Disgrâce - Sécurité présidentielle: Les colonels Etoundi Nsoe et Melingui Nouma chassés du palais

Douala, 29 Janvier 2013
© Yves Junior Ngangue | Aurore Plus

Depuis le weekend dernier le chef de bataillon Beko’o Abondo Raymond, succède à l’ancien Commandant de la Garde présidentielle, muté. Et l’ancien Dsp adjoint prend les rênes de la Brigade du quartier général en remplacement du colonel Gabriel Mbida.

Ce qui était depuis quelques temps, une quasi-certitude dans moult salons feutrés de Yaoundé la cité capitale, est devenue réalité, le vendredi 25 janvier 2013, suite à la publication des décrets présidentiels portant désignation de nouveaux hommes au sein du dispositif sécuritaire du Chef de l’Etat. Comme nous l’annoncions déjà dans notre édition N°1470 du 11 janvier 2013, le bref séjour genevois de Paul Biya, lui a permis d’exploiter le volumineux rapport d’enquêtes et de contre-enquêtes que lui ont servi ses experts militaires israéliens et camerounais, peu avant son départ pour la Suisse. Des sources crédibles soutiennent mordicus, que la présence du Général israélien, Mayer Heres au rassemblement spécial du 28 décembre 2011 au camp de la GP d’Obili, n’était qu’un stratagème visant à sonder l’état d’esprit des troupes et, in fine, faciliter le parachèvement de la rédaction du rapport exhaustif sur la situation à la Garde présidentielle, commandé par la plus haute autorité de l’Etat.

C’est la transmission dudit rapport au président de la République, nous dit-on, qui aurait signé l’arrêt de mort de Raymond Thomas Etoundi Nsoe, à la tête de la GP. En effet, argumente un expert des questions de sécurité, le limogeage de l’ex-commandant de la Garde présidentielle (Gp) n’est que la suite logique des évènements. Après les coups de feu tirés par le caporal Abena Mebaklam, sur le cortège présidentiel le 23 décembre dernier au niveau d’Elig-Edzoa, et la publication d’un communiqué de presse incendiaire, l’ex-commandant de la Gp, dont l’un des hommes fut à l’origine de l’impair, n’est plus ni moins dans le jargon militaire que le seul comptable. Au regard des récriminations portées sur l’ancien commandant, que le rapport Mayer Heres présenterait comme un officier timide (ne maîtrisant pas ses troupes), il apparaît de plus en plus que si un soldat de la Gp, n’avait jamais tiré au passage du cortège, le colonel Etoundi Nsoe serait encore en poste.

Encore que, quelques jours après l’incident, des sources testimoniales concordantes s’accordent sur le fait qu’on l’aurait vu sortir du cabinet de Paul Biya muni d’une mallette et arborant un large sourire. Pendant que moult indiscrétions font état du fait que des enquêtes minutieuses sont toujours en cours, en vue de démasquer les auteurs du communiqué de presse sus-évoqué. La nomination de l’ancien officier de sécurité à la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) le colonel, Donatien Melingui Nouma à la tête de la Brigade du quartier général (BQG) serait, nous dit-on, plus une disgrâce, qu’un acte stratégique. Quand on sait que le malaise qui règne depuis quelques temps au cœur de l’appareil sécuritaire de Paul Biya était justement parti d’une brouille entre le Général de Division, Ivo Desancio Yenwo, Directeur de la Sécurité présidentielle (Dsp) et son adjoint, le colonel Melingui (qu’on présente dans des salons feutrés comme un proche de la première dame).

Un décryptage des Décrets présidentiels de vendredi dernier, laisse clairement entrevoir que le nouveau Général de Brigade, Emmanuel Amougou promu et confirmé au poste de Chef d’Etat-Major particulier du président de la République; et l’incontournable Général de Division, Ivo Desancio Yenwo sont les véritables bénéficiaires des décrets présidentiels de vendredi dernier. Dans certains cercles fermés, il se chuchote même que c’est à la demande du Directeur de la Sécurité présidentielle, en personne, que le colonel Melingui Nouma qu’on accusait ouvertement de fomenter des coups fourrés contre son chef, aurait été limogé. Ne dit-on pas aussi, que c’est le même, qui aurait plaidé en faveur de l’accession au grade de Général du colonel Emmanuel Amougou avec lequel il aurait des rapports plus sereins?


Ivo Desancio: Un Officier d’exception au service de la République

Très peu d’informations circulent sur le Général Ivo Desancio Yenwo que l’on présente dans cercles et salons feutrés, comme un homme discret et excessivement craint. Natif de Nkar, dans le département du Bui, région du Nord-Ouest (contrée située à quelques kilomètres de la ville de Jakiri), le Général Ivo a vu le jour, le 23 juillet 1944. Diplômé de l’école militaire interarmes de Yaoundé (Emia) et de plusieurs autres académies (militaires) de renom. C’est alors qu’il est encore officier subalterne (capitaine) qu’il fut appelé par l’ex président de la République Ahmadou Ahidjo, à l’ancienne garde républicaine où il aurait fait ses premières armes et servi avec patriotisme et loyauté. Un temps, garde-du-corps de l’ancien chef de l’Etat. C’est le même, qui jouera un rôle déterminant lors de la tentative de coup d’Etat, contre Paul Biya le 06 Avril 1984…. En effet, c’est Ivo Desancio à la tête d’un groupe de jeunes d’officiers qui avait conduit l’actuel chef de l’Etat jusqu’au bunker et assuré sa sécurité tout au long de ces évènements dramatiques. Par sa parfaite connaissance du palais, des résidences présidentielles et des soldats mutinés de l’ancienne garde républicaine (ses anciens frères d’armes), l’actuel Dsp serait, nous dit-on, de ceux qui avaient œuvré en faveur de l’échec du putsch d’Avril 1984. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au lendemain du coup d’Etat avorté, l’officier supérieur qui ne quittera plus jamais le palais d’Etoudi, gravira tambour battant tous les échelons de la hiérarchie militaire jusqu’au grade de colonel. Nommé, commandant du secteur militaire du Sud à Ebolowa, nomination que beaucoup jugeront comme une déchéance, Ivo Desancio Yenwo est rappelé au palais quelques mois plus tard par Paul Biya; porté à la tête de la direction de la sécurité présidentielle et promu au grade de général de brigade.


29/01/2013
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