Démographie - Enjeux politiques à venir: La menace qui vient du Grand Nord

DOUALA - 27 Juin 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

Autrefois redoutés pour leur démographie galopante, les Bamiléké ont perdu leur suprématie dans le domaine au profit des trois régions septentrionales du Cameroun.

I- L'explosion

«Les gens accouchent comme des souris. Depuis que je suis ici à Garoua, je n'ai pas encore vu une femme stérile. Ce que j'ai' observé c'est que tu vois une qui tient un enfant de trois ou quatre ans à la main, un autre d'un an est attaché au dos et recouvert d'un pagne pour le protéger du soleil et un autre est dans le ventre prêt à naître... .A ce rythme ces gens vont dépasser les Bamiléké dont la jeune génération ne fait plus beaucoup d'enfants comme leurs parents...» Cette conversation est authentique, elle a eu lieu à Garoua il ya plus de quinze ans au Camp sic Roumde Adja de Garoua entre deux cadres originaires du Sud du pays. Les déclarations de ces deux personnes peuvent être interprétées comme du tribalisme mais pourtant ils n'avaient fait qu'un constat que les chiffres du recensement général de la population et de l'habitation de 2005 vont confirmer.

Les chiffres de ce recensement publiés en 2010, même si leur crédibilité est fortement contestée par les politiques, donnent au Cameroun une population de 19 406 100 habitants le Grand Nord à lui seul à 6 .540 265 habitants répartis de la manière suivante: - Extrême Nord: 3 480 414 - Nord: 2 050 229 -Adamaoua: 1 015 622 Il n'ya que la région du Centre qui se place devant l'Extrême-Nord avec plus de 3,5 millions d'habitants, encore que ce chiffre est très contesté. En effet, beaucoup de gens pensent que le Centre est passé devant l'Extrême-Nord pour des raisons essentiellement politiques. Comment le Grand Nord a-t-il pu combler le retard qu'il avait sur le Sud du pays à l'époque coloniale? La raison est bien simple. Ahmadou Ahidjo, le premier président du Cameroun indépendant et qui était originaire de l'actuelle région du Nord avait très bien compris l'importance de la démographie dans un pays surtout en matière d'élections.

Il avait très vite compris dans les années quarante et cinquante qu'il fallait que le Nord rattrape le déficit qu'il avait sur le Sud. Qu'est ce que Ahidjo va faire? Il va tout simplement favoriser l'entrée au Cameroun de populations Toupouri, Moundang et Massa dont le foyer d'origine est le Tchad dans la zone de bec du Canard. Ces populations en provenance du Tchad se sont massivement installées dans les départements du Mayo Danay et du Mayo kani. Ces populations étaient bien intégrées puisque ce sont les mêmes familles qui vivaient de part et d'autre de la frontière Tchado-Camerounaise. Aujourd'hui on connait de nombreuses personnalités Camerounaises qui sont les descendants de ces départements. On peu citer Amadou Ama Deouna Vamoulke, directeur général de la Crtv, Dakole Daissala, ancien ministre d'Etat et coordonateur national du Mdr, l'ancien ministre Gounoko Haounaye, l'archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda et bien d'autres.


II- L'exploitation politique

Ce poids démographique donné et à raison des idées aux originaires du Grand-Nord. Ils revendiquent de plus en plus ouvertement des postes de ministres, dans la haute administration ou comme directeurs général des sociétés d'Etat. Ceci, non seulement à cause de leur poids démographique mais surtout pour le nombre de voix qu'ils ont données au Président Paul Biya lors de l'élection présidentielle du 09 Octobre 2011. Ayant donné à Paul Biya 1 610 997 suffrages obtenus par le Chef de l'Etat sur le plan national, le Grand-Nord attendait un retour de l'ascenseur avec le poste de premier ministre. Non seulement Paul Biya a maintenu Philémon Yang comme premier ministre, il n'a donné que 9 ministères à l'Extrême-Nord, 5 au Nord et 3 à l'Adamaoua soit au total 17 ministères, moins que la seule région du Centre qui en a reçu 19 alors qu'elle n'a donné à Paul Biya que 692 106 suffrages. C'est donc une injustice flagrante que le Chef de l'Etat doit arranger selon le Grand Nord.

C'est comptant sur ce poids démographique qu'une personnalité comme Amadou Ali, vice-premier ministre en charge des relations avec les Assemblées évoque dans ses confidences à l'ancienne ambassadrice américaine au Cameroun, Janet-Garvey et qu'on retrouve sur le réseau Wekileaks. Dans ses déclarations, Amadou Ali dit que les Bétis/Fangs sont si peu nombreux qu'ils ne peuvent pas faire réélire Paul Biya sans le soutien du Grand Nord. L'analyse est pertinente. C'est donc une menace à peine voilée que lançait là Amadou Ali qui veut dire que grâce à son poids démographique, le Grand Nord peut revenir au pouvoir s'il le veut, en s'alliant par exemple avec les Bamiléké même si cette hypothèse est peu plausible pour le moment. Les déclarations d'Amadou Ali nous rappellent opportunément celles de Mgr Albert Ndogmo décédé il ya longtemps.


III- Le recul Bamiléké

Ce que les Camerounais disent aujourd'hui de leurs compatriotes du Grand Nord par rapport à leur démographie est ce qu'on disait des Bamiléké hier. Les bamilékés étaient déjà si nombreux à l'époque coloniale qu'ils inquiétaient les Français alors maîtres du Cameroun. Ils ont payé un lourd tribut du temps du maquis avant et après l'indépendance sous Ahmadou Ahidjo des villages entiers ont été rasés en pays bamiléké et dans le département du Moungo, région du Littoral; et en dépit de tout cela, les Bamilékés sont restés l'ethnie la plus nombreuse du Cameroun mais seulement, ils ne pèsent pas sur le plan électoral comme tout le Grand Nord. Mgr Albert Ndogmo, prélat d'une très grande intelligence avait compris ce que le poids démographique pouvait donner aux Bamilékés. S'ils persistaient à faire un grand nombre d'enfants par couple: gagner un jour l'élection présidentielle si le scrutin est transparent. L'ancien évêque de Nkongsamba ne demandait-il pas aux Bamilékés de faire au moins huit enfants par couple?

Aujourd'hui la donne a changé, les Bamilékés ne se multiplient plus à la vitesse grand V comme il ya encore quelques décennies. La région de l'Ouest comptait 1 785 285 habitants en 2010 et si on retranche les 455 083 habitants du Noun habité majoritairement par les Bamouns, il ne reste que 1,3 millions de Bamilékés dans leur région d'origine, l'Ouest. Mais c'est un chiffre trompeur car il faut tenir compte des Bamiléké installés à Douala où ils composent environ la moitié de la population soit un million d'habitants et le Moungo voisin où ils représentent plus de 70% des habitants de ce département de la région du Littoral.


Succession: Qui se cache derrière L'affaire Sadi de J.A?

On commence à y voir un peu plus clair au sujet de l'article sur René Sadi dans une récente édition de jeune Afrique. Ainsi donc de hautes personnalités tapies dans l'ombre seraient derrière l'article paru en pages 30 à 32 de l'édition n°2683 du 10 au 16 Juin 2012. Comme nous l'avions dit dans une de nos récentes éditions celui qui a commandé l'article sur le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation ne peut faire que partie du sérail, de la maison Rdpc. Sans avoir la prétention de tout connaître, nous avons au cours de notre minutieuse enquête récolté beaucoup de: Laurent Esso, ministre d'Etat en charge de la justice garde des sceaux, Martin Belinga Eboutou, Directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Grégoire Owona, ministre du travail et de la sécurité sociale, secrétaire général adjoint du comité central du Rdpc, etc.

Le ministre d'Etat Laurent Esso, c'est bien connu n'a jamais porté René Sadi dans son cœur. C'est une vieille rivalité qui ne date pas d'aujourd'hui. Entre dauphins présumés n'est-il pas normal de se faire des crocs-en-jambe? Le ministre Laurent Esso à ses hommes et ses médias pour rendre la vie très dure à son collègue du gouvernement qu'est René Sadi et parmi lesquels on retrouve Jean Pierre Amougou Belinga, directeur de publication du journal l'Anecdote et propriétaire de la chaîne de télévision Vision 4. Que vient chercher le Directeur du cabinet civil à la présidence de la République dans cette affaire? Nous n'avons jamais entendu parler du ministre Martin Belinga Eboutou comme prétendant au fauteuil de son patron Paul Biya. Il n'a jamais été cité comme un potentiel dauphin du chef de l'Etat, son combat est ailleurs son ambition, même secrète, n'a jamais été de succéder à Paul Biya. Qui cherche donc à mêler son nom à cette affaire? Grégoire Owona, compte tenu de ses relations, pas toujours bonnes est-il derrière cette affaire? Nous en doutons également. Est-ce d'autres personnalités tapies dans l'ombre qui tirent les ficelles pour déstabiliser René Sadi? En attendant nous poursuivons notre enquête.



28/06/2012
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