Détournement des fonds publics: Ces éperviables d'un autre genre

YAOUNDE - 03 SEPT. 2012
© Boris Armelle Mbock | La Nouvelle

Ils ne sont pas encore au gnouf, mais la preuve de leur culpabilité a suffisamment été fournie. Leurs avoirs en disent long.

On ne le dira jamais assez, l'opération Epervier, bien qu'elle sème la terreur dans tous les sens possibles, est au-delà de tout, judicieuse et salutaire pour le Cameroun qui a plus que jamais besoin de faire sa mue socio-économico-politique. Mais ce qui est beaucoup plus édifiant dans ce nettoyage sans précédent de l'appareil étatique, c'est l'Information apportée au peuple sur la gestion de l'argent du contribuable par des hautes personnalités qui ont décidé d'en faire leur propre grenier. Parmi les personnalités mises en cause, il en existe curieusement qui se trouvent de nos jours hors d'atteinte des serres du rapace, soit parce qu'ils se battent encore pour démontrer qu'ils ont les mains propres, soit parce que l'heure de leur interpellation n'a pas encore sonné ou simplement parce qu'ils ont mis les jambes à leur cou à l'approche de l'Epervier.

En tête de liste de ces hommes de haut rang, se trouvent le Pr. Gervais Mendo Ze, ex Dg de la Crtv et non moins ex ministre délégué auprès du ministre de la Communication, celui-là même dont la gestion financière de la télévision nationale s'est révélée une véritable catastrophe naturelle. Ses protégés Nadine Patricia Mengue, Patricia Enam Daisy et autres, selon les rapports du Contrôle supérieur de l'Etat, se sont servis dans l'assiette de la Crtv avant de prendre la clé des champs. Rattrapé, le Professeur auteur compositeur des chansons flagorneuses, aurait, selon une source digne de foi, avoué le forfait et promis de rendre gorge. En attendant, sa célèbre chorale, la Voix du Cénacle, n'est plus que l'ombre d'elle-même, avec l'arrêt de financement des répétitions à des centaines de milliers de francs FCFA des voyages de hautes factures, l'achat du matériel de musique dernier cri au grand dam de la valorisation de l'orchestre de la télévision nationale, mais surtout avec le départ du chanteur principal François Nnang pour les Usa. Plusieurs commentateurs disent que la mauvaise presse dont Gervais Mendo Ze fait l'objet, a diminué considérablement ses marchés d'animation chez des personnes de la jet set gouvernante. Sa résidence à Nkôl Eton en face de l'Eglise Saint Vincent Palloti, n'est plus le lieu de pèlerinage qui recevait tous les matins de nombreux chercheurs de gombo. La vie s'est arrêtée ici, on a même l'impression que personne n'y habite plus depuis que des rumeurs ont circulé faisant état de la fuite de son épouse.

Le 2ème homme dans liste des éperviables n'est autre que le complice du professeur Gervais Mendo Ze, Jean Marie Akono Ze alias Sa Majesté. Cet ancien gestionnaire de la redevance audiovisuelle de la Crtv a défrayé la chronique avec la tentative d'évasion du Cameroun, muni de plusieurs liasses de billets de banque, à la manière d'un western dans le Far West. Rattrapé du côté de la frontière Cameroun-Gabon et ramené manu militari à Yaoundé, l'homme s'est lancé dans une défense des plus insolites qui n'a convaincu malheureusement personne. Il attend toujours son sort, mais son statut de membre du Comité central du Rdpc s'est envolé, son passeport a été confisqué. Du coup, Oman, village qu'il a rendu célèbre par l'organisation des matchs de foot de haut niveau, a pris un coup sur son rayonnement d'antan. Des plantations non entretenues, des étangs de poissons négligés, la broussaille règne en maitresse alors que l'homme est encore libre de ses mouvements. C'est certainement une preuve que l'argent qui finançait ces projets, venait de la caisse qui était mise à sa disposition et non de sa propre poche.

Le 3ème éperviable, s'appelle Eugène Akame Mfoumou, fils de l'ancien Minefi, Edouard Akame Mfoumou. Homme d'affaires, responsable de la société Mds-Ntin, s'est vu confier le marché de l'arrimage sur satellite de la Crtv dans la perspective du sommet France-Afrique de 2000 que notre pays a accueilli à l'époque. Ce projet de plusieurs milliards de FCFA, piloté parle Pr. Jacques Fame Ndongo, à l'époque ministre de la Communication, a été accordé au fils Akame Mfoumou dans une procédure de gré à gré. Mais a cause de l'absence de professionnalisme de cette société, et de la boulimie financière de son Dg, l'honorabilité du Pr. Jacques Fame Ndongo sera traînée dans la boue, jusqu'au moment où il a apporté une mise au point qui somme toute met en cause Mds-Ntin qui n'est pas à son premier forfait dans le détournement des fonds alloués aux marchés publics. On se souvient que le même homme d'affaires a gagné à l'époque, le marché de la sécurisation du bâtiment baptisé "Immeuble de la mort" au centre de la ville de Yaoundé. Un marché de près de 2 milliards de FCFA, qui consistait en la construction d'une clôture d'enceinte et de l'aménagement de certains bureaux au premier étage. Encore une fois, l’homme s'est bien moqué du contribuable camerounais en laissant un tableau insolite à forte odeur de détournement. C'est peut-être pour voler à son secours que l'actuel Dg de la CNPS a décidé de reprendre la réfection de l'immeuble pour le compte de sa structure.


Les hommes paniquent...

Ce n'est pas le refrain de la chanteuse Majoie Ayi, mais la fuite de certains éperviables qui ont flairé un temps soit peu l'arrivée de l'Epervier. La tête de série de ces hommes s'appellent Jean Marie Assene Nkou, ancien député de la Mefou et Afamba, délégué régional à la Chambre de commerce pour le Centre, non moins propriétaire de la moribonde compagnie aérienne, la National Airways. Il est un des acteurs principaux du film de l'acquisition de l'avion présidentiel (Bb jet 2), en ceci que c'est lui qui est l'homme ressource de Yves Michel Fotso, pour l'indication de la fabrique des avions aux Usa et en Afrique du Sud. Ses retro commissions, avons-nous déjà dit, sont évaluées un peu plus de 500 millions de FCFA. Interpellé à plusieurs reprises dans le cadre de cette affaire, il s'est défendu en disant qu'il était qu'un indicateur et que si tout a foiré après, il n'en est plus responsable. Sauf que lorsque les choses se sont accélérées, la panique a gagné l'homme. Des proches racontent qu'il s'est d'abord débarrassé de la somptueuse maison que Yves Michel lui a cédée à Tongolo, histoire de ne même plus avoir un seul lien avec le fils du milliardaire. Il s'est installé du côté de Ngousso dans un duplex plus modeste, et c'est sur ces entrefaites que la justice met le grappin sur Marafa Hamidou Yaya et Ephraïm lnoni. Le juge d'instruction Pascal Magnaguemabé l'a attendu par 2 fois sans suite, avant qu'un mandat d'arrêt qui court jusqu'à présent ne soit lancé contre lui. Une source digne de foi indique que c'est sa femme qui aurait joué toute sa carte de fuite, tant il est vrai qu'elle lui aurait conseillé de rester en Europe, au vu du climat d'arrestations tous azimuts qui règne au Cameroun. Elle aurait alors commencé à vendre certaines voitures de luxes que l'honorable affectionnait, pour lui envoyer de quoi subsister dans une Europe de plus en plus rude. Jusqu'où pourra-t-il aller? On ne perd rien à attendre. Au village, Meven par Nkôl Affamba, la plantation de Maïs à l'échelle industrielle a pris un coup de massue et personne ne sen occupe plus. Sa grande sono a également été mise en berne, peut-être pour ne pas attirer l'attention de l'opinion sur ses avoirs.

A côté de l'honorable Assene Nkou, un autre honorable de la Mefou Afamba (décidément !), a paniqué et a pris la poudre d'escampette. Il s'agit de Dieudonné Ambassa Zang alias DAZ. Ses camarades du parti n'ont pas pu le sauver de la colère de Paul Biya qui était déterminé à voir clair dans son dossier. Une fois son immunité parlementaire levée, l'homme ne s'est plus pose trop de questions. Il a tout, mais alors tout, abandonné. La maison qu'il louait du côté du quartier Obobogo, sa somptueuse villa de Mfou, ses grandes plantations de manioc, tout ce qui appartenait à l'homme n'appartient plus à personne. Une preuve que l'Epervier est redouté à plus d'un titre. C'est dans un média à l'étranger que Daz a posé la question, apeuré, de savoir pourquoi on le poursuit, alors qu'aucun mandat d'arrêt n'avait encore été tancé contre lui. Sa fuite ressemble à celle de l'ancien maire de Yaoundé 6ème, Robert Atangana, aujourd’hui au Canada, gui a quitté les choses avant l'arrivée de la machine à broyer les prévaricateurs. Sa scierie à la sortie de Yaoundé, près de Mbalgong, a été rapidement revendue pour renflouer les caisses d'un homme en cavale.

En définitive, les biens acquis par ces hommes à qui l'Etat a fait confiance, ne leur en profitent plus. La liberté qui est l'élément le plus précieux de l'Homme est compromise à jamais, quelque soit le régime qui remplace l'actuel. Car, c'est bel et bien du peuple camerounais qu'on se moque lorsqu’on s’engage à voler ce qui est destiné à son épanouissemnt.



03/09/2012
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