De la feuille de route au recyclage: La danse de canard des ministres camerounais

DOUALA - 29 NOV. 2012
© Edouard KINGUE | Le Messager

La fréquence a été bi-annuelle. Le 15 décembre 2011 au lendemain de la formation de cette équipe gouvernementale qui a inauguré son nouveau mandat de sept ans à la tête de son pays, se tenait au palais de l’unité, le tout premier conseil de ministre. L’hibernation aura duré jusqu’au mardi 27 novembre dernier, pour le deuxième et dernier conseil ministériel de l’année.

Expédié en 30 minutes chrono, ce dernier conseil, composée d'une cinquantaine de ministres d'Etat, ministres, ministres délégués et secrétaires d'Etat conduits par Philémon Yang, Premier ministre, aurait dit-on, laissé les ministres pantois. Ballotés entre l’obsolescence d’une feuille de route virtuelle et la perspective annoncée d’un recyclage, ils doivent se demander ce que veut le prince, pire s’il sait au juste ce qu’il attend d’eux, en dehors de la fidélité et des louanges ? La preuve, un seul point était inscrit à l'ordre jour : L'état d’exécution à mi-parcours des « feuilles de route » ministérielles, avec pour recommandation d'améliorer la performance en redoublant d'efforts en vue de résultats plus probants. Les feuilles de route ministérielles ont été instituées en 2004 afin, croit-on savoir, d’améliorer la performance des administrations et les orienter vers l’atteinte des résultats.

Selon l’encyclopédie wikipédia. « Le Conseil des ministres est le nom généralement donné à la réunion régulière, le plus souvent hebdomadaire, d'un gouvernement » (chef du gouvernement et ministres). C’est sans doute ce que l’évanescent Philémon Yang, illuminé, a compris dans sa tête : « L’on a parlé du travail gouvernemental. Nous avons reçu des instructions du chef de l’Etat. Et surtout ses conseils, parce qu’il encadre constamment le gouvernement. L’ambiance était très bonne, les ministres aiment entourer le chef de l’Etat… Pour des détails, on en parlera une autre fois ».

Le rituel était celui des grandes loges ou le grand maître, du haut de sa fonction parle à des « disciples » qui doivent écouter le sermon comme on écoute la parole de Dieu. Sermon sur la montagne ? Et le maître dit : « Le monde moderne n’attend pas. Une fois la décision prise, l’exécution doit suivre sans retards inutiles », « il s’agit, ni plus ni moins, d’imprimer à notre économie une « nouvelle dynamique » et de mettre notre pays sur les rails de l’émergence ». Chaque membre du gouvernement doit établir « dans un délai d’un mois et demi la feuille de route de son département, mentionnant les objectifs, les échéances et les besoins éventuels en ressources humaines ».

A quand le prochain conseil de ministre ? Il n y a aucun calendrier. On se souvient que le premier conseil ministériel post-présidentiel considéré par les observateurs comme événement de taille avait été précédé par le dernier qui remontait …au 3 juillet 2009, soit 3 ans auparavant. En 1994, année exceptionnelle, il n'a tenu que quatre conseils des ministres. Il est vrai qu'en 1993 les ministres camerounais ne s'étaient jamais réunis autour du Président...

Biya a-t-il l'intention de s'impliquer davantage dans son pays ? Rien n’est moins sûr. Même les poses de premières pierres bruyamment annoncées connaissent une accalmie, en attendant les démarrages des travaux qu’il est urgent d’attendre. L’intempestive entrée en scène de Belinga Eboutou, chef de cabinet civil, la curieuse insistance sur les feuilles de route au contenu vide, et maintenant la mise en perspective d’un recyclage ministériel, peuvent induire que franchi le cap de 30 ans de pouvoir, le président de la République a besoin de jus dans les jambes pour poursuivre sa course personnelle vers de nouvelles échéances moins divertissantes qu’un conseil de ministre…


29/11/2012
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