Des journalistes sous le coup de l'article 184 du code pénal

YAOUNDÉ - 24 Septembre 2012
© Ernest Obama | L'Anecdote

Les dénonciations faites ces derniers jours relatives à la manipulation de l'opinion par la presse nous ont amené à interroger les mécanismes juridiques en l'espèce et susceptibles de confondre ces zélateurs et autres adeptes d'une distorsion de la réalité des «affaires» en cours dans notre pays.

En effet, au cours d'une parution, votre hebdomadaire alléguait de l'intoxication et la manipulation savamment orchestrées par une certaine presse au sujet de l'opération «Epervier». L'hebdo L'Indépendant a embrayé dans le même sens en évoquant cette presse à la solde des prisonniers de luxe de notre pays. Il est clair aujourd'hui qu'il existe une proximité évidente entre certains directeurs de publication et les grands voleurs de la République épinglés, ou en passe de l'être, dans le cadre de l'opération épervier. La preuve, les lettres de Marafa n'ont pas été publiées par tous les journaux Et pourtant certaines publications ont publié en l'exclusivité l'essentiel de ces épures. C'est le cas des quotidiens Le jour, Mutations, le Messager et de l'hebdomadaire ail du Sahel entre autres. Comment ont-ils obtenus pour la publication et la promotion de ces différentes lettres? Qui en assure le financement? Avec quel argent ont-ils été payés?

Voila des questions que se posera sans doute le procureur, car s'il est établi au terme du procès en cours que Marafa et bien d'autres avant et certainement après lui, sont reconnus coupables des faits de détournement de deniers publics, tous ceux qui auront bénéficié de ces financements pourraient être considérés comme des receleurs. Et le code pénal camerounais en son article 184 condamne fermement le recel. Il stipule «quiconque par quelque moyen que ce soit obtient ou retient frauduleusement quelque bien que ce soit, mobilier ou immobilier, appartenant, destiné ou confié à l'Etat unifie, a une coopérative, collectivité ou établissement, ou publics ou soumis à la tutelle administrative de l'Etat, ou dont l'Etat détient ou indirectement la majorité du capital est puni!» En clair donc, tous les journalistes qui reçoivent des deniers publics détournes a des fins personnels sont considérés comme des receleurs. Le receleur étant défini par la loi comme étant celui gui obtient ou détient les choses obtenues a l'aide d'une infraction. Haman Mana, Directeur de Publication du quotidien Le Jour, propriétaire des Editions Schabel, est l'éditeur du récent ouvrage de Titus Edzoa (Méditations de prison). Avec quel argent a-t-il été payé? Pourrait on s'interroger au regard de la qualité de l'auteur.

A la lecture de l'article 134 du code pénal, il y a lieu de se dire que la lutte contre le détournement des deniers publics engagée par le Chef de l'Etat, Paul Biya, a vraisemblablement enrichi plusieurs catégories de personnes: journalistes, avocats, hommes politiques véreux. Les journalistes qui reçoivent des financements obtenus par infraction feront bientôt l'objet de poursuites judiciaires, selon une source proche des milieux policiers. La même source indique que les fins limiers de la police judiciaire sont déjà entrain de passer au beigne fin les transactions financières de certains patrons de presse. L'étau se resserre sur les détourneurs de fonds et leurs amis. Par devoir de confraternité, nous nous devons de rappeler aux uns et aux autres que les peines encourues par tout coupable d'une infraction tout aussi imputables à celui qui bénéficie d'une chose obtenue par infraction. On se souvient encore de la condamnation de Patrick Poivre d'Arvor dans les années 1990. Le célèbre présentateur de TFI avait reçu à l'époque des cadeaux d'un homme d'affaire proche du maire Rpr d'alors Michel Noir. La loi a été sans pitié pour Ppda. A bon entendeur, salut



26/09/2012
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