Des punitions trop sévères pour les enfants

Cameroun : Des punitions trop sévères pour les enfantsCoups, blessures, brûlures, bien des parents ne se contentent pas d’une tape sur le postérieur.

Telle une furie, Victorine Ayissi Koa, la trentaine révolue, débarque à la rédaction de Cameroon Tribune jeudi matin. Les mains tremblantes, elle cherche de l’aide. Elle veut absolument parler à un journaliste. La dame ne tarde pas à sortir « l’horreur » de son sac. Hébété, le reporter voit défiler les photos d’un gamin, le dos couvert de multiples blessures saignantes et de bleus. Des traces de fouets visibles à divers endroits, témoignent non seulement de la fréquence de la bastonnade, mais aussi de la violence de l’auteur. « Je voudrais que vous parliez de cette affaire s’il vous plaît », supplie-t-elle.

« Qui est l’auteur de cet acte ? », lui demande-t-on. « C’est son père. Il paraît que l’enfant n’a pas fait un devoir de classe. C’est pour cela qu’il l’a tabassé ainsi », explique Victorine Ayissi Koa. Selon la dame, le père ne serait pas à son premier forfait. Pour un oui ou pour un non, explique-t-elle, l’enfant est roué de coups. Même si des blessures sanglantes et effrayantes s’en suivent, il n’arrête pas. Il frappe, encore et encore. « Je lui ai demandé de me remettre mon enfant, il refuse. Je ne sais plus quoi faire », se plaint-elle.

Alors que les blessures de cet enfant ne sont pas encore cicatrisées, et que le père court toujours à Yaoundé, on se souvient qu’à Douala une mère est aux arrêts pour de telles pratiques. La directrice d’une école de la Cité Berge, non loin de Ndokoti de surcroît ! Cette dernière a tout bonnement repasser son fils de neuf ans, pour lui passer l’envie de faire l’école buissonnière et de fuguer. Une amie lui avait assuré que la menace du repassage dissuaderait définitivement l’enfant. Hélas, la mère emportée par la colère à la énième fugue est directement passé à l’acte sans sommation. Et le gamin a fini en soins intensifs.

Eh oui, de nombreux parents sont devenus les bourreaux de leurs propres enfants au Cameroun. Pour le vol d’une pièce d’argent, un gamin a eu ses deux mains brûlées par sa mère. De nombreux autres reçoivent du piment dans les yeux, la bouche et les parties génitales. D’autres encore sont privés de nourriture et de boisson pendant des jours. Alors même que certains de ces châtiments s’achèvent tragiquement, les parents-bourreaux multiplient d’ingéniosité. D’après Alain Mandong, sociologue, ce sont parfois des personnes qui ont subi ces sévices ou qui portent des gènes de violence qui posent de tels actes.

Indiquant qu’il est possible d’en avoir été victime, sans toutefois se transformer en bourreau à l’âge adulte. Mais malgré tout, pense-t-il, un parent ne devrait pas aller jusque-là. La torture n’est pas une solution pour bien éduquer son fils. Le meilleur moyen demeurant le dialogue. Et au-delà, explique Me Christian Engo, avocat au barreau du Cameroun, aucun parent ne doit porter atteinte à l’intégrité de son enfant. Ces derniers sont protégés par la loi camerounaise et par les conventions internationales. Les auteurs risquent donc des peines d’emprisonnement allant de six mois à dix ans.

© Cameroon Tribune : Elise ZIEMINE


16/01/2013
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