Décryptage: La loi des finances 2013 en cinq points

Yaoundé, 28 Novembre 2012
© L'Actu

Le FMI, véritable chien de garde de la santé macroéconomique des pays du Sud, adresse un satisfecit au Cameroun.

1- Croissance: 6,1 % du PIB ou rien

Le FMI, véritable chien de garde de la santé macroéconomique des pays du Sud, adresse un satisfecit au Cameroun. En 2012, la croissance du pays a connu une tendance haussière pour se fixer à 5,5 % du PIB, bien au dessus de la moyenne générale en Afrique subsaharienne. Tout comme l'inflation se situe en deçà des 3 %, le seuil de tolérance.

Les perspectives annoncées dans la loi de finances 2013 vont encore plus loin. Le gouvernement table sur une croissance de 6,1 %, et sur un taux d'inflation de 2,1 %. Des prévisions de croissance qui s'appuient sur trois principaux facteurs: l'actuel cours du baril de pétrole (96,6 dollars US), le cours de change du dollar américain qui s'échange à 530 F CFA et l'augmentation de la production pétrolière nationale.

L'augmentation de la production pétrolière est un acquis. Le Cameroun, grâce à de nouveaux puits, va passer de 63 000 barils jour à 90 000 barils. Le gouvernement table en tout cas sur une production annuelle de 28,8 millions de barils. Quant au prix du baril de pétrole, il dépend essentiellement de l'environnement géopolitique mondial. Une inconnue qui fait peser une incertitude sur les prévisions de croissance du gouvernement.


2- Orientations: Priorité aux grands travaux

De 2 800 milliards l'année en cours, le budget de l'Etat va bondir à 3 236 milliards de F CFA pour l'exercice 2013. Soit, une augmentation de 436 milliards qui représentent 15,6 % d'augmentation. A la question comment trouver tout cet argent? L'Etat ne semble pas se faire de soucis.

Il table sur un accroissement de 138 milliards dans les recettes fiscales. Un accroissement qui est le résultat des mesures d'élargissement de l'assiette fiscale prises par le gouvernement. Les nouvelles politiques douanières devraient aussi apporter un surplus de 88 milliards. Aussi prévu, un emprunt obligataire de 250 milliards de F CFA. Mais surtout, de meilleures recettes pétrolières.

Les grands travaux initiés par le gouvernement, suivant la planification contenue dans le DSCE [Document de stratégies pour la croissance économique), sont l'une des raisons de cette augmentation considérable de l'enveloppe budgétaire. L'enveloppe de 252,7 milliards alloués au ministère des Travaux publics en est l'illustration. Ce ministère prévoit entres autres programmes, d'augmenter le réseau routier national. Sur trois ans, ce programme va coûter 358,1 milliards et, pour l'exercice budgétaire 2013. il coûte 135,7 milliards de F CFA.


3- Programmation: 156 projets annoncés

Le compte est bon: 105 institutions pour 156 programmes. Soit en moyenne, 1,4 programmes par institutions avec pour dénominateur commun, l'émergence pour 2035. Un objectif qui transpirait déjà de la circulaire du président de la République, Paul Biya, signée le 9 juillet dernier. Une circulaire relative à la préparation du budget de l'Etat pour l’exercice 2013.

En sus de cette circulaire, Paul Biya a ébauché dans son discours, le chemin vers cette émergence. Un chemin qui passe en premier par le développement des infrastructures. Dans la programmation gouvernementale, les ministères de l'Eau et de l'énergie (Minee), de l'Habitat et du développement urbain (Minhdu), des Travaux publics (Mintp), sont particulièrement concernés par cet impératif d'amélioration des infrastructures.

Le ministère de l'Economie, de la planification et de l'aménagement du territoire (Minépat), lui, continue, en maître d'œuvre du DSCE, sa mission de mobilisation des fonds extérieurs. Un programme d'un montant de 1,6 milliards de F CFA. Le Minepat a aussi la responsabilité de consolider la croissance économique en améliorant le taux d'exécution du budget d'investissement public (BIP).

L'émergence, selon Paul Biya, c'est aussi l'amélioration de la production agricole. C'est ainsi que 46,9 milliards sont consacrés au ministère de l'Agriculture et du développement rural (Minader), à la compétitivité des filières de production.


4- Carburants: La subvention est maintenue

La lutte contre la pauvreté et la vie chère reste une épine dans la chaussure des «grandes réalisations» édictées par le locataire du Palais d'Etoudi. C'est pour se débarrasser de cette épine ou, pour du moins atténuer la douleur, que l'Etat camerounais s'est décidé à maintenir la subvention aux carburants.

Le débat sur la suppression de cette subvention est, depuis deux ans, la pomme de discorde entre les institutions bancaires de Bretton Wood et l'Etat camerounais. Le FMI en premier, fait de cette suppression un objectif primordial. Pour raison, elle plombe, années après années, les finances publiques. Cette année encore, malgré la charge de Boriana Yontcheva, la nouvelle représentante du FMI au Cameroun, lors d'une rencontre entre l'Institution et le gouvernement du Cameroun le 16 novembre dernier, le gouvernement a tenu bon et maintenu envers et contre tout, cette subvention problématique.

Cette subvention dépassera les 400 milliards de F CFA, le montant de cette enveloppe pour l'exercice 2012. Soit, plus de la moitié du budget d'investissement public (957 milliards de F CFA prévus pour l'exercice budgétaire 2013). Mais pour le Cameroun, la préservation de la quiétude sociale est, pour les autorités de Yaoundé, une priorité. L'exemple du Nigeria et les émeutes qui ont suivi la suppression de cette subvention est encore fraîche dans les mémoires.


5- Top 5

Des institutions les plus demandeuses

Ministère des Travaux publics: 252,735 milliards de F CFA

Ministère des Enseignements secondaires: 220,161 milliards de F CFA

Ministère de la Défense: 194,079 milliards de F CFA

Ministère de l'Education de base: 171,118 milliards de F CFA

Ministère de la Santé publique: 162,448 milliards de F CFA

Des institutions les moins demandeuses

Commission nationale des droits de l'Homme et des libertés: 1.120 milliards de F CFA

Conseil économique et social: 1,837 milliards de F CFA

Ministère des Arts el de la culture: 3,738 milliards de F CFA

Ministère du Travail et de la sécurité sociale: 4,169 milliards de F CFA

Contrôle supérieur de l'Etat: 4,346 milliards de F CFA



28/11/2012
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