Credit Agricole du Cameroun: Frédéric Ekandé, ancien Syndic de Faillite et liquidateur de la banque, en detention depuis 3 ans, dans le collimateur de la mafia

YAOUNDE - 06 MARS 2012
© Lewis Medjo (La Détente) | Correspondance

L'ancien député du département du Moungo, ci-devant Syndic de Faillite et liquidateur du Crédit Agricole du Cameroun croupit depuis plus de trois ans dans les geôles du pénitencier de Yaoundé, sans que la moindre preuve de sa culpabilité n'ait été établie.

En détention préventive depuis plus de trois ans à la prison centrale de Yaoundé, l'ancien Syndic de Faillite et liquidateur du Crédit Agricole du Cameroun (CAC) est victime d'un complot ourdi contre sa modeste personne par une bande de prévaricateurs fabriqués par le Renouveau mais qui pourtant, tuent le Renouveau.

L'ancien député du département du Moungo, ci-devant Syndic de Faillite et liquidateur du Crédit Agricole du Cameroun croupit depuis plus de trois ans dans les geôles du pénitencier de Yaoundé, sans que la moindre preuve de sa culpabilité n'ait été établie. Sans jugement depuis 1 161 jours (à la date du 05 mars 2012), Frédéric Ekandé a malgré tout de même soulevé l'exception d'incompétence d'ordre public qui consiste à exiger du tribunal pénal son dessaisissement ce d'autant plus qu'un liquidateur bancaire ne peut être jugé au même titre qu'un dirigeant de société car les deux qualités sont régies par des textes différents. Depuis lors, plus rien. Pendant ce temps, la santé du sexagénaire se détériore chaque jour davantage.


COMPROMIS LEGAL ET CONVENTIONNEL

Il est reproché à Frédéric Ekandé, des abandons de créances. Ce qui le rend suspect de détournement de deniers publics par cette voie. Ainsi, le ministère public le soupçonne d'avoir, contre rétribution illicite, abandonné des dettes évaluées à quelque 196 millions de Fcfa, à des clients véreux en sa qualité de liquidateur de la défunte banque dénommée Crédit Agricole du Cameroun. Une accusation dont la gravité fait peser sur le présumé coupable, des peines lourdes d'emprisonnement, au regard du Code de procédure pénale. En réalité, son crime, c'est d'avoir entrepris auprès des anciens débiteurs du Crédit Agricole du Cameroun, des démarches qui ont heureusement abouti au remboursement des dettes moyennant un compromis "légal et conventionnel" qui consistait à ne pas faire payer les agios afférents au débit des divers comptes. Cette technique est très usitée dans le cadre du recouvrement de certaines créances surtout lorsque le débiteur ne dispose plus des garanties capables d'éponger toute sa dette. L'abandon de créances dont il est question ici serait plutôt un abandon d'agios commandé par une simple logique. Car comment comprendre qu'un débiteur qui éprouve de sérieuses difficultés à honorer le principal de sa créance pourrait payer des agios que l'on aurait fait courir sur des périodes très longues.

C'est le lieu d'indiquer que la convention signée entre le liquidateur et l’ex gouverneur de la BEAC, Félix Mamalepot le 11 juillet 1997, lui donne les pouvoirs les plus étendus et en son article 3 alinéa 2, celui de procéder, lorsqu'il le juge nécessaire au rabais et même à l'abandon des créances. C'est cette même convention qui fixe la rémunération et les commissions du liquidateur. L'article 1, alinéa 2 qui évoque les relations entre les parties en indiquant "qu'aucune disposition figurant au présent contrat ne peut être interpellée comme créant une relation de commettant à préposé, en établissant un lien de subordination d'employé à employeur entre le liquidateur et le client".

Le prédécesseur de Frédéric Ekandé à la liquidation du Crédit Agricole du Cameroun M. Aaron Kaldjob avait largement pratiqué la technique d'abandon de créances. A ce titre, il a abandonné des créances évaluées à 1,376 milliard de Fcfa et il n'a jamais été inquiété.

C'est également le cas pour M. Claude Tournaire de nationalité française, alors Administrateur provisoire du Crédit Agricole. Il avait largement pratiqué, et de manière aléatoire, la technique d'abandon de créances. Il n'a jamais été inquiété. Et d'ailleurs, il a quitté librement le Cameroun. A peine Fréderic Ekandé prenait-il fonction, qu'il dénonçait déjà la convention par laquelle le français cédait à la Commercial Bank of Cameroon (CBC), des engagements de 12 milliards pour un paiement de 2 milliards ! Un seul cas parmi tant d'autres. L'administrateur provisoire avait une conception personnelle et personnifiée de sa mission. En témoigne son bilan de clôture pour l'exercice 96/97. Pour tout dire, Claude Tournaire, jouait plus pour les débiteurs et pour lui-même, que pour les créanciers de la banque en difficulté. Curieusement, tout comme Aaron Kaldjob, celui-ci n'a jamais été inquiété.

D'où vient-il maintenant que l'on reproche à Frédéric Ekandé et pas aux autres, d'avoir procédé à un abandon de créances de 196 millions de Fcfa pour des débiteurs de bonne foi que sont Simon Achidi Achu, l'Abbé Jean Marie Bodo, le Pr Hubert Nkoulou, Mme Maïdadi née Marie Jeannette Mbani et autres qui sont par ailleurs entrain d'éponger progressivement leurs créances ? Pourquoi deux poids pour une même mesure ? Quelle est cette justice à plusieurs vitesses ? Si l'on peut estimer que sous l'Administration provisoire, les banques partenaires du CAC auraient versé des intérêts de 34 770 millions, qui seraient purement et simplement des recouvrements captifs, soit une moyenne mensuelle de 2 898 millions, il convient de rappeler que sous la Liquidation, 11,418 532 milliards ont été recouvrés, soit une moyenne mensuelle de 259 512 millions. Tout le travail de redressements, de régulations, de contre passation des écritures pour déterminer un solde exigible au crédit et au débit, c'est l'Administration provisoire, avec ses effectifs pléthoriques, qui aurait dû le faire avant de le passer à la Liquidation.

En somme, avec moins de moyens, Fréderic Ekandé a fait, et son travail, et celui de son devancier. Et dire que sa facture de 3 milliards pour ce travail ne lui a jusqu'ici pas été payée, suivant les dispositions que celui-ci a signé avec le gouverneur de la banque centrale de l'époque, Félix Mamalepot, il y a de quoi se demander pourquoi un tel acharnement sur la personne de Frédéric Ekandé ?



DÉVIANCE: Comment les hommes du Renouveau ont pillé le Crédit Agricole

Le Crédit agricole du Cameroun mis en place pour propulser la modernisation de l'agriculture et de l'élevage en particulier, et le développement du monde rural en général, va être réduit, grâce à des emprunts fantaisistes à hauteur de milliards Fcfa qui n'ont jamais été remboursés, à enrichir les barons du Renouveau et à engraisser quelques
grandes familles de la République.


A la faillite du Fonader, les pouvoirs publics créent, le 1er octobre 1990 le Crédit agricole, une banque agricole commerciale, en partenariat avec les allemands. Le Directeur général est allemand et se nomme Axel Volk, alors que le Président du conseil d'administration est camerounais et n'est autre que le tout puissant Gilbert Andze Tsoungui, un des hommes clés du Renouveau. Dans l'esprit du père Andze habitué aux premières places, il est impossible qu'un petit allemand vienne avoir la préséance devant lui. Il s'installe donc dans cette banque un bicéphalisme de fait qui va être préjudiciable à la marche heureuse du Crédit agricole. Axel Volk qui a été recruté pour son efficience managériale et qui veut faire du Crédit agricole une des plus grandes banque du monde rural de la sous région est combattu par Andze Tsoungui qui estime que cette banque a été mise en place pour récompenser les amis fidèles du régime (?).

C'est ainsi que dès 1993, l'opposition entre le Dg et le Pca se transforme en conflit ouvert. Le tout-puissant Andze chasse l'allemand Volk comme un pestiféré du Cameroun. Mais au moment de son départ, le désormais ex Dg du Crédit agricole adresse une lettre qui à l'époque avait fait le tour des rédactions. Ici, Axel Volk demandait instamment au Chef de l'Etat de diligenter un audit externe au plus tôt pour faire la lumière sur la gestion du Cac, particulièrement, "sur certaines pratiques en matière de crédit par lesquelles les membres de la famille du PCA ont pu bénéficier des facilités de plusieurs centaines de millions de Fcfa sans garanties fiables et de transfert de fonds à l'étranger contraire à la réglementation bancaire en vigueur".

Deux autres allemands (Bernd Stiehl puis Hubert Manfred Rauch) vont succéder à Axel Volk sans apporter la moindre amélioration sur la santé du Crédit agricole condamné à une mort certaine par le poids des créances douteuses. Le 30 juin 1995 la Cobac daigne enfin relever la mauvaise gestion du crédit agricole du Cameroun. Et en 1996 les déposants se ruent dans les guichets pour retirer leur argent sans succès. C'est la faillite.


ON LES CONNAIT

Les choses se passent au Cameroun comme si, plus le président Paul Biya prônait la rigueur et la moralisation, plus ses camarades du Rassemblement démocratique du peuple camerounais élevaient la corruption et les détournements de deniers publics au rang de vertus nationales. La mise à sac du Crédit agricole par les pontes du parti, toujours au pouvoir, est assez illustrative de cette façon de faire.

Au vu de la liste des fossoyeurs du Crédit agricole du Cameroun, on comprend non seulement la frilosité des militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) lorsqu'il s'agit de l'opération épervier, mais aussi la propension de certains caciques de cette formation politique à faire des contributions en espèces à grand raffut médiatique, histoire de prouver leur grandissime générosité qui n'est en réalité qu'un leurre.

Tout le monde se rappelle encore le niet, à la limite violente, que les militants du Rdpc ont accordé à la première velléité de la lutte contre la corruption, du temps du Premier ministre Peter Mafany Musonge, notamment dans la ville de Douala. Ils avaient laissé clairement entendre aux émissaires de leur président national qu'il n'était pas possible qu'ils soutiennent une initiative qui risquait dévaster leurs rangs en envoyant des camarades remplir les geôles de la République.

Il aura fallu que le président Paul Biya, absolument déterminé à retirer le Cameroun du peloton de tête des pays les plus corrompus au monde, frappe du poing sur la table pour que les motions de soutien insipides soutenant "fermement" cette action du chef de l'Etat commencent à venir des quatre coins du pays. Pour dire que seuls les pontes du parti au pouvoir qui savent comment ils se sont partagés l'argent du pays et ont mis l'économie nationale à genoux sont les seuls à savoir ce qu'ils risquent si certains cartons de dossiers scellés étaient ouverts un jour.

La faillite du Crédit agricole camerounais fait partie de ces dossiers qui auront la puissance d'emporter des individus qu'on croirait au dessus de tout soupçon, mais dont l'action prébendières à participé à tuer l'économie du pays et à foutre en l'air l'avenir de nombreuses générations de camerounais. Elle est bien longue la liste des personnalités du parti qui, bénéficiant des quelques appuis hauts placés, ont pris massivement de l'argent au Crédit agricole et n'ont jamais voulu le rembourser, brisant ainsi la marche sereine d'une banque sur laquelle la Nation avait mis de grands espoirs. Toutefois, à titre d'illustration, nous nous contenterons de citer une douzaine seulement, par ordre d'importance du crédit à payer:


Baba Ahmadou plus connu sous certains cieux comme Baba Danpullo, ou encore Baba Socoba, Baba Hassan, Baba Tchede promoteur de DBS. Cet homme d'affaires, brave militant du Rdpc a réussi, à lui tout seul, l'exploit d'emporter un peu plus de sept milliards Fcfa. Et avec ça, il ne rate pas une occasion de narguer le président Paul Biya. On se rappelle encore de l'occasion de la campagne électorale pour la présidentielle du 09 octobre, quand il a donné une petite aumône de quatre cents millions Fcfa pour permettre à l'homme lion d'avoir un peu d'argent frais pour mener à bien sa campagne électorale.

Le Groupe Andze: le père Andze qui était un sage africain connaissait bien les adages qui recommandent que "charité bien ordonnée commence par soi-même", ou encore, "la chèvre broute là où on l'a attachée". Il avait donc pris le soin de remplir sa besace d'après les chiffres en circulation, d'un pactole évalué à 5 milliards, et celle de ses amis. En oubliant surtout de leur conseiller un prompt remboursement. Au nombre desdits amis du très regretté Andze Tsoungui, l'on distingue en bonne place, Eyebe Lebogo (4 milliards Fcfa), Kadji Defosso (1 milliard 280 Fcfa), Ndoe Fulbert (1 milliard 233 Fcfa), Mbonde Rose (1 milliard 092 Fcfa), Ekodo (708 millions Fcfa).

On peut aussi ajouter dans cette énumération certains administrateurs du Crédit agricole qui ont eux aussi bénéficié des largesses du vieux Andze: Nyangang Robert (523 millions Fcfa), Mendim me Nko'o (69 millions Fcfa).





12/03/2012
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