Douala: Peur sur Bonaberi

DOUALA - 21 MARS 2011
© David Nouwou | La Nouvelle Expression

Ses habitants ont vécu une nuit de terreur vendredi dernier. Ils se sont réveillés samedi avec 5 morts sur le carreau. Œuvre d’étranges bandits.

Le cambriolage de l’agence de Ecobank de Bonabéri a toutes les allures d’un film hollywoodien. Il est environ 23 heures, vendredi dernier lorsque les passagers qui empruntent généralement les cars de nuit pour se rendre à l’Ouest du Cameroun et les amateurs de Bacchus qui sont encore attablés dans les débits de boisson sont tirés de leur quiétude par une forte détonation qui vient de la partie arrière de l’immeuble qui abrite la banque. Les premiers qui accourent, rapporte un chargeur d’une agences de voyages, tombent sur des étranges personnes lourdement armées, à en croire les minutions qu’ils portent sur eux. Les curieux qui s’entêtent sont ramenés à la réalité par des coups de feu en l’air. C’est la débandade. La circulation est subitement interrompue de part et d’autre du lieu des opérations. A en croire une tenancière de call box : « Les gens couraient dans tous les sens, sans réellement savoir où est le danger. C’était même facile de fuir encore vers ces gens-là sans le savoir. Je suis rentrée sous un camion en panne qui était non loin de moi, morte de peur, parce les coups de feu tonnaient très fort. A un moment, j’ai eu l’impression que des militaires étaient venus et tiraient aussi. Mais, honnêtement, je ne peux pas vous dire que j’ai osé soulever ma tête pour regarder. Et cela a duré des heures. »Dans cette confusion, deux agents de sécurité de la banque sont abattus, semble-t-il, parce qu’ils voulaient opposer de la résistance. Un homme apparemment étourdi reçoit une balle mortelle. Trois personnes ayant commis l’imprudence de rentrer dans la « zone rouge » des bandits sont foudroyés dans leur voiture. De nombreuses autres personnes blessées par balles sont conduites vers les établissements hospitaliers de la place. Hier, ils ont été signalés à l’hôpital général de Douala, apparemment pris en charge par les pouvoirs publics.Selon une source policière, « les éléments des forces de l’ordre qui sont arrivés sur place ne pouvaient rien contre la puissance de feu des assaillants. Cela doit nous faire réfléchir. » A plusieurs kilomètres du lieu des opérations, les populations ont suivi les coups de feu, sans comprendre comment de simples bandits peuvent opérer pendant aussi longtemps sans être mis hors d’état de nuire.

Ces bandits qui se sont signalés dès leur arrivée par une explosion et des coups de feu ont donc réussi à opérer en plein cœur de Douala, pendant plusieurs heures. Et à se retirer sans être vraiment inquiétés par une branche morte du Wouri, bien loin du théâtre des opérations, emportant avec eux des sacs que l’on dit contenir des centaines de millions F Cfa.Une source à Ecobank soutient que la précision avec laquelle ils ont identifié l’emplacement de leur butin laisse croire qu’ils ont bénéficié de précieuses complicités internes à l’établissement bancaire.


Sur instruction de Paul Biya, le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o, a fait un aller et retour à Douala samedi pour constater les dégâts et évaluer l’ampleur de la situation. Il a tenu avec les autorités de la ville plusieurs réunions à huis clos avant de regagner Yaoundé.A Douala depuis samedi, l’attaque spectaculaire de la banque de Bonabéri est sur toutes les lèvres. Chacun veut savoir comment un tel coup a pu être possible. Et surtout comment les malfrats ont pu opérer pendant aussi longtemps et réussir à repartir, comme ils sont venus, en laissant sur le carreau plutôt d’innocentes victimes. Dans son point de presse d’hier, le gouverneur de la région du Littoral s’est voulu rassurant, en indiquant que toutes les mesures sont prises pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens dans la capitale économique du Cameroun.

Cette attaque rappelle étrangement celle de la cité balnéaire de Limbé, lorsqu’en 2008, des inconnus puissamment armés avaient pris en otage la ville pendant plusieurs heures, sans riposte des forces de sécurité. Et étaient repartis par la mer comme ils étaient venus. Les enquêtes ouvertes n’ont toujours pas élucidé officiellement le mystère de cette invasion qui, heureusement, n’avait pas fait de victime humaine.




22/03/2011
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