Déstabilisation : Yaoundé a toujours peur

Déstabilisation : Yaoundé a toujours peur

Cameroun - Déstabilisation : Yaoundé a toujours peurPour la première fois en près de 30 ans de pouvoir, le président Paul Biya va faire organiser une messe d’action de grâces, afin de prier pour la paix et la stabilité du Cameroun. Dans le même ordre d’idées, on observe dans les artères de la ville de Yaoundé, une invasion de banderoles qui appellent à la préservation de la paix.

Désormais, le pouvoir prête une sérieuse attention à toute information en relation avec la déstabilisation, d’où quelle vienne. La semaine dernière par exemple, un imminent confrère d’une télévision privée basée à Douala, en provenance de la capitale économique, a été reçu dans la résidence d’un ministre en fonction à la présidence de la République. Il était porteur d’une mauvaise nouvelle : « quelque chose de dangereux se prépare à Douala ». L’informateur a trouvé une oreille très attentive auprès de son interlocuteur.

C’est que, deux semaines après la proclamation des résultats donnant le président sortant, au pouvoir depuis près de 30 ans, vainqueur avec près de 78% de voix, le pouvoir est loin d’être serein. Ces derniers jours par exemple, de curieuses banderoles ont fait leur apparition dans la ville de Yaoundé, comme ici au quartier Kondengui dans le 4e arrondissement. « Les populations de Yaoundé disent non à la déstabilisation... », peut – on y lire.

Pour le politologue Mathias Eric Owona Nguini, cette irruption de banderoles est tout simplement la preuve que la légitimité issue des urnes et dont se prévaut le nouvel élu est «fabriquée et artificielle ». Selon le politologue, cette propagande de la paix vise à «compenser ce caractère artificiel par une communication politique qui entend désamorcer toute subversion visant à faire dérailler le processus institutionnel de légitimation de son pouvoir».

Cette absence de sérénité s’est d’ailleurs ressentie ce jeudi à l’Assemblée nationale. Dans son discours de politique générale, Paul Biya a tenté de rassurer et de rassembler comme ce fut déjà le cas mardi de la semaine dernière, dans son adresse à la nation, appelant les camerounais à l’unité pour construire le pays.

Un discours de rassemblement qui a du mal à passer.

Les députés de l’opposition et les principaux candidats malheureux à la présidentielle du 09 octobre, à l’instar de Ni John Fru Ndi du Sdf, ou encore Ndam Njoya de l’Udc, ont boycotté la cérémonie de prestation de serment. Ils avaient déjà, au lendemain de l’élection, rejeté les résultats et appelé les Camerounais à manifester avant de se rétracter.

Sur le plan international, Paul Biya n’a toujours pas à ce jour reçu les félicitations de Barak Obama des Etats unis, de David Cameron de Grande-Bretagne encore moins de son voisin nigérian Goodluck Jonathan. Le message de la France, l’ancienne puissance coloniale n’est arrivé que très tardivement. Et pour plusieurs experts, le message de Sarkozy est plus une « mise en garde », qu’autre chose.

Face à cette atmosphère lourde, Paul Biya a décidé de s’en remettre à Dieu. Dans la foulée de sa prestation de serment, une cérémonie interreligieuse se tient ce vendredi à la demande du chef de l’Etat qui y sera d’ailleurs présent. Cette messe a pour objectif «d’implorer le soutien du Tout-puissant pour la réussite des grandes réalisations annoncées par le chef de l’Etat, pour le prochain septennat. Il s’agira également de prier pour la paix et la stabilité du Cameroun ». Une grande première en près de 30 ans de pouvoir.

© camerounactu.net : Aboudi Ottou


03/11/2011
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