Discours d'investiture de Paul Biya : "Je Parle, donc je dois mourir au pouvoir en vous trompant"

Discours d'investiture de Paul Biya : "Je Parle, donc je dois mourir au pouvoir en vous trompant"

Raoul Pokam:Camer.beA en juger le contenu de l'adresse de Paul Biya à la nation dans son discours d'hier relatif à son investiture, tout Camerounais  soucieux de son avenir ne peut que conclure à son caractère finalement banal.Le monarque a une fois de plus plagié son propre discours d'investiture de 2004. Les mêmes phrases, les mêmes promesses..."L’Assemblée Nationale sera bientôt épaulée par le Sénat. Le pouvoir législatif sera alors exercé par un Parlement complet où les collectivités territoriales décentralisées seront, elles aussi, représentées. Par ailleurs, le processus de décentralisation, qui se poursuit de façon satisfaisante, sera mené à son terme avec un transfert complet des compétences et la mise en place des conseils régionaux prévus par notre Loi Fondamentale. Nous disposerons en conséquence d’une architecture assurant aux citoyens une meilleure participation à la vie publique, avec un bon équilibre entre l’Etat et les collectivités décentralisées. Il nous faudra également installer le Conseil Constitutionnel qui est un organe essentiel pour le fonctionnement de nos institutions." Une redite de 2004

Quel feuilleton autour du discours présidentiel du 03 novembre 2011? Il faut remonter le temps pour surprendre Paul Biya dans une semblable posture s'agissant de sa démarche communicationnelle.

La montagne a accouché d'une souris. Alors que le discours du président camerounais était des plus attendus à l'époque du premier président du Cameroun,Ahmadou Ahidjo, Biya n'a finalement fait qu'un remake. Surtout, il n'a apporté aucune solution de sortie de crise sociale qui ronge le Cameroun qu'il a appauvri depuis 30 ans de pouvoir sans partage.

Que cache et que révèle cette relative inflation discursive (s'agissant d'un chef d'Etat connu pour son sens plus que mesuré du show médiatique) ?

Ni le ton du discours, ni le message en lui-même ne sont guère apparus comme s'inscrivant dans une conjoncture de gravité telle que celle-ci ait pu conférer un caractère urgent et nécessaire à l'intervention présidentielle. Rien de bien révolutionnaire en effet, que le satisfecit pour les élections et les résultats en faveur du Rdpc, les assurances données aux alliés agités et inquiets, l'antienne sur les défis de croissance et de lutte contre la pauvreté... Mais, il peut se faire que cette banalité ne soit qu'apparente, au regard de l'ultime message que l'on peut décoder de la récente sortie présidentielle.

Tous les ans, les réactions sont les mêmes : une partie de la population applaudit les mesures, et ne manque de louer la grande générosité du chef de l'État et son implication dans le développement économique et social de la jeunesse. Une autre partie, plus grande, considère que ce n’est que de la démagogie, de la poudre qu’il jette de façon systématique et appliquée depuis des décennies, aux yeux de sa jeunesse désabusée, la plupart des progrès cités dans ses discours, n’ayant de réalité que sur le papier…

Si un fléau mérite d’être cité, dans la liste de maux qui accablent la jeunesse camerounaise, c’est bien le chômage. Si les sources officielles parlent d’un taux de 40 à 60%, en élargissant la population concernée aux employés occasionnels et à la population dont les revenus sont inférieurs au SMIG camerounais qui s’élève à 28.000 francs CFA, le chiffre peut facilement être doublé, voire triplé. Il devient donc naturel que le discours du chef de l'État montre sa faiblesse à trouver une solution à ce problème. Quelle est la stratégie mise en place par l'État pour combattre le chômage chez les jeunes ? Rien.

De toutes les façons, Paul Biya a voulu se présenter à travers son discours caduque,en unique capitaine d'un bateau sur lequel viennent échouer des vagues de plus en plus repérables d'appétits confus. Secret de Polichinelle : le régime est traversé par des ambitions politiques les plus diverses et les plus contradictoires animées d'un côté par une armée d'impatients dont l'horizon de projection se situe autour de leur survie et de l'autre par des groupes de "résistants" qui en appellent ouvertement à la prolongation de l'espérance de vie politique de l'actuel chef de l'Etat. Au milieu des scénarii bigarrés, Paul Biya n'a-t-il pas décidé d'envoyer un message à ceux qui souhaitent sa mort?

Biya a dit dans son discours que l'heure est à l'action. Alors, aux Camerounais décidés d'en découcre avec lui, passons à l'action

© Correspondance : Raoul Pokam


04/11/2011
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