DOUALA - CONFERENCE DE PRESSE SUR PAUL ERIC KINGUE ET ENOH MEYOMESSE INTERDITE: Une rixe évitée de justesse

DOUALA - 23 FEV. 2013
© Gérard Kuissu Mephou | Correspondance

CONFERENCE DE PRESSE SUR PAUL ERIC KINGUE ET ENOH MEYOMESSE INTERDITE: Une rixe évitée de justesse


Ce vendredi 22 février 2013 à 15h était prévu une conférence de presse au siège du parti politique MANIDEM. C’était une occasion pour les amis de PAUL ERIC KINGUE et le Collectif pour la libération d’ENOH MEYOMESSE de faire le point de ces affaires rocambolesque, réexpliquer la genèse de leur détention, le déroulé de leurs procès et des décisions iniques. Ces deux groupes devaient parler des voies de recours engagés et de la mobilisation extraordinaire autour de ces deux hommes.


Douala - Conference interdite - 22/02/2013
Photo: © GKM


A 14h45 environ Kuissu Mephou Gerard, le coordonateur national du Tribunal article 53 sera notifié de l’interdiction de la << manifestation publique>> selon <>, par une missive écrire par Ekoa Mbarga Jean Marc, le sous-préfet de Douala 1er.

Au départ deux policiers et deux gendarmes, mais très vite, une escouade de gendarmes, de policiers, d’agents de renseignements et même des forces spéciales envahiront les lieux. Attroupements, montée d’adrénaline, menaces etc.


Douala - Conference interdite - 22/02/2013
Photo: © GKM


Le Tribunal Article 53 tiendra ferme et fera une déclaration à la presse sous le regard inquiet des bidasses. L’officier de 2e grade Djoda du commissariat du 3e arrondissement accroché au téléphone avec les autorités, passera le téléphone au coordinateur du Tribunal article 53 à qui il sera enjoint de quitter les lieux.

Le Tribunal article 53 avait déjà affirmé aux forces de répression son intention de se plier à l’injonction des autorités même s’il ne comprenait pas cette décision arbitraire et liberticide. Il regrette l’absence des dirigeants emblématiques du Manidem.


Douala - Conference interdite - 22/02/2013
Photo: © GKM


Devant la colère des militants du Manidem, face à l’incompréhension, des membres du Tribunal Article 53, avec les va-t-en guerre, il a fallu manœuvrer, expliquer à la presse, calmer les uns et les autres. Rester serein, ne pas exciter les forces de répression, respecter les avis des uns et des autres, pour au final éviter une rixe.

Après avoir fait sa déclaration, le peloton de gendarmerie sous la conduite du commandant de compagnie Otoulou mettra hors du siège du Manidem tout le monde devant une foule de curieux, de moto-taxi.

Les journalistes eux-mêmes médusés, ébahis essayeront de comprendre et de poser des questions.

Soulignons que Jean Takougang membre du Shadow cabinet du SDF en provenance de Yaoundé pour la dite conférence où il était annoncé dans le Collectif pour la libération de ENOH sur le volet juridique, est rentré en apprenant la décision des autorités qui sont à l’image de notre pays : anti démocratique. Il n’était aucunement surpris par cette décision. Célestin Djamen, autre cadre du SDF était annoncé pour parler de Paul Eric Kingué.

Lorsque l’on veut s’exprimer paisiblement dans un cadre sécurisé, on interdit. Si on va s’exprimer dans les missions diplomatiques ou depuis les capitales européennes, on est taxé d’agent à la solde de l’étranger. Mais en fait voilà l’origine de la dictature est là, elle qui veut bâillonner les associations.

Nous voulons dans cette déclaration, nous insurger contre cette entrave à la liberté d’expression, nous voulons dénoncer ces méthodes cavalières qui ne font pas honneur à notre pays, encore moins à notre démocratie. Qu’une petite association comme la notre, attire plus de militaires, de policiers et de gendarmes que le meeting d’un grand parti, exprime un malaise et non une puissance quelconque du Tribunal Article 53.

L’incarcération de Paul Eric Kinguè (PEK) part de sa dénonciation des ravages des pesticides sur les employés et les populations dans son district. Ensuite, il dénoncera les plantations françaises qui ne payent pas d’impôt depuis plus de 40 ans ! PEK purge en ce moment une peine de perpétuité ramenée à 10 ans. Cette peine dite au terme d’un procès où les témoins de l’accusation ont totalement disculpé PEK : les Maires de Dibombari et de Mbanga, la SENC exécutrice des travaux, tout comme la Mairie de Njombé-Penja qui dit ne rien réclamer et n’avoir subi aucun préjudice. Le Président de la collégialité dans son jugement, ne fait apparaitre aucune infraction mais condamne PEK tout de même à 10 ans ferme, non sans violer les articles 397 et 457 du Code de procédure pénale.

Bergeline DOMOU du Collectif pour la libération d’ENOH avait prévu évoquer l’incroyable arrestation d’ENOH Dieudonné par le Colonel Ngalibou de la légion de l’est qui l’a gardé à vue 30 jours durant dans une cellule inhumaine. Elle avait prévu d’évoquer l’extraordinaire mobilisation nationale et internationale qui lui permettra de rendre visite toutes les semaines à ce candidat recalé à la dernière présidentielle. Jean Takougang qui devait aborder l’aspect juridique, devait également évoquer, d’une part la qualification des faits et d’autre part les décisions. D’abord arrêté pour tentative de coup d’état, les faits seront qualifiés de braquage à main armée. Mais jamais on aura vu, ni la voiture ni les Coréens braqués, et jamais non plus on aura vu l’or objet du braquage, ni encore moins les armes du crime. Pire les témoignages ne sont ni concordants ni cohérent. Mais au final ENOH prendra tout de même 7 ans de prison ferme. Il a fait appel.

Sur la santé des deux détenus, si on peut noter une relative sérénité, PEK a quelque souci de santé et ENOH après l’achat de ses lunettes va relativement mieux. Mais en prison on ne va jamais bien, encore moins lorsqu’on y est à cause de la puissance de certains potentats éphémères tapis au cœur du pouvoir.

Le Tribunal Article 53 se retirera sur la pointe des pieds pour faire cette déclaration et répondre aux questions de nombreux journalistes. Tout compte fait, nous voulions que l’opinion nationale et internationale se rappelle que dans les prisons camerounaises deux hommes se meurent parce qu’ils ont osé agir et dire haut ce qu’ils pensent, qu’au Cameroun la démocratie, la liberté clamée est non seulement un leurre mais une véritable utopie.

Et pour le démontrer le sous-préfet nous a donné un sacré coup de main : interdire une anonyme conférence de presse, dans un petit parti, par de petits citoyens.

Merci Messieurs. On est ensemble.

Par Gérard Kuissu Mephou
Coordonateur national du TRIBUNAL ARTICLE 53



24/02/2013
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