Curiosité: Paul Biya félicite Bachar El-Assad, Président de la Syrie

YAOUNDÉ - 20 Avril 2012
© Boris Bertolt | Mutations

Le président syrien a reçu un hommage de son homologue camerounais à l'occasion de la célébration de la fête nationale syrienne.


Biya - Assad
Photo: © Mutations


Paul Biya, le chef de l'Etat du Cameroun, semble ne pas être très ému par la situation en Syrie. Alors que le pouvoir de Bachar El-Assad, Président de la République arabe syrienne est progressivement isolé sur la scène diplomatique internationale, Paul Biya au pouvoir depuis bientôt 30 ans trouve des astuces pour féliciter son homologue syrien.

Dans un message publié dans l'édition du Cameroon tribune n° 10077 du 18 avril 2012, Paul Biya écrit: «Monsieur le président, la commémoration de la fête nationale de votre pays le 17 avril 2012, m'offre l'opportunité de vous adresser mes vives félicitations, ainsi que mes vœux de paix, de réconciliation et de concorde pour la nation syrienne». Le même jour, l'observatoire national pour la Syrie dénombrait 14 morts.

Ces félicitations adressées par Paul Biya à Bachar El-Assad interviennent à un moment où le président syrien est sur le banc de la communauté internationale. Il a été exclu de la Ligue arabe et une menace d'une intervention militaire plane sur son régime. Sur le terrain, l'armée syrienne a bombardé jeudi les quartiers rebelles de Qarabees et Jouret el-Sahayh à Homs, alors que des violences ont éclaté à Deir el-Zour à la frontière avec l'Irak, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.


«Le tueur de Syrie»

Le nombre de civils déplacés en Syrie est estimé à quelque 230.000 depuis le début du soulèvement l'an dernier, selon un rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés et le Centre de surveillance des déplacements internes (Idmc), basé à Genève. Ces faits n'ont pas empêché le chef de l'Etat camerounais d'apporter diplomatiquement un message de soutien à celui que certains appellent aujourd’hui «le tueur de Syrie».


Biya - W. Bush - 19 Mars 2003
Photo: © Archives


Cette démarche bien curieuse ne devrait, pour autant, point surprendre les observateurs avertis. Le mercredi 19 mars 2003, Paul Biya quittait Yaoundé en fin de matinée à destination de Washington sur invitation du président George W. Bush des Etats-Unis. M. Biya n'avait pas encore atterri à Washington que les bombes américaines pleuvaient déjà sur Bagdad, la capitale de l'Irak. Il a été le premier chef d'Etat à être reçu à la Maison blanche. A l'époque des faits, le Cameroun était membre non permanent du conseil de sécurité des Nations Unies. Sa voix était importante pour le déclanchement des hostilités contre Saddam Hussein.

Paul Biya après moult tergiversations avait finalement décidé de soutenir l'invasion de l'Irak. Alors qu'au même moment, ses pairs de la Cemac se réunissaient à Brazzaville pour trouver des solutions à une crise plus proche d'eux: la crise centrafricaine. Ce qui avait fait dire à l'éditorialiste du quotidien Le Messager, Jacques Doo Bell, que «Quand les autres proclament la Corrèze avant le Zambèze, sous les tropiques, c'est le contraire».

Toujours le 18 avril dernier, Paul Biya a également profité pour féliciter Robert Mugabé. Un Chef d'Etat lourdement critiqué par la communauté internationale pour ses violations permanentes des droits de l'homme. Le chef de l'Etat camerounais écrit ainsi à son homologue zimbabwéen: «J'ai le plaisir au moment où votre pays célèbre sa fête nationale le 18 avril 2012, de vous adresser mes vives et chaleureuses félicitations. Puissent sous notre dynamique impulsion, les excellentes relations d'amitié et de coopération qui existent entre nos deux pays se déployer et se consolider toujours davantage, et contribuer à l'avènement d'une Afrique paisible, prospère et solidaire».



Syrie: Déjà 10.000 morts

Après la chute des régimes tunisien et égyptien, Bachar El-Assad n'avait pas prévu que les Syriens devaient descendre dans la rue pour demander également son départ. Ce fut le cas dès le 15 mars 2011 lorsque plusieurs villes du pays s'embrasent.

Après la chute des régimes tunisien et égyptien, Bachar El-Assad n'avait pas prévu que les Syriens devaient descendre dans la rue pour demander également son départ. Ce fût le cas dès le 15 mars 2011 lorsque plusieurs villes du pays s'embrasent. Ce sont principalement les écoliers et les étudiants qui prennent la tête de la contestation. S'en suit une répression violente du régime dans la capitale. Très vite, des villes telles que Homs, Deraa, Hama et Alep sortent du lot. Plus tard, suite à la violence de la contestation, Homs deviendra progressivement l'épicentre de la contestation.

Mais les choses ne se passent pas comme le régime l'avait prévu. Face à la violence de la répression, des désertions se font progressivement enregistrées dans l'armée. Ces déserteurs, qui rejoignent la contestation intègre une opposition appelée: l'armée syrienne libre. Mouvement d'opposition crée en juillet 2011. Plus d'un an après le début de l'insurrection, certains chiffres parlent de 15 000 arrestations et 10.000 morts. La situation humanitaire est catastrophique. Le nombre de Syriens réfugiés en Turquie s'établit à 23 558 contre 25 000 la semaine dernière. Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) a de son côté annoncé que 12 500 Syriens ayant fui les violences dans leur pays pour se réfugier en Jordanie s'étaient enregistrés mi-avril auprès de l'organisation. D'après le Hcr, «Plus de 55 000 personnes ont fui la Syrie dans les pays voisins, en Jordanie, au Liban en Turquie et en Irak, accentuant la pression sur les gouvernements et les familles d'accueil».

Pendant ce temps, les Nations Unies peinent à trouver un consensus sur le dossier syrien. Deux camps s'affrontent. Celui de l'occident, conduit par les Etats-Unis et la France, qui ont le soutien de la ligue arabe et l'axe Moscou-Pekin. S'appuyant sur le précédent libyen, la Chine et la Russie ne veulent pas voir se développer dans cette partie du monde une nouvelle guerre, qui au nom du respect des «droits de l'homme» cache d'autres intérêts, Une réunion «des amis de la Syrie» était prévue hier à Paris. La Russie et la Chine n'y ont pas assisté. Pourtant, Alain Juppé, a expliqué qu'il avait «invité personnellement M. Sergev Lavrov (le chef de la diplomatie russe) à venir». Avant de regretter que la Russie continue à s'enfermer «dans une vision qui l'isole de plus en plus non seulement du monde arabe mais finalement de la communauté international».

Le ministère russe des Affaires étrangères a vivement réagi à l'organisation de cette rencontre. Son objectif, «de toute évidence, n'est pas du tout la recherche d'un terrain pour parvenir à un dialogue inter-syrien mais, à l'inverse, l'approfondissement des contradictions entre l'opposition et Damas», a dénoncé jeudi son porte-parole, Alexandre Loukachevitch.

Mais il n'est pas certain que les choses restent statiques. Le secrétaire général de l'Organisation des nations unies (Onu) Ban Ki-Moon, a recommandé, hier, au Conseil de sécurité d'autoriser une mission de 300 observateurs du cessez-le-feu «pour une période initiale de trois mois». Entre-temps, Pékin a voté samedi dernier la résolution 2042 du Conseil de sécurité de l'Onu qui autorise à terme le déploiement de 300 observateurs en Syrie.



21/04/2012
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