Déchets des métaux saisis au Port de Douala : Une arnaque de la gendarmerie qui a mal tourné

Cameroun - Déchets des métaux saisis au Port de Douala : Une arnaque de la gendarmerie qui a mal tournéUn container de rebuts de câbles querellé. Un commandant de la gendarmerie au coeur d’une manoeuvre de corruption. Un homme d’affaires et un commissionnaire en douanes inquiétés. Voilà l’affaire qui secoue actuellement la gendarmerie du Port à Douala.

C’est l’histoire d’un homme d’affaire qui exporte les rebuts de câbles depuis quelques années. Mais qui aura le malheur de tomber sur un escroc, accessoirement indic attaché au service du commandant Fotsing de la région de gendarmerie. Nous sommes en décembre 2012. Le sieur Sagara Modie de nationalité malienne s’apprête à charger son container de métaux pour le port de Douala quand le nommé Guépi débarque pour, dit-il, relever le numéro du container.

Il s’en ira en laissant son numéro de téléphone à l’homme d’affaires pour le cas où il aurait un quelconque problème au port, lui disant pour le rassurer qu’il est au service du commandant Fotsing. M. Sagara, comme par hasard, va voir sa marchandise bloquée au port. Il appelle naturellement le nommé Guépi qui ne tarde pas à se pointer pour lui tendre une main secourable, en la personne du commandant Fotsing, d’une valeur de … 5 millions de francs. En clair, si M. Sagara veut décanter sa situation, il n’aura qu’à débourser l’enveloppe demandée. Pris au dépourvu, et ne voyant pas d’autre issue, l’homme d’affaires se met à marchander la libération de sa marchandise auprès de Guépi qui mène la transaction pour le compte de l’officier de gendarmerie.

Finalement, l’accord portera sur 3 millions que l’exportateur versera dans les couloirs de la gendarmerie entre les mains de l’indic qui les remettra à son tour à son commanditaire. Les faits auraient pu s’arrêter là que tout le monde en serait quitte. Seulement, voilà : manque de pot pour l’homme d’affaires et d’avantage pour l’officier de gendarmerie qui se léchait les babines, un autre larron, Tolo Isiaka, compatriote du sieur Sagara, qui écoutait aux portes viendra jeter le doute sur le gain déjà empoché. D’après lui, le cadeau serait «empoisonné », en jargon, l’homme d’affaires aurait attiré le commandant Fotsing dans un traquenard.

Ça la fiche mal par ces temps où la Conac a investi les services publics de ses enquêteurs en vue de traquer tous les agents véreux. L’officier Fotsing retourne la situation à son avantage, transformant son acte d’extorsion de fonds en flagrant délit de corruption et interpelle l’intéressé le 1er décembre 2012. Il aurait tenté de le corrompre pour qu’il ferme les yeux sur son stock de ferraille, lequel aurait été volé sur les installations de la Camtel. C’est ainsi qu’il déclenche une procédure contre l’homme d’affaires. Procédure impliquant le commissionnaire en douanes Etoundi Albert que le sieur Sagara avait contacté pour organiser son exportation. L’officier de gendarmerie, par des méthodes peu orthodoxes, va auditionner les deux hommes qu’il n’hésite pas à garder à vue et tenter de les inculper.

Le premier accusé d’avoir organisé le vol des câbles de Camtel, le second de l’avoir aidé à les exporter. Un article visiblement orienté paraît dans Cameroon Tribune du 14 décembre. Il reproduit la version officielle des enquêteurs en faisant fi des faits établis. Pire, pour illustrer l’article, l’auteur n’a trouvé rien de moins que des photos d’archives alors même que les photos du container éventré sont disponibles auprès des enquêteurs et ledit container toujours en place. Il se trouve qu’en 2010, M. Sagara avait régulièrement constitué son stock de marchandises en achetant auprès de Camtel même des rebuts de matériel.

A cette époque, l’exportation des métaux n’était pas frappée d’interdiction au Cameroun. A cette époque d’ailleurs, soupçonné de les avoir obtenus frauduleusement, il fera l’objet d’une information judiciaire à Bafoussam de laquelle il sortira blanchi au profit d’une ordonnance de non lieu rendue le 18 novembre 2010. Il pouvait alors librement exporter sa marchandise. Malheureusement pour lui, au moment de sortir de la procédure judiciaire, le délai des autorisations était déjà dépassé. Mais là est une autre paire de manches. Pour l’instant, il se bat pour se sortir des griffes de la justice du fait d’un auxiliaire de justice coincé qui cherchait à lui faire la peau.

© Les Nouvelles du Pays : Henri Donatien AYANG


19/01/2013
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