Désillusion - Can 2013: La mort définitive du sport au Cameroun?

DOUALA - 16 Octobre 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

La résurrection est-elle encore possible après la non qualification des Lions Indomptables du football devant les capverdiens avant-hier, malgré une mince victoire de 2 buts contre 1?

I-Le premier sportif Paul Biya a échoué

Dans l’article 5 (2) il est écrit que le président de la République «définit la politique de la nation...» Un verbe nous intéresse ici. C’est définir qui veut dire selon le petit Larousse illustré: préciser les caractéristiques de, cerner.

Cela veut dire qu'au niveau politique c'est Paul Biya qui précise les caractéristiques de tout ce qui doit être fait même si les ministères sont «responsables» selon l'expression consacrée de ce qui doit être dans leurs domaines de compétence. Paul Biya est donc responsable au premier chef de ce qui nous arrive dans le domaine du football même si le ministère des Sports et de l'Education physique et la Fecafoot en sont également responsables à un degré second, parce qu'il est chargé de mettre en application la politique sportive définie par le chef de l’Etat, faudrait encore qu'elle existe. Sauf à être aveugle, on saurait ne pas reconnaître que le Cameroun a une politique sportive. Elle ressort clairement des discours prononcés en temps opportun. Le ministre des Sports et de l'Education physique (Minsep) est à cet effet responsable entre autres de l'élaboration et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaine des Sports et de l'Education physique.

A ce titre, il est chargé: - d'élaborer des projets de textes relatifs au secteur du sport et de l'éducation physique; - d'élaborer les programmes de promotion du sport d'élite et d'élévation des niveaux techniques et tactiques des sportifs; - de l'encadrement des sportifs participant aux compétitions internationales: - du suivie d’encadrement des sportifs de haut niveau; - d'assurer le développement des infrastructures sportives en relation avec les départements ministériels et les organismes concernés; d'assurer la promotion et la supervision des grandes compétitions internationales en liaison avec les organismes concernés. Voilà ressorties six des treize missions du ministère des Sports et de l'Education physique. Au final, aucune n'est réalisée à 50%. Et pour cause, les ministres successifs de ce département ministériel sont embrigadés par des cadres sortis du Minsep dont la compétence n'est pas toujours avérée en termes de management et conduite des projets. Conséquence. Ils sont réduits à faire de la récupération des victoires des différentes sélections nationales même lorsqu'ils n'ont pas collaboré a préparer ces performances. Où à concentrer tous leurs efforts sur les Lions Indomptables seniors. Une vache à traire et à distraire.


Comment devrait procéder Paul Biya?


Nous avons souvent rappelé dans nos colonnes la méthode de travail du président algérien Abddelaziz Bouteflika. Le président algérien convoque régulièrement dans son bureau les ministres et les hauts responsables du pays. Au cours de ces entrevues qui sont des examens d'évaluation, le président algérien pose toute une série de questions. Il cherche à connaître le pourquoi et le comment des choses. Il veut savoir pourquoi tel projet ne marche pas. Et ce qu'il faut faire pour que ça marche. C'est cette démarche, cette méthode de travail que le journal «Aurore Plus» propose au président Paul Biya. L'Algérie a un Premier ministre comme le Cameroun, mais cela n'a jamais empêché le président de ce pays de convoquer individuellement les ministres pour la bonne marche du pays.


Sanctionner les responsables.

De temps en temps on relève les Ministres en charge des Sports pour mauvais résultats, mais jusqu'à présent, aucun n'a fait l'objet d'un audit en bonne et due forme. Il ne s'agit pas seulement de relever un ministre mais de s'intéresser, et se pencher sur sa gestion. Et face au laxisme des Ministres des Sports qui ne savent pas prendre leur responsabilité à l'exception de Joseph Owona, Paul Biya devrait faire comme son prédécesseur après l'élimination du Cameroun en Coupe d'Afrique 1972, sanctionner les responsables de cette forfaiture des Lions Indomptables. Et partant, remettre les responsables de la Fécafoot au pas. Le 1er vice-président John Ndeh ne reconnaissait-il dans une interview accordé à Cameroon Tribune qu'ils sont conscients que la Fecafoot a fait d'énormes erreurs dans les déconvenues que connaissent les Lions Indomptables et le football camerounais dans son ensemble. Quel aveu, l'autorité de tutelle voudrait-il pour sévir. Il ne s'agit pas de simplement de s'intéresser à la saule gestion d'Iya Mohammed, mais à l'outrecuidance de tout son staff qui a fait preuve d'arrogance et même de mépris de l'autorité de l’Etat qu'ils ne manquent pas de défier en se servant du fallacieux bouclier de la Fifa comme si la ministre française des sports n'avait pas obtenu la démission du président de la Fédération française de football et de l’entraîneur sélectionneur en douce. Tel devrait être le son des thuriféraires d'Iya que sont: Francis Mveng, Alim Konaté, Tombi à Roko. Ce dernier est devenu subitement riche depuis qu'il a été nommé Secrétaire général de la Fécafoot. A titre d'exemple, il a acquis d'immenses terrains. Du coté de l'encadrement technique très inféodé et de l'encadrement administratif où plusieurs personnes, à l'instar d'André Nguidjol Nlend devraient se retrouver en prison pour s'être amusés à détourner les primes de certains Lions au sortir de la Coupe du monde 2010.


II- Les maux

Mettre les moyens financiers et à temps à la disposition des sportifs

Les sportifs camerounais devant représenter notre pays dans certaines compétitions internationales sont souvent cloués sur place au pays parce qu'il n'y a pas d'argent pour l'achat des billets d'avion, le paiement des primes ou les frais d'hôtel à l'étranger. Si le football se tire souvent d’affaire, les autres sports en souffrent beaucoup. Preuve s'il en faut que le chef de ce département ministériel est réduit à être ministre des Lions Indomptables. Parce qu'ils offrent plus de missions et une gabegie financières sans autre pareil.


L'improvisation

C'est le numéro un des sports au Cameroun, c'est même le sport majeur. Rien n’est fait à temps, on attend toujours la dernière minute pour agir alors qu'on connaît les échéances, de longue date. C'est comme si ceux qui sont chargés de la gestion de la chose sportive dorment d'un long sommeil et se réveillent quand la compétition est à la porte. Ce sont des incompétents qui n'ont aucune capacité d'anticipation et de perspective.


Le manque d'intérêt, de vision et de volonté politique.

La classe dirigeante au Cameroun, à quelques exceptions près n'a que faire du sport. C'est vrai que le sport n'a jamais développé un pays, mais le sport a donné au Cameroun ce que la diplomatie n'en a pas fait en 50 ans. Leurs préoccupations sont ailleurs: la politique avec la recherche effrénée des postes ministériels ou autres, l'argent, le sexe. Mais surtout rester en éveil pour la succession du prince. Or, le bas peuple, dans une société sans repère et empêtré dans une navigation à vue, se console dans avec le sport. Ce qui justifie que les contre performances des Lions qui est le seul parti unificateur des camerounais entraînent des débordements et un chauvinisme sans pareil. Contrairement à la classe politique qui ne s'intéresse au sport que quand il peut leur rapporter quelque chose sur le plan matériel et honorifique. Etre président de club, membre de la Fécafoot du Comité olympique national, voilà ce qui l'intéresse. Quand on leur donne du «Monsieur le président de .., directeur de...». Cela leur va droit au cœur et flatte leur orgueil. Mais ces gens-là, n'ont aucune vision à long terme du sport, ce qui les intéresse c'est l'instant, ce qui se passe là séance tenante. Comment faire pour préserver les acquis ou pour préparer des lendemains meilleurs? Cela, ils ne le maîtrisent pas, ils n'y peuvent même pas.


Absence de volonté politique et d'une politique nationale de sport.

La préoccupation fondamentale de Paul Biya n'est pas le sport, c est son pouvoir, son fauteuil. Il utilise le sport comme marchepied pour consolider, conforter son règne. Mais pourquoi néglige-t-il le sport qui la fait connaître a l'étranger? C'est inexplicable. Pourtant c'est grâce aux exploits de Roger Milla, Samuel Eto’o, Mbango Etone et autres sportifs de haut niveau que les habitants d'autres pays peuvent situer le Cameroun sur une carte du monde. Il n'y a pas une politique nationale du sport en dépit de ce qui est dit dans les textes organisant le ministère des Sports et de l'Education physique ou en dépit des déclarations de Paul Biya lui-même qui ne loupe jamais l'occasion de citer les Lions Indomptables du football dans certains de ses discours, surtout aux jeunes. N'a-t-il pas évoqué dans une de ses allocutions le «Lion spirit».


III- les chantiers du futur

Un travail de refondation

Maintenant que nous sommes descendus plus bas que le creux de la vague, il nous reste un sursaut, prendre conscience que nous sommes allés dans la mauvaise direction et qu'il est temps de revenir vers le droit chemin. Seulement nous savons que les états généraux organisés ça et là dans notre pays depuis les lustres n'ont jamais rien donné. On connaît les problèmes de notre sport, on connait même certaines des solutions à y apporter mais on ne veut rien faire. C’est ce que nous avons appelé plus haut le manque de vision et de volonté politique. Et qui peut impulser le mouvement? Il n'y a que le président Paul Biya en personne. Même en le faisant, il y a un problème qui a toujours plombé tout ce qui est fait au Cameroun: le suivi. Car des bonnes résolutions peuvent être prises mais s'il n'y a pas de suivi elles sont vouées à l'échec.


Le capitaine du bateau

Il est donc grand temps que le capitaine spirituel des Lions Indomptables du football prenne ses responsabilités en main, qu'il se ressaisisse comme il sait le faire en politique. Son bateau tangue, Il a perdu le cap. Le bateau est ivre certes, mais il peut échapper à la tempête pourvu que le capitaine prenne de bonnes décisions et maintienne le cap, le bon contre vents et marées. La défaite des Lions Indomptables devant les Requins bleus du Cap Vert est une bonne chose pour le Cameroun. C'était un mal nécessaire. Et tant mieux s'il peut nous réveiller. Le sport occupe une place importante dans le monde moderne d'aujourd'hui. Il n'y a qu'à voir comment les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne se disputent les premières places lors des Jeux olympiques et autres. C'est un attribut, un signe de puissance. Il y a quelques années, la Chine était une puissance moyenne mais depuis qu'elle est devenue une grande puissance industrielle et économique, elle aspire (mais en fait elle l’est déjà) un géant sportif.



16/10/2012
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