CRISE IVOIRIENNE: après Odinga, à qui le tour ?

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CRISE IVOIRIENNE: après Odinga, à qui le tour ?
(Le Pays 20/01/2011)


Ça y est ! Laurent Koudou Gbagbo, le célèbre boulanger d’Abidjan, a encore roulé un de ses nombreux interlocuteurs dans la farine. Comme tant d’autres, il s’agit d’un gros morceau : Raila Odinga, Premier ministre kényan, mais surtout émissaire de l’Union africaine (UA). Il s’en est retourné chez lui, déçu de sa mission : Gbagbo n’a cédé en rien. Narguant la communauté internationale comme d’habitude, le président ivoirien sortant passe le temps à se dire ouvert au dialogue avec ses adversaires, tout en se montrant hermétique aux propositions de sortie de crise.

Il ne laisse guère de choix à la communauté internationale. Celle-ci finira, bon gré mal gré, par intervenir militairement. En effet, depuis le début de la semaine, les chefs d’état-major de la CEDEAO se sont réunis à Bamako. Lors de cette 28e session, ils examineront l’éventualité d’une opération militaire pour contraindre Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir. Sur ce point en particulier, le président du comité des chefs d’état-major de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le général d’aviation, Oluseyi Petinrin, se veut catégorique : "Nous irons militairement en Côte d’Ivoire si l’on n’arrive pas par des moyens pacifiques à obtenir ce que le monde entier veut, ce que tous les pays de la CEDEAO veulent".

De son côté, le général Mahamane Touré, commissaire à la Paix et à la Sécurité de la CEDEAO, se montre lui aussi très ferme sur la question : "Il y a un président qui a été élu et reconnu. Le problème maintenant est de savoir comment faire pour qu’il exerce". Selon toute vraisemblance, les militaires sont prêts. Une détermination qui tranche d’avec les hésitations des décideurs politiques. D’après nos confrères de Radio France Internationale (RFI), une éventuelle opération militaire inclurait un plan de protection des populations civiles. Les troupes appelées à intervenir pourraient venir de plusieurs pays, principalement le Nigeria, le Sénégal, le Burkina et le Mali. Dans le cadre de cette intervention militaire, un mémorandum pourrait alors être signé avec l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Certes, ces derniers temps, il y a eu beaucoup de tergiversations quant à la manière de résoudre la crise. Alors que les casques bleus se trouvent dans une mauvaise posture en Côte d’Ivoire. Par moment, l’on a même enregistré des signes discordants au sein de la communauté internationale. La Russie, par exemple, s’oppose à l’envoi sur le terrain de complément de forces onusiennes. Simple question d’intérêt ou souci de couvrir d’anciens…"camarades socialistes" ? Mais comment Moscou qui a entrepris de vastes réformes libérales, et s’est lui-même engagé sur la voie de l’alternance démocratique, peut-il autant fermer les yeux sur des pratiques anti-républicaines comme celles en cours sur les bords de la lagune Ebrié ?

En tout cas, la position russe donne le sentiment que les pays les plus réticents à envoyer des troupes pour renforcer l’ONUCI, sont surtout ceux qui n’ont pas de soldats sur le théâtre des opérations. Par ailleurs, l’Angola, l’Afrique du Sud et la Chine passent aussi pour des soutiens actifs de Gbagbo. Reste à savoir jusqu’où ira ce soutien ? Car, l’évolution de la situation montre que les jusqu’au-boutistes du FPI ne laissent guère le choix à ceux qui doivent décider de l’opportunité d’une intervention militaire. Opération de dernier recours, celle-ci est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. En effet, que faire d’autre, l’échec de la mission Odinga venant s’ajouter à ceux de précédents négociateurs ?

Persister à envoyer des émissaires pour obtenir en retour les mêmes résultats ? Ou se résigner à recourir à une intervention militaire bien ciblée, et circonscrite aussi bien dans l’espace que dans le temps ? D’un moment à l’autre, la crise ivoirienne pourrait connaître un dénouement sanglant. Force est de reconnaître aujourd’hui, qu’on aura tout fait pour l’éviter. Mais il faut se rendre à l’évidence : la diplomatie ne semble pas convenir au cas Gbagbo.


"Le Pays"

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20/01/2011
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