Des militaires mettent le feu à Melen

Des militaires mettent le feu à Melen

Cameroun : Des militaires mettent le feu à Melen Yaoundé. Malgré le paiement des salaires de juillet et août hier, les hommes en tenue ont exigé de recevoir, sans attendre, leur épargne logée à la micro-finance Fiffa.

Lundi dernier, ils ont promis de mettre le feu si rien n’est fait pour régulariser leur situation dès mardi matin. Le message est passé, du moins, en partie. Hier, les militaires sont bel et bien passés à la caisse dans les différentes agences de la First investment for financial (Fiffa). Ceux-ci ont perçu leurs salaires bloqués depuis deux mois dans les caisses de cet établissement de micro-finance. Certains, comme ce caporal chef de l’armée de terre, sont même allés dans la poissonnerie d’à côté pour se ravitailler. « Depuis deux semaines, mes enfants mangent mal, aujourd’hui ils vont bien manger », se réjouit-il. Et il saute dans le premier taxi pour Emombo, un quartier de Yaoundé. Sa joie n’est pas partagée par ses camarades.

Ils sont nombreux qui continuent de faire le pied de grue devant l’agence Fiffa de Melen. Ils exigent le paiement de leur épargne. Trois employés de la direction des dépenses, du personnel et des pensions du ministère des Finances (Minfi) ont été dépêchés à l’agence Fiffa. Ils s’évertuent à expliquer aux militaires que le ministre des Finances n’a débloqué que l’argent pour le paiement des salaires.

« Les épargnes viendront après », annonce laconiquement un des cadres du Minfi. Cette phrase suscite l’ire des militaires qui cognent partout. Le cadre des Finances demande aux militaires de remplir les chèques, en leur assurant  qu’ils seront payés, « aujourd’hui » (hier, ndlr). Personne des hommes en tenue n’a bougé. « Nous attendons notre argent. Même s’il faut qu’on passe la nuit ici. On ne veut plus de rendez-vous. C’est ce que qu’on nous a fait pendant deux mois, on n’a pas cessé de nous trimbaler. Cette fois-ci nous rentrons avec tout notre argent, parce que si la Fiffa ferme ses portes aujourd’hui, elle ne les ouvrira plus jamais, puisqu’elle est en faillite », crie un médecin-militaire. Avis partagé par tous les autres.

Séquestration

Vers 12h, un des trois agents du Minfi quitte l’agence. Il rassure les militaires qu’il ne rentre pas chez lui, mais qu’il va plutôt chercher l’argent aux Finances. Las d’attendre au bout de trois heures, les militaires sont convaincus que le monsieur des Finances les a trompés et qu’il a fui. Ils séquestrent alors les deux autres, le chef d’agence de Fiffa Melen et ses trois collaboratrices. Au fil des heures, la tension monte. Les militaires se calment quelques minutes. Le temps d’écouter ce que le chef d’agence a à leur dire. La situation s’empire après que celui-ci leur demande de revenir le lendemain pour prendre les épargnes.

Les portes de la micro-finance se brisent de partout, les fiches comptables sont  détruites et éparpillées au sol, à l’intérieur et à  l’extérieur de l’agence. Rien ne va plus dans la caserne. Deux se procurent des allumettes. Ça ne donne rien. Il a fallu qu’un autre vienne avec son briquet  pour que ça prenne enfin. Le feu s’empare de part et d’autre. Branle bas général. Les flammes ont envahi l’intérieur. Ça brûle. La fumée s’élève de plus en plus. Trois personnes se trouvent dans la pièce. Elles ne peuvent sortir. Il faut l’intervention des gendarmes du Groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale (Gpin) pour les mettre à l’abri. Ils suffoquent, tout en pleurs. Les militaires n’ont cure. Ils veulent leur épargne.

Quatre camions des sapeurs-pompiers s’activent pour éteindre les flammes. Le colonel Bomba de la gendarmerie nationale essaye de calmer les uns et les autres. Les éléments du Gpign en mission sécurisent les agents du Minfi et de la Fiffa. Ils tentent de les faire partir. Les militaires, furieux, s’y opposent. Une bagarre entre militaires se déclenche. On dégaine. Le colonel Bomba réussit à calmer tout le monde. Le sous-préfet est déjà sur lieux. Il est venu calmer les bidasses qui ne veulent rien entendre. Au moment où nous allions sous presse vers 21h, la tension n’était pas retombée à Melen. La fumée disparaissait à peine.

© Le Jour : Eitel Elessa Mbassi et Sarah Haman


05/09/2012
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