Dossier: Au coeur des voyages présidentiels

YAOUNDE - 19 AVR. 2010
© Jean Calvin Ovono | La Météo
Le président de la République vient de séjourner, selon nos sources, à Genève en Suisse. Il a rejoint Yaoundé le 14 Avril dernier.

Le président de la République vient de séjourner, selon nos sources, à Genève en Suisse. Il a rejoint Yaoundé le 14 Avril dernier. Ce retour semble motivé par le sommet extraordinaire de la communauté économique et monétaire de 'Afrique centrale (Cemac) qui s'est tenu ce week-end à Malabo en Guinée Equatoriale. Compte tenu de l'intérêt qu'a toujours suscité chaque déplacement du chef l'Etat à l'étranger (remaniement, Cinquantenaire, Congrès du RDPC, etc.), La Météo se propose dans la présente édition, de projeter un faisceau de lumière sur les voyages présidentiels parfois controversés. Excluant toute polémique, nous avons voulu présenter des faits significatifs de ces déplacements qui après tout se justifient puisqu'ils sont constitutionnellement encadrés. Il s'agit aussi de soulever certaines interrogations soulevées par le fait que le président ne se repose presque jamais dans les résidences qui lui sont réservées à travers le pays.


Délégation réduite et séjour écourté



Mercredi 14 avril 2010 en début d'après-midi, les populations du quartier Odza dans la partie Sud de Yaoundé, observent avec un brin de curiosité les éléments de la Garde présidentielle (GP) se déployer le long de l'axe présidentiel. Bars, boutiques et autres commerces ferment progressivement. La GP s'installe sur les balcons des immeubles jouxtant la route qui mène à l'aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. De bouche à oreille, on apprend que ce dispositif sécuritaire est mis en place pour accueillir le chef de l'Etat, de retour d'un court séjour privé en Europe. Parmi les officiels qui vont l'accueillir à l'aéroport, on aperçoit clairement Marte Belinga Eboutou, le directeur du cabinet civil. Proche collaborateur et ami de longue date, il n'était pas du voyage. Lui qui aura accompagné le chef de l'exécutif camerounais dans plusieurs de ses déplacements.

En effet, il se murmure au sein du sérail que la taille de la délégation qui accompagnait le chef de l'Etat était très réduite. Tout juste, l'on apprend qu'étaient du voyage, René Emmanuel Sadi, le secrétaire général du Rdpc et Simon Bikélé le directeur du protocole. Le reste de la délégation étant constituée de majordomes et membres de la famille. Certaines sources annoncent également que Séraphin Fouda, secrétaire général N°2 à la présidence, était du voyage. Mais ceux qui scrutent les moindres mouvements et gestes de l'entourage du président de la République indiquent que l'universitaire de haut vol se serait rendu en Europe bien avant le départ de Paul Biya. Il serait allé superviser certains achats liés à la commémoration du Cinquantenaire de l'indépendance.

Parti du Cameroun dimanche 28 mars, Paul Biya aura exactement mis 17 jours à l'étranger. Certaines sources soulignent avec certitude qu'il était à Genève en Suisse où trois de ses enfants sont scolarisés. Mais d'autres sources croient savoir que le chef de l'Etat et son épouse étaient à Baden Baden en Allemagne, pour une remise en forme avant le défilé du 20 mai et les festivités du Cinquantenaire. Baden-Baden ou Genève, toujours est-il que le dernier voyage du président de la République en Europe a surpris plusieurs observateurs de la scène politique nationale. Sa durée et la taille de la délégation qui l'accompagnait, n'ont pas manqué d'étonner. Si on peut justifier le retour précipité du chef de l'Etat par la tenue d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), on est bien loin des effectifs pléthoriques qui caractérisent habituellement la suite du président lors de ses déplacements à l'étranger.


Petite histoire croustillantes…



Tout n'est pas toujours rose pour le président de la République lorsqu'il séjourne hors de son pays. Les voyages de Paul Biya sont parfois entachés de petites histoires cocasses à la limite du scandale. Ses vacances à La Baule en juillet 2009 ont alimenté les choux gras de la presse nationale et internationale. Tout est parti d'un reportage diffusé sur Radio Fidélité Nantes. Article de presse tout de suite repris par Ouest France et Rue 89. Les médias, français notamment, s'en étaient alors donnés à cœur joie: "Alors que La France vient de réitérer son aide au Cameroun en confirmant le versement de 537 millions d'euros sur cinq ans pour le désendettement et le développement du pays, Paul Biya et son épouse prennent du bon temps à La Baule... Voilà déjà deux semaines qu'ils résident aux hôtels Royal et Hermitage du groupe Barrière. 43 chambres, soit 42 000 € par nuit, thalasso, casino et séances de shopping: Les dépenses se chiffrent en millions. Retour au pays prévu au début du mois de septembre. La facture semble lourde pour ce Pays pauvre très endetté (Ppte). Plus d'un demi-milliard de francs FCFA". L'affaire fait le tour du monde.

Tout comme à son époque, la rumeur sur le décès de Paul Biya à Genève en juin 2004. En effet, vendredi 04 juin dans l'après-midi, par mail ou par téléphone portable, la rumeur sur le prétendu décès de Paul Biya fait le tour de Douala et de Yaoundé en quelques minutes. Le lendemain matin, tout le pays est en émoi. Tous les regards sont tournés vers Genève. Aucune trace de Paul Biya. Le ministère suisse des Affaires étrangères peine à démentir la nouvelle. Bina Bidoung, oncle de Chantal Biya et chargé de mission au cabinet civil, entretient le doute lorsqu'il déclare au journal suisse Le Temps: "C'est à lui (Paul Biya, ndlr) de décider s'il veut ou non apparaître à la télévision". Ce qui fait conclure au journal suisse: "Le président du Cameroun peine à démentir sa mort". 

Au Cameroun, personne ne dit mot. Les dignitaires du régime sont invisibles et inaudibles. Mais la sérénité revient très tôt dimanche matin, suite au reportage d'un correspondant de la BBC à Genève qui aurait aperçu Paul Biya faisant du vélo au bord du Lac Leman. Rfi relaie l'information et le secrétaire général de la présidence commet un communiqué vers midi. L'arrivée triomphale du chef de l'Etat le 09 juin à Yaoundé sera le démenti le plus formel de cette fausse nouvelle qui a parcouru le monde entier.

D'autres petites anecdotes tout aussi croustillantes, agrémentent quelquefois les séjours privés du chef de l'Etat à l'étranger. Elles tiennent particulièrement le landernau politique national en haleine pendant des semaines. Le vol de la mallette de souveraineté à Genève par le lieutenant Luc Emane reste un sujet qui a aiguisé l'appétit de la presse affamée de scandales. On n'oublie pas le malaise du président (officiellement dû à une gastro-entérite) au sommet des chefs d'Etat de la Cemac à Malabo en 2006, suite à la consommation d'un mets de pistache (Nnam ngon). Mais tout à côté, il est des choses qui se passent parfois et dont personne ne parle. Par exemple ces membres de la sécurité présidentielle qui se fondent de temps en temps dans la nature, une fois arrivés en Europe...


Les lieux de prédilection



Le chef de l'Etat a ses habitudes. Même pour ses voyages privés à l'étranger, le choix de ses lieux de séjour est très réduit et sélectif. Séminariste de formation, Paul Biya, "l'homme-lion", comme tous les grands fauves de la savane,-aime se reposer loin des regards. Il affectionne les endroits de grande quiétude. Depuis son accession à la magistrature suprême, trois villes européennes sont régulièrement citées pour accueillir l'homme du 06 novembre lors de ses séjours privés en Europe: Baden- Baden (Allemagne), La Baule (France), et enfin Genève (Suisse).

Les Camerounais entendent parler de Baden-Baden pour la première fois en 1985. Paul Biya y aurait séjourné dans une clinique privée suite à un "refroidissement". Mais quelques jours après, on apprendra que cet établissement hospitalier lui appartiendrait. Info ou intox ? Toujours est-il que l'histoire entre Paul Biya et cette petite ville située dans le Land de Bade- Wurtemberg au Sud-ouest de l'Allemagne, ne s'arrête pas là. "Africa Intelligence", journal très introduit dans les arcanes des palais présidentiels africains, indique dans son édition du 26 avril 2006, "Après sa visite officielle au Japon et ses entretiens avec l'empereur Akihito et le premier ministre Junichiro Koizumi, Paul Biya et son épouse sont partis se reposer, comme chaque année, pour plusieurs semaines dans leur villégiature de Baden-Baden." Mais le chef de l'exécutif camerounais n'est pas aussi fréquent à La Baule en France. D'ailleurs, au cours du dîner offert par le maire Yves Métaireau lors de son dernier séjour dans la station balnéaire, Paul Biya indiquait: "C'est la troisième fois que nous venons à La Baule. Nous y sommes très attachés et c'est sûr, nous reviendrons."

Il faut souligner que cette ville nichée au cœur de la Côte d'Azur, devenue un repaire de stars et de paparazzis, est un peu en déphasage avec l'amour pour la discrétion que cultive le président. Ce qui pousserait peut-être le couple présidentiel à séjourner davantage à Genève.

Depuis près d'une vingtaine d'années, l'Hôtel Intercontinental de Genève accueille régulièrement notre président. Les 6e, 10e, 11e et 15e étages lui sont familiers.

Ses séances de vélo sont devenues familières ou presque pour les randonneurs du Lac Leman. Siège de plusieurs institutions internationales, la ville offre un cadre suffisamment propice pour le repos du président de la République. D'ailleurs, il n'est pas le seul à tomber sous le charme de cette cité helvétique. Plusieurs chefs d'Etat et Princes arabes fréquentent l'Hôtel Intercontinental avec assiduité.


Comment se déplace le Président ?



Le chef de l'Etat ni dispose plus d'un avion pour ses déplacements à l'extérieur du pays, depuis près de dix ans. Même si l'"Hirondelle" présidentiel fait encore des sorties sporadiques de temps à autre, sa faible capacité (moins de 20 places) et sa vétusté, ne permettent plus à Paul Biya de l'utiliser pour des voyages importants. Bien plus, il serait quand même humiliant pour le successeur de ? d'atterrir dans un aéroport avec cet aéronef alors que ses voisins Idriss Deby Itno, Ali Ben Bongo, Sassou Nguesso ou Obian Nguéma arrivent en Boeing. Depuis lors le président préfère louer des appareils volants.


Que sont devenues les résidences présidentielles ?



Une certaine opinion estime aujourd'hui que Paul Biya peut bien passer ses vacances au Cameroun. Dans l'une de ses récentes éditions, le quotidien privé Le Jour présentait dix sites touristiques pouvant accueillir le chef de l'Etat. Et à bien y observer, tout problème d'hébergement est à exclure. En effet, plusieurs villes du Cameroun disposent de résidences présidentielles. Les unes aussi resplendissantes que les autres. Malheureusement, celles-ci accueillent rarement ou pratiquement pas des hôtes de marque.

Chaque chef-lieu de région dispose d'une résidence présidentielle, tout à côté de la résidence du gouverneur lorsque ce dernier ne loge pas tout simplement dans la villa du chef de l'Etat. Les services de sécurité y veillent jour et nuit.

C'est avec beaucoup d'émotion que certains nostalgiques observent souvent la résidence de Mbandjock. Situé au bord de la Sanaga le long de la voie ferrée, c'est un pavillon plein d'histoires et de petites anecdotes. Jadis flamboyante, la demeure est envahie aujourd'hui par la broussaille. Mais le gendarme en faction qui garde les lieux semble s'ennuyer. D'où sa mauvaise humeur connue des riverains. Selon la légende, "le lit du Palais de l'unité, la résidence préférée du chef de l'Etat est toujours bien dressé". Il faut reconnaître que la résidence de Mbandjock connaît une décadence assez désolante par rapport aux autres. Tout comme celle d'Edéa, située au quartier Beon sur la route de Kribi. La rouille a envahi toutes les grilles de la maison, les applis tombent les uns après les autres. Les araignées dictent leur loi en tissant d'interminables toiles. Ici, les services de sécurité ne montent même pas la garde.

Tout le contraire de ce qui se passe à 100 kilomètres de là. Le palais de Ngoye plage à Kribi est protégé par les éléments de la Garde présidentielle (Gp). Il fait l'objet d'une attention particulière. Des travaux de réfection y sont effectués régulièrement. L'autre résidence présidentielle de Kribi étant laissée à l'abandon. Situé au rez-de-chaussée de l'immeuble qui héberge le préfet, c'est devenu le refuge des moutons et chiens en divagation, malgré la présence de la base navale située juste en face. En dehors de celui de Garoua, le plus resplendissant de ces châteaux reste celui de Buéa. Au pied du Mont Cameroun, il illumine de toute sa splendeur, l'ancienne capitale. Abandonné pendant longtemps, on badigeonne de temps en temps ses murs avec une peinture blanche. Comme d'ailleurs dans tous les chalets présidentiels.


Intercontinental: le palace préféré du président



Du groupe Intercontinental Hotels Group, entreprise multinationale dont les opérations comportent plusieurs chaînes d'hôtels et l'industrie des boissons non alcoolisées, l'Hôtel Intercontinentale de Genève compte 334 luxueuses chambres et suites réparties sur 18 étages. Implanté au centre du quartier diplomatique, il est à 5 minutes des bureaux de l'ONU, du BIT, de l’OMS et du Lac Leman. A dix minutes de l'aéroport international de Genève, du centre ville, ainsi que des centres de Congrès que sont Palexpo et te CICG, c'est un établissement hospitalier implanté dans un environnement arboré, au milieu des parcs. Ses chambres offrent une vue imprenable sur le Lac Leman, les Alpes et le Jura. Ses 16 salles de conférence rénovées sont équipées de la dernière technologie afin de répondre aux besoins des plus grands dirigeants de ce monde.

Les prix de l'Hôtel Intercontinentale de Genève varient selon le partenaire pour qui on effectue ta réservation. Avec Booking par exemple, le prix de la chambre commence à partir de 205 euros (134 000 FCFA) la nuit, alors que avec Splendida, il faut prévoir à partir de 242 euros (159 000 FCFA) pour une nuitée. Et l'offre des commodités varie aussi comme le prix de location de la chambre. Il faut pour le moins reconnaître que l'Intercontinental compte parmi tes hôtels les plus sélects et les plus chers de Genève. Il se dispute cette place avec Auteuil et Royal Junior suite dont les nuitées oscillent entre 230 et 250 euros (163 000 FCFA). Selon certaines sources, l'Etat camerounais louerait sa suite à l'Intercontinental à 372 millions de FCFA, l'an.



22/04/2010
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