une «mineure». Le concerné évoque des «violences spirituelles» contre sa victime présumée.

C'est une sortie de l'archevêque de Douala qui tire la sonnette d'alarme. Dans son propos liminaire, Monseigneur Samuel Kléda estime être «dans l'obligation» de porter à la connaissance de l'opinion publique l'enlèvement du curé de la paroisse catholique «Pentecôte de New-Town aéroport». L'archevêque de Douala raconte: «Hier soir (mardi 24 janvier, ndlr), à 20h52, deux gendarmes venus de Yaoundé ont enlevé notre prêtre François-Marie Gnammi Kasco, de nationalité béninoise». Le prélat précise que le curé est accusé, par Lucas Fonjo, cadre de la société Fokou ainsi que sa femme, d'avoir enlevé et séquestré leur fille «mineure», Annie Michèle Fonjo Makamché.

Outre la déclaration de l'archevêque de Douala, des sources rencontrées à la paroisse catholique Pentecôte de New-Town, dans le quartier éponyme dit que «les deux gendarmes sont arrivés à la paroisse hier soir (le 24 janvier 2012 ndlr) et ont demandé au curé de les suivre.» Une version que confirme l'archevêque de Douala. Mgr Kléda précise par ailleurs: «il m'a appelé et je lui ai demandé de ne pas suivre les gendarmes à cette heure-là», et de poursuivre: «c'est pendant que nous conversions qu'ils ont éteint son téléphone et l'on conduit de force à Yaoundé». Des faits qui ont provoqué l'ire de l'archevêque de Douala.

«Je dis qu'il s'agit d'un enlèvement, puisque nous n'avons pas de nouvelle du père jusqu'à l'heure actuelle. Ces gens qui nous parlent de paix, voilà comment ils troublent la paix par leur manière d'agir. Dans un pays où les lois ne sont pas respectées, à cause de toutes sortes de corruption, tout est permis.», martèle Mgr Kléda.

Joint au téléphone, le prêtre enlevé, François-Marie Gnammi, indique qu'il se trouve à la compagnie de gendarmerie n° 1, à Yaoundé et dit avoir été auditionné dans la matinée du 25 janvier 2012. Sur les motifs de son interpellation, le curé de la paroisse catholique Pentecôte de New-Town aéroport argue: «le nommé Lucas Fonjo m'accuse d'avoir séquestré sa fille et de l'avoir droguée». Ce que conteste le prêtre.

Tout en évoquant le secret confessionnal, le curé explique que «c'est une jeune fille qui m'a été présentée par sa tante. Lorsqu'elle (Annie Fonjo) a été conduite à moi, elle souffrait d'obsession suicidaire.» Sans grand détail, le prêtre (il est de la congrégation des frères franciscains de l'Immaculée) précise: «Elle avait subi des violences spirituelles et il est question de la soutenir psychologiquement.» C'est dans cette perspective que le prêtre affirme avoir remis une croix à la concernée, objet sans doute de l'ire de ses parents...


Abbé François-Marie Gnammi: «Annie Fonjo a subi des violences spirituelles»

«Annie Michèle Fonjo m'a été présentée par sa tante Stéphane Guemdjo, il y a environ trois mois. Sa tante m'a expliqué qu'elle était venue passer quelques temps chez elle. Je ne vais pas rentrer dans les détails de ce qu'elle m'a dit parce qu'il s'agit d'un secret confessionnal. Je peux juste vous dire qu'elle souffrait d'obsession suicidaire. En fait, elle a essayé de se suicider plusieurs fois. Pour résumer, elle a subi des violences spirituelles. Je ne peux pas vous en dire plus. Il faut juste vous dire que ça fait trois mois que j'essaye de la soutenir. J'ai reçu des coups de fil de ses parents et des gendarmes, mais je ne savais pas que cela était aussi sérieux. D'autant que je suis dans mon rôle de prêtre. Celui d'apporter de l'aide aux personnes en difficulté. Après sa confession, j'ai fait des prières avec elle et je lui ai donné une croix. C'est dès ce moment que les problèmes ont commencé. Il faut aussi rappeler que je suis étonné des motifs qui sont évoqués dans la plainte déposée par monsieur Fonjo à la gendarmerie. Il m'accuse d'avoir séquestré sa fille mineure et de l'avoir droguée. Ce qui évidemment est faux. Je suis aussi étonné que la police vienne m'interpeller à une heure comme celle à laquelle ils l'ont fait. Je ne parlerai pas du fait d'être emmené de Douala pour Yaoundé contre mon gré. Pour l'instant, je crois que la justice va dire le droit. Je demande aux fidèles de la paroisse Pentecôte de New-Town aéroport et ceux de l'église catholique qu'est au Cameroun de garder foi en Dieu. Tout rentrera dans l'ordre



27/01/2012
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