Don à Haïti: La mauvaise foi de Issa Tchiroma Bakary

Don à Haïti: La mauvaise foi de Issa Tchiroma Bakary

Par jean.francois.channon | Mardi 16 mars 2010 | Le Messager

Hier au cours du journal de 17h, sur les antennes du poste national de la Cameroon radio and télévision (CRTV), le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary a rendu public un communiqué de presse portant sur l’article publié par le quotidien Le Messager dans son édition du lundi 15 mars 2010 et qui a d’ailleurs fait la grande Une avec respectivement comme sur titre, « Aide à Haïti » et comme titre « Les promesses non tenues du Cameroun ». Dans sa réaction, Issa Tchiroma Bakary écrit : « L’auteur de cet article aux nombreux relents diffamatoires croit trouver la preuve de ses déclarations dans le fait que le Cameroun ne figure pas dans la liste des pays donateurs du site web du département d’Etat américain. » Et de continuer : « Face à ce qui ressemble à la poursuite d’une agression multiforme contre le chef de l’Etat et le gouvernement de la République, le ministre de la Communication tient à apporter un démenti solennel et sans équivoque : en exécution des instructions données par le président de la République, S.E. Monsieur Paul Biya, le chèque n° 2796 d’un montant de un million (1 000 000) de dollars,a bien été établi le 08 février 2010 par la Mission du Cameroun auprès des Nations Unies à New-York, à la CHASE BANK, au bénéfice de la Banque Centrale d’Haïti. » Poursuivant dans la même lancée, le MINCOM indique que, « Il est important de souligner que le paiement avait été fait directement dans un compte ouvert à la Banque Centrale d’Haïti, donc sans aucun intermédiaire, ce qui explique pourquoi cette information a échappé à l’administration américaine. » Il achève son communiqué de presse par cette invite : « Le ministre de la Communication saisit cette occasion pour appeler, une fois de plus, à plus de professionnalisme de la part des communicateurs. Dans leur mission d’information du public, ils doivent veiller à ne pas devenir, parfois malgré eux, des agents de la manipulation et de la désinformation. Plus qu’auparavant, ils doivent prendre conscience que la noblesse de leur métier impose de grandes exigences de rigueur intellectuelle et d’objectivité. C’est à ce prix seulement que le métier de journaliste et ceux qui l’exercent se feront respecter dans notre pays et au-delà. »

Il apparaît à sa lecture aussi bien dans la forme que dans le fond de ce communiqué une mauvaise foi détestable que la rédaction du quotidien Le Messager ne saurait tolérer. Ignorant les démarches du reporter du Messager pour recouper cette information auprès des sources officielles y compris auprès de lui, Issa Tchiroma Bakary estime que la démarche du reporter du Messager « ressemble à la poursuite d’une agression multiforme contre le chef de l’Etat et le gouvernement de la République… ». C’est d’ailleurs son droit et son devoir de le dire. Cette forme d’intimidation politique grotesque est à la mode ces temps derniers au sein du sérail politique camerounais. Nous prenons en tout cas acte de l’information que le MINCOM donne à travers son communiqué, et selon laquelle « en exécution des instructions données par le Président de la République, S. E. Monsieur Paul Biya, le chèque n° 2796 d’un montant de Un million (1 000 000) de dollar, a bien été établi par la Mission du Cameroun auprès des Nations Unies à New-York, à la CHASE BANK, au bénéfice de la Banque Centrale d’Haïti ». Mais ce qui n’est pas acceptable du tout c’est le fait que le ministre ose faire croire à l’opinion publique que le reporter du Messager, auteur de l’article par lui réprimandé n’a pas fait preuve de professionnalisme dans la collecte, le traitement, et la diffusion de l’information.

Car à supposer que Issa Tchiroma Bakary était vraiment au courant de l’information qu’il a donnée hier dans son communiqué de presse, à savoir qu’un chèque avait effectivement été envoyé par le canal de la Mission du Cameroun aux Nations Unies, pourquoi ne l’avoir pas fait savoir au reporter du Messager qui l’a bien contacté au moment de sa collecte ? Il faut préciser que notre reporter, a, à deux reprises, contacté le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary. La première fois, samedi 13 mars 2010 aux environs de 17 h en présence d’un témoin. Et la seconde fois, dimanche 14 mars 2010 aux environs de 12h. A chaque fois, le ministre a renvoyé le reporter au ministre des Finances, sans pouvoir affirmer que les fonds avaient effectivement été débloqués. Le reporter a également contacté, comme il le dit si bien dans l’article querellé, le directeur adjoint du Cabinet civil de la présidence de la République, Joseph Le. Celui-ci l’a renvoyé au ministre des Relations extérieures pour le cas de l’envoi des fonds, et au délégué général à la Sûreté nationale pour l’envoi des troupes policières.

Joseph Le avait alors promis, face à la difficulté que nous avions à joindre les personnalités sus citées, de le faire à pour Le Messager avant la tombée de la nuit du dimanche 15 mars 2010. Nous pensons qu’il a dû le faire, même s’il n’a pas pu en retour recontacter comme promis, notre rédaction. En fait, on suppose que Joseph Le n’a pas pu avoir l’information exacte lui aussi sur l’effectivité de l’envoi des fonds. Et que ce n’est qu’après la sortie de l’article du Messager, ce lundi 15 mars, que le sérail a dû bouger dans tous les sens, dans la panique de voir le « Grand patron » Paul Biya se mettre en colère face à l’instruction présidentielle qui n’a pas été respectée par ses collaborateurs, comme le confirme une source bien introduite. Pendant qu’on y est, le ministre de la Communication peut-il nous dire pourquoi le Cameroun qui, comme il l’affirme dans son communiqué de presse a bien envoyé son aide à Haïti, n’est pas été invité à la conférence des donateurs qu’organise le département d’Etat américain avec le concours de la France et du Canada, au siège des Nations Unies le 31 mars prochain ? Mais il y a une interrogation plus elancunante encore : comment la Mission du Cameroun aux Nations Unies, qui est basé à New-York, et qui sait bien que les différentes aides sont cordonnées par le Centre d’aide d’urgence de l’organisation, a pu envoyer directement son aide au gouvernement Haïtien sinistrée, alors qu’on sait que dans ce pays meurtri par le séisme rien n’existe plus vraiment ? N’est ce pas une attitude assez louche du gouvernement de la République ? Et enfin comment l’argent a pu être débloqué depuis le 08 février 2010, et qu’à la date du 14 mars 2010, à l’instant où le reporter du Messager les contacte respectivement, le ministre de la Communication et le directeur adjoint du Cabinet civil n’aient pas pu être mis au courant ? Nous faisons économie des erreurs ( ?) glissées dans son communiqué de presse. Car dans l’article il est bien dit qu’il s’agit du site Internet des Nations Unies et non celui du département d’Etat américain. Pour faire plus simple, ce tissu de mauvaise foi du ministre Issa Tchiroma Bakary, est une espèce d’harcèlement du journal Le Messager qui depuis 30 ans est à l’écoute du peuple et affiche son indépendance. Car comment comprendre que le MINCOM ne s’en prenne qu’au journal de Pius N. Njawe alors que d’autres confères de la presse nationale ont publié, ce lundi 15 mars 2010, en grands titres la même information?

 


17/03/2010
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