Dénonciations : Au nom de Dieu et du business

Dénonciations : Au nom de Dieu et du business

Cameroun - Dénonciations : Au nom de Dieu et du businessEn 10 ans passés à la tête de l'archevêché de Yaoundé, Tonye Bakot a été cité dans une série de scandales.

Victor tonye Bakot n’officiera plus à la tête de l’archidiocèse de Yaoundé. Le saint-Père a accepté hier sa renonciation. Le communiqué de la nonciature apostolique a été lu hier sur les ondes de la radio nationale, au journal de 13 heures. elle a été signée du nonce apostolique, la plus haute autorité de la religion catholique au Cameroun et en guinée equatoriale, par ailleurs représentant du pape dans la cité capitale. Une annonce qui coïncide avec le retour du pape François au Vatican, après les Journées mondiales de la jeunesse au Brésil (Jmj).

Mutations a appris que la démission de tonye Bakot a été requise par le nonce apostolique à Yaoundé après consultation du chef de l’etat, Paul Biya. Depuis plusieurs mois, les services de renseignement enquêtaient sur les actions de tonye Bakot à la tête de l’archevêché de Yaoundé. Une plainte de la communauté emveng de mvolyé était en cours d’examen à la direction des renseignements généraux de la police. D’après nos sources, de nombreux rapports ont été envoyés au président de la République sur les malversations à l’archidiocèse de Yaoundé. L’exarchevêque de Yaoundé s’est lui-même expliqué auprès de «la plus haute hiérarchie» sur les faits pour lesquels il est accablé. La salve la plus dure contre  tonye Bakot est signée de la communauté emveng.

En effet, dans une lettre datée d’octobre 2011 adressée au chef de l’etat et au nonce apostolique, accompagnée plus tard d’un mémorandum rédigée le 10 avril 2013, les mandataires de cette communauté se font amers contre le prélat : «Le zèle et le mépris caractérisé avec lesquels il [Victor Tonye Bakot] pose ses actes, ajoutent à l’indignation des autochtones pour qui Mvolyé reste et doit demeurer une colline sacrée. Il transforme ce lieu de prière en un vulgaire bidonville où fleurissent toutes sortes d’activités mondaines : Bars dancing, stations essence, carrières sauvages. Ce pillage systématique atteint son pic avec la vente de places aux autochtones dans le cimetière de Mvolyé. Nous en sommes à payer un million de nos francs pour une tombe. Ceci est inacceptable, scandaleux et révoltant».

Quotas

Dans la correspondance, les emveng affirment avoir cédé leurs terres à l’eglise catholique à travers le père Henri Vieter le 13 février 1901. en réponse à ces allégations, après avoir affirmé qu’un accord avait été trouvé, il indiquait que «Mvolyé couvre 132 hectares dont le cimetière. Ce terrain a été donné il y a plus de 100 ans par plusieurs groupes ethniques. Il y a un titre foncier depuis 1955 sur ce terrain de Mvolyé donc ce n’est pas une affaire de Mgr Tonye Bakot. Le cimetière appartient à l’Eglise Catholique et non pas à un groupe ethnique ». Des propos qui n’ont fait qu’accentuer la colère des emveng.

Ce n’est pas tout. sur l’avenue Kennedy, tonye Bakot est accusé d’avoir bazardé un immeuble appartenant à l’eglise catholique. «Il y avait un immeuble de plus de 1300 m2, c’était un terrain non bâti. De concert avec le conseil diocésain pour les affaires économiques, nous avons estimé que nous pouvons vendre cet espace au prix de 500 millions Fcfa et plus. Et c’est Afriland first bank qui nous a aidé à procéder à cette vente, parce qu’à l’époque nous avions une dette envers cette banque de plus d’un milliard », se justifie le prélat dans l’hebdomadaire Repères, édition du 12 juin 2013. La vente de la chapelle d’elig-essono lui est également attribuée.

Démenti formel : «Elle continue d’appartenir à l’archidiocèse », clame l’homme de Dieu. a la question de savoir s’il y avait braderie des terres à l’archidiocèse de Yaoundé, le prélat répondait dans le journal suscité : «Non, ce sont les difficultés qui amènent l’archidiocèse à aliéner une partie de son patrimoine pour faire face à une contingence financière de remboursement des dettes (..). quand j’arrive à Yaoundé, l’endettement (de l’archidiocèse) était de 4 milliards Fcfa. Et depuis tout ce temps, je rembourse des dettes. Et aujourd’hui, nous sommes à peu près à deux milliards  de dettes remboursées».

Tonye Bakot a également été taxé de tribalisme. Dans un courrier daté du 11 juin 2012, il commande qui enquête sur la «surpopulation» bamiléké à la faculté des sciences sociales de l’université catholique d’afrique centrale (Ucac). il recommande à cet effet de réduire le nombre «d’étudiants dont l’ouest porte un nombre plus que significatif. Outre les corrections anonymées, nous proposons de diversifier les correcteurs le plus possible pour éviter de privilégier un groupe grâce à des enseignants correcteurs venant de la même région, parce que, nous dit-on, il y a des stratégies de signes qui permettent d’identifier l’origine des candidats».

Après l’indignation suscitée par ce courrier rendu public par la presse, tonye Bakot affirme : «Le pasteur que je suis a le devoir d’aimer tous ses fidèles de l’archidiocèse de Yaoundé d’où qu’ils viennent et au-delà. Il y a eu un problème académique concernant les quotas et le conseil supérieur m’a demandé d’écrire au doyen de la faculté des sciences sociales et de gestion de l’Ucac en attirant l’attention sur les quotas et des déséquilibres entre une région et l’ensemble des régions d’un pays et entre un pays et l’ensemble des autres pays de l’Afrique centrale. L’académie n’a rien à voir avec l’affectif !».

© Mutations : Boris Bertolt


30/07/2013
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