Discours du chef de l'Etat: le paradoxe de la sous-consommation des Crédits

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Discours du chef de l'Etat: le paradoxe de la sous-consommation des Crédits
(Cameroon-Tribune 04/01/2011)


Une situation tout à fait paradoxale pour un pays qui recherche avant tout le développement de sa population dont les besoins immédiats, à court et à long termes, sont connus et les crédits afférents disponibles mais consommés avec une extrême frilosité. Ce n’est plus qu’un secret de Polichinelle : le Cameroun miné par un mal qui a infecté les mentalités dans la haute administration et qui a pour nom la sous-consommation des crédits.

Cela n’a rien à voir avec une quelconque avarice, non plus avec la prudence qui anime le gestionnaire consciencieux dont le souci primordial est d’injecter rationnellement les ressources financières mises à sa disposition pour réaliser de manière optimale un projet donné. C’est bien plus profond. Il s’agit ni plus ni moins de la mise à mort voulue de nombreux projets de développement du fait de l’apathie et de l’appétit de certains responsables qui rechignent à faire débloquer les crédits nécessaires à leur réalisation parce qu’il n’y trouvent pas leur intérêt immédiat en nature ou en espèces sonnantes et trébuchantes. Une situation tout à fait paradoxale pour un pays qui recherche avant tout le développement de sa population dont les besoins immédiats, à court et à long termes, sont connus et les crédits afférents disponibles mais consommés avec une extrême frilosité.

Autour de nous, les exemples de cette pratique récurrente ne manquent pas. Interrogez le Camerounais lambda à ce sujet, chacun a sa petite histoire à raconter. Toutes ont un dénominateur commun : l’égoïsme et le cynisme dont font preuve les gestionnaires incriminés. Prenons ce monsieur en charge du dossier de l’électrification villageoise dans une localité quelconque, fût-elle la sienne, c’est avant tout pour lui une occasion idoine de « manger », selon le jargon local. Et il va pour se faire monnayer sans vergogne son adhésion au projet et souvent au prix fort (un duplex clés en mains, un véhicule tout terrain, etc.…). Ce n’est qu’un exemple de projet, il y en a tant d’autres. Ce qui est réel, c’est que tous peuvent faire l’objet d’un chantage financier, peu importe le volume de l’enveloppe qui est allouée au projet, il faut toujours prévoir « la part » des chefs qui ont la signature. Le drame de cette pratique est que personne ne se soucie de l’intérêt général qu’on balaie souvent très vite d’un revers de la main ou d’un haussement d’épaules. Un égoïsme inqualifiable, qui hélas semble faire tranquillement son lit dans nos mœurs, en ville comme en campagne, dans tous les secteurs de la vie socio-économique. Comme une tumeur maligne, le phénomène gangrène notre société, pervertit les comportements individuels et collectifs et plombe durablement le développement du pays. Car à quoi sert l’argent public ou celui contracté auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux si ce n’est pour financer des projets bien ficelés de nature à promouvoir avant tout le quotidien des populations premières destinataires de l’aide au développement.

Que le chef de l’Etat en personne y revienne pour une énième fois dans son récent discours de nouvel an à ses compatriotes en le décrivant comme un phénomène « incompréhensible » traduit en fait l’ampleur du mal et toute la gravité de cette pratique égocentrique et antipatriotique. Point n’est besoin d’être dans le secret des dieux pour lire dans ce rappel el une véritable mise en demeure du chef de l’Etat qui entend, plus que jamais, mettre en œuvre sa politique des « Grandes Ambitions », conçue pour permettre au Cameroun de faire le saut qualitatif de la modernité.

Au moment où notre pays s’est résolument engagé dans la voie de l’émergence, avec des atouts indiscutables (humains et naturels) qui sont les nôtres, il ne faut pas faire l’économie du patriotisme pour consommer les crédits disponibles à un rythme soutenu pour faire avancer le Cameroun, avec la détermination du président Paul Biya, vers les rivages ensoleillés du Renouveau national.

WAFFO MONGO

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04/01/2011
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