Deux véhicules de services à 200 millions de Fcfa

Cameroun : Deux véhicules de services à 200 millions de FcfaIl s’agit des appels d’offres du Conseil économique et social, et du Centre pour la chirurgie endoscopique passés à Cami Toyota et à Tractafric.

Les faits sont quasiment passés inaperçus dans les éditions de Cameroon Tribune de lundi, 14 et de mardi, 15 janvier 2013. Dans les annonces de la page 24 (de l’édition N°10 259/6460 du lundi), et du ministère des Marchés publics qui dépend de la présidence de la République, pour l’appel d’offres relatif à la «fourniture d’un véhicule au Centre hospitalier de la recherche et d’application en chirurgie endoscopique et de reproduction humaine (Chracerh)», il est clairement indiqué que le marché bénéficie à Cami Toyota à Yaoundé pour un montant de 89,5 millions de Fcfa. Le fournisseur a 10 jours pour s’exécuter. Or, à la lecture plus attentive du document, l’annonce du ministre Abba Sadou des Marchés publics date du 28 décembre. Ceci veut dire que l’engin roulant commandé pourrait bien avoir été livré à ce Centre que dirige le Pr Jean-Marie Kasia.

Dans l’édition suivante (N°10 260/6461 du mardi), le président du Conseil économique et social (Ces), Luc Ayang, annonce dans un communiqué que l’entreprise Tractafric Motors à Yaoundé «a été retenue pour la fourniture d’un véhicule de service au Conseil économique et social, objet de l’appel d’offres national ouvert susmentionné d’un montant Ttc (toutes taxes confondues) de Fcfa quatre-vingt-dix-neuf millions huit cent cinquante mille (99 850 000), d’un délai de livraison de six (06) mois». Le président du Ces invite par conséquent, cette entreprise à se présenter au Secrétariat général du Conseil économique et social, pour la finalisation dudit marché.

«Ces deux cas, comme nombre d’autres passés rapidement sous silence, illustrent à suffisance, la prédation érigée en modèle de gouvernance et de gestion dans un Cameroun où les populations de Yaoundé sa capitale meurent de soif. Où les populations des régions du Nord, de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest, du Littoral, du Centre, du Sud-Ouest, de l’Ouest et du Sud, se battent les mains vides contre le choléra depuis des années», s’est indigné un agent de l’Etat, intrigué de savoir les caractéristiques de ces véhicules qui coûtent chacun, quasiment 100 millions de Fcfa. Dans les deux entreprises en charge de la fourniture des deux automobiles, on n’a pas souhaité apporter de réponse à cette préoccupation partagée par le reporter de Mutations.

Brocantes

Toujours est-il que comme l’agent de l’Etat cité plus haut, Etienne Obame, un cadre d’une entreprise privée de la place, estime qu’il «ne s’agit là, ni plus ni moins que des dépenses de luxe. Des opérations qui ne doivent pas se faire sur le dos du contribuable. Surtout que le chef de l’Etat a plus d’une fois prôné la réduction du train de vie de l’Etat. Et que chacun des Premiers ministres successifs a pris un arrêté fixant la règlementation sur les droits, calibres et capacités des véhicules de fonction. Autre chose, les deux structures bénéficiaires de ces acquisitions sont loin d’être une priorité tant le pays fait face aux nombreux problèmes sociaux et économiques». A ce propos justement, les Camerounais se demandent de manière quasi quotidienne à quoi sert le Ces. Cet organisme considéré comme l’une des brocantes de la République.

Ce qui n’est pas probablement le cas du Centre hospitalier de la recherche et d’application en chirurgie endoscopique et de reproduction humaine. Cet établissement public administratif de type particulier est doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Placé sous la tutelle technique du ministre de la Santé publique et sous la tutelle financière du ministère des Finances, le Chracerh est une structure publique de recherche et de soins à vocation nationale et internationale. A ce titre, il est notamment chargé de mener des activités de recherche en endoscopie et en reproduction humaine et de dispenser les soins de santé de haut niveau dans les domaines suivants: chirurgie endoscopique (coelioscopie et hystéroscopie opératoire). Mais aussi de la reproduction humaine, notamment assistance médicale à la procréation Fiv (Fecondation In Vitro), Icsi (Injection intra Cytoplasme du spermatozoïde) et toute autre technique équivalente. La sénologie plastique et reconstructive, le diagnostic anténatal et la prise en charge des grossesses à très haut risque, font partie de ses missions dont on attend des résultats probants.

© Mutations : Léger Ntiga


17/01/2013
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