Détournement de fonds à la fonction publique : Le Tcs donne raison à Benjamin Amama

Cameroun - Détournement de fonds à la fonction publique : Le Tcs donne raison à Benjamin AmamaYves Casimir Owona, chef la cellule Sigipes, le 2ème témoin de cette affaire déclenchée en 2007 par Benjamin Amama alors ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), a été auditionné la semaine dernière au Tribunal criminel spécial (Tcs). Evocation.

L’audience publique du Tcs du 20 février dernier a été particulièrement courue par les observateurs qui suivent depuis des années, l’affaire des détournements de fonds publics du temps du ministre Benjamin Amama. En effet pour ces observateurs, les procédures déclenchées par l’ancien membre du gouvernement avaient tout simplement été gelées par certains réseaux. Alors que tel n’était pas le cas. L’affaire soulevée à l’audience de la semaine dernière avait trait à un marché d’installation d’équipements informatiques destinés au fonctionnement du Système informatique de gestion du personnel de l’Etat et de la solde (Sigipes) dans les ministères des Finances, de la Santé publique et de l’Education de base. Pour le responsable de la cellule Sigipes au ministère de l’Education de base, il n’avait pas pris part à la cérémonie de réception de ce marché, parce que ignoré lors des opérations de lancement de l’appel d’offre. On se rend aujourd’hui compte que 6 ans après, la justice camerounaise tient à ce que les responsables de détournements des fonds publics au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative rendent gorge.

Pour la petite histoire, promu au Minfopra et surtout motivé par les instructions du chef de la Etat qui s’attend à l’assainissement et à la modernisation de la fonction publique camerounaise, Benjamin Amama va tout mettre en oeuvre pour faire la volonté présidentielle. Coup de pied dans la fourmilière. Au mois de mars 2005, le ministre de la Fonction publique prescrit à l’inspection générale de son département ministériel une mission de contrôle sur la gestion des fonds Ppte de l’exercice 2004 d’une valeur de 250 millions de Fcfa et de 150 millions au titre de l’exercice 2001-2002, soit un total de 400 millions de Fcfa. Ces fonds étaient destinés à la réalisation du projet dénommé Système intégré de gestion informatique des personnels de l’Etat et de la solde (Sigipes). Après le passage d’une mission de contrôle, Okie Johnson, à l’époque Dag du Minfopra ne parvient pas à justifier la destination prise par la somme de 193 053 809 Fcfa. A la suite d’un rapport circonstancié, le ministre de la Fonction publique va saisir le procureur de la République par une plainte en date du 31 mai 2005.

Blocages

Curieusement, rien ne va bouger du côté de la justice. Pire, Okie Johnson va se retrouver au quartier, narguant au passage le ministre. Une situation véhémente dénoncée à l’époque par Me Philippe Memong, avocat commis par le Minfopra qui, par une correspondance du 30 août 2005, va déplorer le fait qu’aucune information n’ait été ouverte au niveau du parquet concernant ces 2 affaires. Il suggérait même en substance au Minfopra : « Afin de redonner un nouvel élan à ces procédures dont les lenteurs observées ne relèvent pas de l’ordinaire, nous vous suggérons d’adresser spécialement au procureur de la République près le Tribunal de grande instance du Mfoundi, une correspondance pour vous enquérir de la suite réservée à vos plaintes jusqu’à ce jour.

Seule, l’ouverture d’une information judiciaire pourra nous permettre de nous mouvoir sérieusement dans ces procédures. » Alors question : qui protégeait Okie Johnson et consorts ? Pour tenter de répondre à cette question, nos sources n’avaient pas manqué de pointer un doigt accusateur sur le Premier ministre de l’époque, Thomas Ephraïm Inoni. Des informations recueillies à très bonnes sources, indiquaient que la jeune soeur de Okie Johnson était à l’époque la secrétaire du Pm au point où sa proximité avec le locataire de l’immeuble Etoile ne permettait pas du tout une évolution de la procédure en justice.

Toujours dans le cadre des contrôles internes initiés par Benjamin Amama au Minfopra dans le cadre du dossier Sigipes, un rapport d’une autre mission de contrôle va épingler Léon Bertrand

Ngouo, alors secrétaire permanent à la Reforme administrative et Jean Yves Djamen, conseiller technique N° 1 au Minfopra. Les 2 concernés avaient signé des procès-verbaux de réception des services faits dans certains marchés publics relatifs au projet Sigipes, nonobstant le fait que les prestations prévues par les clauses desdits marchés n’avaient pas été respectées. Cet acte de complicité aura justement permis à Josué Fomekong, Dg de la société Cgicom avec laquelle leur collision d’intérêts va être avérée, de percevoir indûment la somme de 788 076 380 Fcfa à travers des prestations non réalisées.

Par la suite, la gravité de ces faits, va amener le ministre Benjamin Amama à saisir le procureur de la République à travers 2 plaintes contre les concernés en date du 8 décembre 2005. Le lendemain, c’est-à-dire le 9 décembre 2005, il saisit à son tour le Premier ministre, Inoni Ephraïm, et ce conformément à ses hautes instructions visant à se séparer sans délai de tous les responsables mis en cause dans des affaires douteuses. 2 projets de décret visant à relever de leurs fonctions, ces responsables véreux sont à cet effet envoyés dans ses services. Comme mesure conservatoire, Benjamin Amama va aussitôt suspendre de leurs fonctions Léon Bertrand Ngouo et Jean Yves Djamen en application des dispositions pertinentes du statut général de la Fonction publique.

L’on se souvient que pour ces 2 cas, le procureur de la République allait confier le dossier à la police judiciaire. Les principaux mis en cause sont aussitôt interpellés par la direction de la Police judiciaire. Malheureusement, au bout de 3 jours de garde à vue à la Dpj, Léon Bertrand Ngouo, Jean Yves Djamen vont curieusement être remis en liberté, à la suite d’une intervention nocturne du Pm, Thomas Ephraïm Inoni, auprès du Garde des Sceaux. Dans la même foulée et au plan administratif, les projets de décret visant à relever de leurs fonctions, Léon Bertrand Ngouo et Jean Yves Djamen ne seront jamais signés. Au coeur des différents blocages, les soupçons vont être dirigés sur l’ancien ministre d’Etat Sg/Pr, Jean Marie Atangana Mebara et les autres membres du G11. L’Etat n’étant pas oublieux, les protégés du G11 d’hier sont aujourd’hui rattrapés par la justice. Sans commentaire.

© La Nouvelle : Marlyse Sibafo


26/02/2013
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