Dangers de la «Chineafrique». Des prisonniers chinois comme main d'oeuvre au Cameroun


« J’aime la Chine mais la Chineafrique me fait peur »

« J’aime la Chine mais la Chineafrique me fait peur »

Je vais commencer cet extrait par un exemple vécu, quand j’étais encore tout jeune, dans les années 1984, dans la ville de Bangangté, chef lieu du département du Ndé. En 1984, la société  Cogefar est appelée à construire la route Bana- Bafia, la ville de Bangangté est presque vide, la société Cogefar décide d’installer sa base dans le chef lieu de département du Ndé. Quelques jours après on constate que:

-La ville de Bangangté a  doublé sa population
-La ville a 2 hôtels fonctionnant à plein régime alors que l’unique était sans clients par le passé
-Les emplois sont nombreux et bien rémunérés

La Cogefar a juste eu le temps de déployer ses ingénieurs et ses gros bulldozers, les jeunes Camerounais ont été recrutés en masse pour participer à l’édifice du gros projet. Et la Chine alors ? Comment gère-t-elle ses chantiers?

La Chine voit dans l’Afrique un réservoir de matières premières énergétiques et minières. Pour les Etats africains, Pékin est un partenaire commercial idéal, qui n’impose pas de conditions politiques particulières à ses fournisseurs et qui leur assure même un soutien diplomatique. Mais les relations sino-africaines heurtent de plus en plus les intérêts des peuples africains en quête d’emploi et de certains Etats soucieux, eux aussi, de diversifier leur approvisionnement pétrolier. Surtout ; l’enthousiasme de l’Afrique pour la Chine risque de s’émousser rapidement ; à terme, une hausse des prix des produits agricoles aurait un effet négatif sur les économies africaines.

L’arrivée de la Chine a été salutaire car elle est beaucoup moins exigeante que les occidentaux et se présente pour ces pays comme un modèle.  Cependant la population africaine est de plus en plus réticente à cette présence et commence à réagir. Les relations sino-africaines ou encore la « deuxième colonisation » de l’Afrique peuvent-elles permettre à l’Afrique de décoller ?

De nombreux présidents africains sont issus du corps de l’armée, on compte 20 pays sur 54 dirigés par des anciens militaires  (Burkina, Congo, Erythrée,  République Démocratique du Congo, Rwanda, Soudan, Tchad, Zimbabwe…). Qu’ils aient accédé au pouvoir par coup d’État ou par la voie électorale, tous ces présidents mènent leur pays d’une main de fer. Menant un régime présidentiel centralisé, ils musèlent la presse et s’occupent  peu de  la population. Le plus significatif est l’Erythrée, nommé en 2010, le moins respectueux de la liberté d’expression et de la presse par Reporters sans frontières (Rsf). Dans ce pays, en 2012, pas moins de 33 journalistes sont actuellement emprisonné.

Visiblement, les menaces occidentales n’ont pas beaucoup d’effets sur ces pays qui mènent des relations de plus en plus intenses avec la Chine car elle a su se montrer habile et complaisante avec eux. Car la Chine est aussi un excellent fournisseur d’armes pour ces pays, ainsi en 2005, le gouvernement soudanais aurait reçu pour près de 100 millions de dollars d’armements comprenant des avions de combats, des hélicoptères et des armes lourdes, alors qu’au Darfour les enfants meurent de faim. En 2005, elle aurait fourni pour plus de 240 millions de dollars d’armement au régime dictatorial de Mugabe au Zimbabwe.

Etablie dès la conférence de Bandoeng en 1955, la politique chinoise envers les pays africains repose sur 5 grands principes qu’elle a développés en 1953. Présentés par Zhou Enlai, lors de la conférence de Bandoeng, ces 5 principes qu’elle nomme « principes de la coexistence pacifique » sont :

-Respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale,
-Non-agression mutuelle,
-Non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures,
-Egalité et avantage réciproque
-Coexistence pacifique

 Pour le gouvernement chinois, ces principes sont garants de la paix et de la sécurité internationale. Et de nombreux pays africains vont voir dans cette politique un excellent compromis pour contourner la politique interventionniste de l’occident qui impose souvent des restrictions et des changements brusques pour mener à la démocratie et à la bonne gouvernance de leur pays, conditions préalables à toute forme d’aide occidentale.

Une aide chinoise qui n’est pas désintéressée

La Chine n’a jamais caché son intérêt grandissant pour les matières premières énergétiques dont son développement dépend. A mesure que la population et l’industrie chinoise s’agrandissent les besoins énergétiques sont de plus en plus présents. Comme l’indique Serge Michel dans son livre La Chinafrique : « La République Populaire a un besoin vital en matières premières dont le continent regorge : le pétrole, les minerais, mais aussi le bois, le poisson et les produits agricoles ».

Si la Chine ne parvenait pas à couvrir ses besoins en énergie, sa descente serait inévitable, c’est donc naturellement devenu le souci principal du gouvernement. La Chine a peu à peu développé une politique de coopération étrangère avec le reste du monde. Elle est le second importateur de pétrole derrière les Usa depuis 2005. En 1999,  sa consommation de pétrole constituait 27% de ses importations et atteignent aujourd’hui 40%.

Si les principaux fournisseurs de la Chine restent l’Iran et l’Arabie Saoudite, elle se doit de diversifier ces partenaires afin de constituer un flux constant d’approvisionnement en matières énergétiques et d’éviter toute rupture. Comme le souligne Chung-Lian Jiang : « L’économie chinoise entrerait dans le chaos si son approvisionnement en pétrole brut est coupé. ».  10% de la production mondiale de pétrole brut provient de l’Afrique. La Chine y a donc naturellement augmenté ses investissements en associant la China National Petrolum Corporation (Cnpc) avec des sociétés prospectrices en Angola ou au Soudan.

Selon les experts, il est difficile de chiffrer exactement le montant des investissements chinois pour chaque projet de construction de pipeline ou de prospection. Cependant à titre d’exemple, selon Chung-Lian Jiang, la Chine aurait investi près de 700 millions de dollars pour le projet Menglad au Soudan. Mais la Chine proposerait aussi des avantages en nature tel que la main d’œuvre gratuite qu’elle se procurerait grâce à sa réserve de prisonniers qu’elle expatrie pour effectuer des travaux forcés. De même, de nombreux travailleurs chinois n’hésitent pas à s’expatrier sur le continent africain afin d’y tenter leur chance. Actuellement, il est difficile de prouver la véracité des divers arguments avancés par les experts étant donné l’opacité de la politique chinoise.

L’Angola, le Soudan et le Nigeria sont devenus les principaux pays africains fournisseurs de pétrole. En 2011, les exportations pétrolières angolaises représentaient 16.3% du volume global d’importations chinoises soit 42.6% d’augmentation par rapport à 2010. L’Angola est devenu le premier exportateur de pétrole en Chine. Les détracteurs de la Chine l’accusent souvent de piller les ressources africaines pourtant ; seulement  8.7% du pétrole africain est exporté vers la Chine qui reste loin derrière les Usa (33%) et l’Union Européenne (36%).

La Chine ne peut donc pas être accusée de pillage quand ses homologues occidentaux en extraient plus du triple. Mais le continent africain représente aussi pour la Chine un énorme marché avec plus d’un milliard d’acheteurs potentiels, la Chine inonde donc les pays africains de produits de qualité médiocre fabriqués à moindre coût mais répondant au pouvoir d’achat africain. C’est aussi un moyen de tester ses innovations que l’occident voit souvent d’un mauvais œil. La Chine a fourni des hélicoptères, des avions, des armes légères à divers pays d’Afrique. Elle fournit aussi des services, avec environ 900 entreprises installées à travers le continent africain. La Chine a tout intérêt à inciter les pays africains à coopérer avec elle car ils constituent pour elle un véritable vivier pour sa croissance et son développement.

Une économie locale en souffrance

De plus, l’économie locale en Afrique est de plus en plus en souffrance. En effet, le continent est inondé de produits manufacturés chinois vendus à des prix défiant toute concurrence. Les entreprises chinoises se délocalisent de plus en plus vers  l’Afrique provoquant ainsi la fermeture d’entreprises locales. L’Ile Maurice où l’économie repose surtout sur la production de textile aurait perdu près de 10 000 emplois dans ce secteur à cause de la concurrence chinoise.

Que vaut la Cicam aujourd’hui quant on sait que les pagnes qu’elle vend sont parfois retrouvés sur le marché en provenance de la Chine à un prix 3 fois moins cher!  En plus l’industrie du textile représentée par La Cotonnière Industrielle du Cameroun a perdu près de 50%  de son chiffre d’affaires en cinq ans, de plus cette entreprise a dû se séparer d’environ 220 employés. Les contrefaçons submergent les marchés, que ce soit des grandes marques occidentales ou encore des boubous africains, les chinois produisent toutes sortes de produits et à moindre coût. Le dumping est source de conflits et n’est que très peu combattu en Afrique.

Les importations de produits chinois en Afrique représentaient plus de 50,84 milliards de dollars en 2011. Les politiciens africains s’inquiètent de plus en plus de cet afflux de produits chinois. c’est ainsi qu’un militant s’est demandé un jour lors d’une de nos réunions : « Est-ce que le Cameroun a besoin d’investisseurs chinois pour nous vendre des chaussures, des vêtements, de la nourriture, des poulets, des beignets et des œufs dans nos marchés quand nos citoyens le font si bien ? Sans oublier que les jeunes chinoises sont annoncées dans certains secteurs de prostitution. » Tout ceci contribue à la désindustrialisation du Cameroun et des pays africains et met ainsi l’économie en danger. La balance commerciale de certains pays africains est de plus en plus déficitaire comme en Afrique du Sud où le déficit commercial avec Pékin était de 2,7 milliards de dollars en 2009. Le président sud-africain, Jacob Zuma a même fait appel à plus d’investissements de la part du gouvernement chinois

L’environnement mis à mal par les entreprises chinoises

En novembre 2006, Pékin se réjouissait de la bonne tenue des accords passés en février 2005, lors de la conférence sur la coopération sino-africaine en matière de protection de l’environnement. Réaffirmant ainsi la volonté des deux parties de préserver l’environnement et d’intensifier le dialogue et la coopération : « (…) faire progresser leur coopération dans la construction des capacités, la lutte contre la pollution de l’eau et la désertification (…)»

Pourtant, certains pays pâtissent des relations avec la Chine sur le plan environnemental. Au Congo, qui contient la seconde réserve forestière mondiale, la déforestation ne cesse de s’amplifier. Ainsi en 2006, le Congo a  exporté plus d’un million de mètre cube de bois, 60% était destiné à la Chine qui est son premier client. Chaque année, environ 934 000 hectares de forêts disparaissent. La forêt congolaise contient près d’un tiers de la végétation mondiale. La World Wild Fundation (Wwf) estime que si les coupes d’arbres se poursuivent à ce rythme, les deux tiers de la forêt du bassin du Congo pourraient disparaître d’ici 2050.

Il en est de même au Gabon qui déclassifie peu à peu ses 13 parcs nationaux au profit d’entreprises minières et pétrolières chinoises, l’extraction de minerai est aussi un facteur de déforestation, la construction de routes, de barrages, de voies ferrés pour accéder aux mines implique une lourde déforestation. Les parcs d’Ivindo et de Belinga ont ainsi été déclassifiés, touchés par le même projet d’extraction minière de la compagnie chinoise China National Machinery & Equipement Import & Export Corporation qui outre l’extraction de minerai, prévoit la construction d’un chemin de fer, d’un port et de deux centrales hydroélectriques.

Il est évident que la construction de ces infrastructures ne profitera nullement à la population et profitera uniquement à cette entreprise. Si l’on ne peut prouver le pillage chinois des ressources africaines qui reste encore loin derrière le pillage occidental présent en Afrique depuis plus longtemps, la Chine prend peu à peu le pas sur ses prédécesseurs.Les fleuves, les lacs aux abords des villes et des zones d’activités industrielles sont de plus en plus pollués par les rejets industriels.

Plus grave encore, l’éléphant est de plus en plus menacé en Afrique. Selon un rapport établi en 2011 par l’organisation «Sauver les éléphants et préserver la faune», entre 5000 et 12000 éléphants sont tués chaque année pour leurs défenses en ivoire dont les trois quarts en Afrique. La population chinoise est très friande d’objets en ivoire. Le rapport recense 297 000 objets en ivoire à travers le monde et ce malgré l’interdiction du commerce de l’ivoire en vigueur depuis 1989. Le paléontologue Richard Leakey, ancien directeur du service kenyan de la faune (KWS) estime que «les éléphants pourront disparaître en 30 ans si le marché n’est pas contrôlé et la répression (du braconnage) améliorée.» La Chine étant encore considérée comme un pays émergent, n’est pas tenue de respecter le protocole de Kyoto dont elle fait  partie, ainsi elle n’engage pas sa responsabilité internationale et se permet de polluer à outrance profitant ainsi largement du délai qu’il lui est accordé.

 Pour éviter que ces faiblesses s’empirent et deviennent un fléau, les pays africains ont besoin d’un consensus commun. En établissant une politique commune, en imposant ses conditions à la Chine et en apprenant à dire non, l’Afrique pourrait profiter encore plus de cette relation. Cependant le grand nombre de régimes autoritaires africains se contente des relations que leur offre la Chine car elle permet de leur donner une position confortable, durable et soutenue, mais la population n’est pas dupe et peu à peu les mouvements de protestation se multiplient. Cette chine a-t-elle sauvé le régime libyen du guide de la révolution ? Que dire du combattant Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ?

La diaspora chinoise et ses motivations

Il est très difficile de connaître le nombre exact de Chinois en Afrique. Arrivée pour la construction de chantiers, pour ouvrir des commerces, pour tenter une nouvelle vie dans l’Eldorado africain, la population chinoise est de plus en plus présente sur le continent africain. Les chiffres oscillent entre 130 000 ressortissants en 2006,  750 000 en 2009 et près 1 500 000 en 2012. Recenser la population chinoise à travers toute l’Afrique est une chose pratiquement impossible, les chiffres divergent d’une source à l’autre et ne sont jamais sûrs.

Mais la présence chinoise en Afrique est bien réelle, une étude faite par l’Association des consommateurs camerounais  en 2012 nous révèle l’existence de  près de  2 000 commerces chinois dans les villes de Yaoundé et Douala sans oublier le double en terme de détaillants, sans oublier que chaque commerce peut enregistrer près de 10 Chinois. De même, la population chinoise semble essentiellement masculine, les maris partent souvent, laissant leur famille derrière eux afin de pouvoir subvenir au mieux à leurs besoins.

Pour réaliser au mieux ces projets de construction d’infrastructures de plus en plus nombreux. Le gouvernement chinois a besoin d’une masse importante de main d’œuvre, au lieu d’employer une main d’œuvre locale, Pékin préfère faire appel à ses citoyens plus dociles et plus à même d’accepter des conditions de travail difficile (travail jour et nuit, logement sur le lieu de construction, vie en communauté) car ils savent que ceux-ci sont déjà habitués à de telles conditions de travail et ne rechigneront pas face à l’ampleur de la tâche.

La Chine ne veut pas se permettre de prendre le risque de retarder ses chantiers et préfère donc employer le minimum de population locale. Ainsi le gouvernement chinois incite ses citoyens à s’expatrier en utilisant le meilleur argument possible, là bas, ils seront mieux payés. « A l’usine je gagne 600 yuans par mois (40 000 Fcfa) ». Même si les conditions de vie sont plus spartiates qu’en Chine, ils gagnent beaucoup à quitter leur pays. De plus, s’il leur arrive un incident sur place, la famille chinoise est très largement dédommagée : « les héritiers de la famille de Benguela vont recevoir 300 000 yuans (20 000 000 Fcfa), une somme astronomique dans les campagnes chinoises».

Les citoyens Chinois partent donc l’esprit tranquille sachant leur famille en sécurité. Certaines régions de Chine étant peu ou trop industrialisées, beaucoup de Chinois ne parviennent pas à trouver du travail ainsi que les migrants ruraux très nombreux, qui forment en Chine une population flottante. Ainsi, tous sont très intéressés par le nouvel eldorado africain car ils ont l’espoir de pouvoir trouver une vie meilleure. De plus, ils ne partent pas en territoire inconnu, la diaspora chinoise, déjà massivement présente à travers le continent africain, rassure les candidats au départ. Le nombre de commerces chinois grandit de jour en jour, les Chinois sont sûrs de pouvoir y trouver des produits chinois. Il existe même au Soudan, une ferme spécialisée dans la plantation de légumes chinois. Mais cette population se sent aussi plus libre en Afrique et n’hésite pas à revendiquer des droits qu’elle n’oserait pas exiger en Chine.

Des mouvements antichinois en Afrique 

Face à l’arrivée massive de travailleurs chinois, les critiques africaines sont de plus en plus dures, la qualifiant tantôt d’invasion, de colonisation. Un sentiment antichinois de plus en plus fort naît au sein de la population. Celle-ci se sent lésée, en effet comment comprendre que les entreprises recrutent des Chinois plutôt que des locaux.

Au Cameroun, presque tous les chantiers gérés par les Chinois embauchent en main d’œuvre environ 20 % de la population locale, en Algérie, des milliers de travailleurs chinois sont employés dans tous les projets de construction alors que le taux de chômage avoisine les 30%. Ces inégalités provoquent de nombreux heurts au sein de la population. Les principales victimes sont des commerçants camerounais qui voient peu à peu la vie de leurs magasins être mise en danger. Ces commerçants accusent les Chinois de concurrence déloyale et de fraude sur les exportations. « Les Chinois sont prêts à payer des prix très élevés pour louer une  boutique. Du coup, les propriétaires les acceptent en priorité » déclare Kamdem, commerçant au marché Congo. Celui-ci explique que les commerçants chinois vendent des produits de moins bonne qualité à des prix défiant toute concurrence. L’économie locale en souffre indéniablement.

Au Cameroun, au Sénégal, en Éthiopie et au Mozambique, plusieurs manifestations ont éclaté contre cette concurrence. Il en est de même au Bénin, où les commerçants manifestent régulièrement leur mécontentent. La population africaine ne rejette pas la population chinoise mais ses méthodes. Trop longtemps abusée par les empires coloniaux, elle craint de voir le même schéma se reproduire et de ne pas profiter réellement de ses richesses. Lassée d’être abusée, la population ne peut que réagir car elle ne peut laisser le passé reprendre le dessus.

La Chine ne peut pas être accusée de colonialisme car elle ne prône pas une idéologie et n’essaie pas de convaincre les divers pays africains politiquement. Toutefois, la multiplication des commerces chinois et des travailleurs fait naître un sentiment d’injustice légitime au sein de la population. Même si le gouvernement chinois prône que sa relation avec l’Afrique est purement économique, celle-ci engendre des conséquences internes. Les leaders de l’opposition de certains pays mènent leur campagne contre cette présence. Ainsi, en Zambie, Michel Sata, candidat aux élections présidentielles de 2006 et 2008, promettait l’expulsion des entreprises chinoises du territoire zambien.

Le gouvernement chinois a quant à lui, menacé de rompre ses relations économiques avec la Zambie. Fort heureusement pour la Chine, Michel Sata n’a pas été élu mais il a tout de même récolté un nombre non négligeable de voix  qui prouvent que ce genre de discours fait écho au sein de la population.
Au Cameroun, un leader de la société civile criait un jour au palais des Congrès  « Les Chinois copient tous et mettent de la contrefaçon sur le marché impunément, ça nous pourrit l’existence. Trouvez-vous normal que même ici au palais des Congrès quand un mur tombe on déplace un Chinois de la Chine pour venir résoudre le problème ? ».

Naissance de groupes armés antichinois 

Les nombreux conflits qui touchent le continent africain dans des pays comme le Soudan, l’Ethiopie font de plus en plus de victimes au sein de la population chinoise. Les nombreux rebelles et groupes armés profitent de la présence chinoise pour pauser de nouvelles revendications. Le 26 avril 2007, le Front National de libération de l’Ogaden en Ethiopie a attaqué une filiale de la grande compagnie pétrolière China Petrolum and Chemical Corporation tuant 65 employés éthiopiens ainsi que 9 Chinois, les assaillants ont aussi kidnappé une quarantaine de ressortissants chinois et une centaine d’Ethiopiens .

Les rebelles éthiopiens soupçonnés d’être financés par l’Erythrée, ennemi juré d’Addis-Abeba, ont revendiqué l’attaque sans préciser si leur motivation à l’encontre des Chinois était réelle. Mais ce n’est pas le cas au Soudan où les rebelles darfouris du « Mouvement pour la justice et l’égalité » se revendiquent antichinois et affirment qu’ils continueront leurs exactions tant que les Chinois seront présents sur leur territoire. En novembre 2007, ils ont attaqué une entreprise pétrolifère chinoise du Darfour, saisissant le matériel et détruisant les installations.

Mettant leur menace à exécution, le 18 octobre 2008, les rebelles darfouris ont enlevé neuf ressortissants chinois. Réclamant une rançon qui n’a pas due être remise, les rebelles ont tué cinq des sept otages et blessé deux autres, les corps des otages ont été retrouvé le 27 octobre. L‘émergence de mouvements rebelles antichinois est incontestablement liée à l’implantation massive de travailleurs chinois.

Ceci n’est pas vu d’un très bon œil par les guérillas, les chinois qui s’installent dans des pays comme le Soudan arrivent uniquement dans le but de mettre en œuvre des projets d’extraction de minerais ou de pétrole et n’ont pas conscience des conflits interethniques qui gangrènent le pays. Le Soudan n’est pas le seul touché par les enlèvements de ressortissants chinois.

Ainsi en janvier 2007, cinq employés de télécommunications puis neuf employés d’une société pétrolière ont été enlevés dans le Delta du Niger, ils ont été libérés mais par la suite deux autres employés ont été enlevés en mars et sont toujours portés disparus. La Chine n’a pas pour autant modifié sa politique envers le continent africain, cependant elle demande à ces ressortissants  plus de vigilance et demande aux autorités de « renforcer les mesures ad hoc ».

Peu à peu, les ressortissants chinois se retrouvent mêlés aux conflits internes, la Chine ne prend aucune précaution ou disposition pour protéger ses ressortissants. Ceux-ci opèrent parfois en zone minée, travaillant ainsi au péril de leurs vies. Ainsi, les travailleurs chinois exploitent près de 3266 zones considérées comme minées en Angola. L’intensification des relations sino-africaines et la perduration des conflits internes dans des pays comme le Niger, le Soudan laissent présager d’autres actes de ce type.

Au regard de tout ce mépris, la jeunesse africaine est appelée à se poser la question de la réelle place de la Chine en Afrique, de ses missions, sans oublier, sur le plan financier, comment nous, jeunes, devons rembourser les milliers de milliards ronflants que nos chefs d’Etats endettent nos Nations au quotidien sans réels plans de remboursement.

Ernest  Pekeuho

Président National du B.r.i.c.
Bloc pour la Reconstruction et l’Indépendance économique du Cameroun
www.bricparty.org // bricparty@yahoo.fr




12/10/2012
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