Didier Drogba signe pour Shanghai Shenhua et devient le joueur le mieux payé au monde

Didier Drogba deviendra-t-il le footballeur le mieux payé au monde? La star de la CAN fait l’objet d’un culte sonnant qui ne trébuche pas.

 Didier Drogba aurait signé un contrat avec le club chinois de Shanghai Shenhua. Son ancien coéquipier, le Français Nicolas Anelka y évolue déjà en tant que «joueur-entraîneur». Si ce transfers est confirmé, ce serait une nouvelle grosse prise pour le club chinois, qui n'hésite pas à attirer les stars en leur offrant des revenus mirobolants. Le salaire d'ailleurs annoncé pour Didier Drogba serait le même que celui de Nicolas Anelka, soit 220.000 euros par semaine.
 
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Depuis le Ballon d’or de George Weah, en 1995, les footballeurs africains peinent à remporter les trophées individuels les plus prestigieux au monde. Mais ils savent négocier les plus gros salaires. Le transfert de Samuel Eto'o au club russe d’Anji Makhatchkala a fait du Camerounais le joueur le mieux payé de l'histoire du football. Il encaisse 20,5 millions d'euros par an, soit 13 milliards de francs CFA.
 
Dans cette bulle des sportifs richissimes, il pourrait être rejoint, sinon détrôné, par l’Ivoirien Didier Drogba à qui l’Extrême-Orient fait de doux yeux bridés. Les Chinois lui tendent des bras remplis de yuans.
 
La mondialisation du football
 
La mode est à la délocalisation en Chine. Et pas seulement du côté des fabricants de chaussures à crampons; du côté de ceux qui les chaussent. Comme son ancien coéquipier de Chelsea, Nicolas Anelka, Didier Yves Drogba Tébily pourrait donc se délocaliser, l’été prochain, au club de Shangaï Shenua et rejoindre ainsi l’entraîneur Jean Tigana.
 
L’ancien attaquant de l’Olympique de Marseille s’est vu proposer un salaire hebdomadaire de 320.000 euros. Certaines voix bien informées, calculette à la main, affirment qu’il pourrait, au final des négociations et de l’addition des primes diverses, devenir le footballeur le mieux payé de la planète.
 
Si Drogba acceptait cette proposition chinoise plutôt que celle du club américain de Chicago Fire, il pourrait doubler son salaire actuel à Chelsea. Par an, il pourrait donc s’offrir 160 Porsche cabriolet ou 2.000 Lada Kalina. S’il n’était pas intéressé par l’automobile, il pourrait acquérir 14.000 écrans plasma allemands (que d’ailleurs il ne paie pas, puisqu’il en fait la publicité à la télévision). Il pourrait acheter 72 tonnes de foie gras de canard (aux notes végétales et sa gelée de sapin) dans le magasin de luxe Fauchon.
 
Il pourrait stocker 2.850 tonnes de pâté de foie pur porc achetés dans un hypermarché de province française. Il pourrait s’offrir une cinquantaine de duplex à Abidjan. Il pourrait supporter 92% du budget du ministère ivoirien des Sports et Loisirs. Il pourrait faire 15.000 câlins tarifés à Zahia Dehar, à supposer que celle-ci revienne à son métier d’origine…
 
Une semi-retraite dorée
 
Le deal entre Didier Drogba et le Shangaï Shenua a le mérite de la clarté managériale. À l’âge de 34 ans, et donc à l’heure se profile la retraite, l’un cherche la sécurisation financière. L’autre recrute des stars pour exister médiatiquement et s’installer durablement parmi les équipes les plus en vue, en dépit d’un championnat chinois de niveau plutôt moyen.
 
L’attaquant vedette des Eléphants de Côte d’Ivoire aurait souhaité terminer sa carrière à Chelsea qu’il a rejoint en 2004, après avoir porté les couleurs du Mans, de Guingamp et de l’Olympique de Marseille. Mais son club actuel ne lui propose qu’une prolongation d’un an, alors que Shangaï met sur la table un contrat de trois ans, de quoi mettre l’Ivoirien financièrement à l’abri.
 
Après l’enrôlement de Didier Drogba, le club de Shanghaï pourrait augmenter encore sa visibilité avec le recrutement de l’international suisse Innocent Emeghara, de l’Argentin Andres D’Alessandro ou de l’Espagnol Jose Maria Gutierrez Hernandez dit "Guti". Les mercatos ont de plus en plus l’air de castings hollywoodiens. Logique: sur les pelouses, à l’occasion de vraies-fausses blessures, les joueurs ont démontré qu’ils étaient de grands comédiens.
 
Les finances en jeu donnent le tournis, en particulier en Côte d’Ivoire le Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) représente 1/25.000e du prochain salaire présumé du capitaine des Eléphants. Mais pourquoi le «maquisard» abidjanais bouderait-il son plaisir de voir un compatriote gagner des sommes mirobolantes quand celles-ci, pour une fois, ne sont pas détournées du budget national? Qui nierait, par ailleurs, que Didier Drogba est plus qu’un joueur de football?
 
Il est incontestablement l’animateur de la Coupe d’Afrique des Nations 2012, une sorte de «DJ» Drogba qui impose le rythme. Il est celui qui porte l’équipe orange. Celui qui l’incarne jusqu’à l’idôlatrie. Comme celle du Messie, la mère de la star, Clotilde Drogba, est elle-même médiatisée à l’occasion de cette CAN, enrôlée comme cuisinière pour les fans des Eléphants.
 
Intimidant sur le terrain, l’attaquant de Chelsea devient presque un gri-gri. Il est une sorte de super héros à qui ses adversaires seraient tentés de résumer l’équipe ivoirienne. Peut-être agacé, le sélectionneur de l’équipe malienne, Alain Giresse, ne s’est-il pas senti obligé de préciser, avant le match Mali-Côte d’Ivoire, qu’il avait mis au point un «plan anti-Côte d’Ivoire» et non un plan «anti-Drogba»?
 
Une reconversion dans la politique?
 
Drogba est un vendeur de rêves sur un continent le football reste le sport roi, parfois en contradiction avec les résultats de telle ou telle nation. Rassembleur, et déjà ambassadeur de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour le développement, le capitaine ivoirien est un catalyseur d’unité nationale dans une Côte d’Ivoire qui se déchira il y a si peu de temps.
 
Tout en sachant que le joueur serait peu disponible, le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation, Charles Konan Banny, n’a pas hésité, en 2011, à proposer sa nomination au poste de vice-président de ladite commission. Qu’importe s’il siège «pour de vrai», pourvu que son nom, déjà associé à des messages de paix, galvanise les esprits. En 2010, le Time ne s’y trompait pas: il classait Drogba parmi les cent personnalités les plus influentes au monde.
 
Manifestement moins sujet au «faro» (la frime en nouchi, l’argot d’Abidjan) que d’autres stars africaines du ballon rond, Drogba laisse le mythe se construire autour de lui. Statufié de son vivant, icône récupérée par les publicitaires de Kinder, Nike ou Samsung, il a su glisser, pour l’instant, entre les doigts de toutes les chapelles politiques.
 
Peut-être le futur retraité du football sera-t-il un jour tenté par une aventure électorale personnelle. Même avec un succès mitigé, George Weah a montré la voie au Liberia. Dans une perspective de cette nature, le nouveau salaire chinois de Drogba serait un atout, sur un continent il est communément admis que la fortune ouvre les portes de la carrière politique qui, elle-même, ouvre les portes d’une fortune d’une autre dimension.
 
Jusqu’à maintenant, en entendant «Demi-dieu», tous les Ivoiriens pensaient au comédien Sékou Bamba. Didier Drogba pourrait légitimement revendiquer ce surnom.
 © SlateAfrique



02/06/2012
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