Crash du Boeing de la Camair: Pourquoi Biya ne frappera pas Issa Tchiroma

YAOUNDE - 06 JUIL. 2012
© Jean Jacques ONANA | Correspondance

A cause des révélations de Marafa Hamidou Yaya, Issa Tchiroma est devenu, malgré lui, un caillou dans la chaussure de Paul Biya. Et ce n'est pas pour bientôt qu'il pourra l'en extirper.


Si officiellement Etoudi fait mine d'ignorer les coups de boutoir de Marafa Hamidou Yaya qui, depuis son incarcération, a décidé de ne pas plonger tout seul, il n'en demeure pas moins que les révélations de l'ex Sgpr constituent un véritable casse-tête pour Paul Biya. D'abord parce qu'il est la première victime de son ancien collaborateur qui le tient pour responsable de la mauvaise santé du pays et le dénonce à ses compatriotes. Ensuite, parce que Marafa épingle en règle les autres collaborateurs du chef de l’Etat dans de nombreux dossiers. En l'occurrence, le crash d'un avion de la Camair en 1995. Il désigne Issa Tchiroma Bakari, l'actuel ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement d'être responsable du drame qui a endeuillé de nombreuses familles camerounaises, notamment par sa négligence très intéressée vis-à-vis du contrat de maintenance des avions de la défunte compagnie. Issa Tchiroma était alors ministre des Transports. La conséquence de cette négligence, selon Marafa Hamidou Yaya, a été le crash qui a emporté 71 Camerounais. Pire, les familles des victimes n’ont pas été indemnisées.

Les thuriféraires du régime se sont déployés, dès la première sortie de l'ex Sgpr pour essayer de désamorcer ses bombes, le renvoyant vers la justice. Ils l'ont fait avec un certain succès jusqu'à ce qu'Issa Tchiroma lui-même soit proprement épinglé. Le très volubile ministre porte-parole, d'ordinaire très disert sur toutes les questions d'actualité, s'est vu contraint de botter en touche son implication dans le crash de la Camair. L'homme qui a réponse à tout, s'inspirant de l'un de ses prédécesseurs au poste, Augustin Kontchou Komegni, pour ne pas le nommer, n'a pas été capable de se défendre sur la question de pots-de-vin qu'il aurait touchés en contrepartie de la vie de ses compatriotes. Silence radio donc du côté de Issa Tchiroma, mais aussi des défenseurs du régime. Ce sujet est devenu plus que gênant. Où le mettre ? Que faire de cette nouvelle senteur alors que la situation est déjà intenable ?


Effet boomerang

Nos sources indiquent que le président de la République qui, jusque-là était sur l'expectative, a dû ordonner une enquête contre son ministre sur l'affaire du crash. Si l'on s'en tient aux habitudes du palais dans de pareilles affaires, logiquement, le coup de tête du chef aurait dû sévir. On se souvient du cas Alphonse Siyam Siewe qui avait été immédiatement déposé et incarcéré. Problème: inquiéter Issa Tchiroma reviendrait à donner raison à Marafa Hamidou Yaya. Pire, à lui servir de nouvelles armes pour mieux combattre Paul Biya. Du coup, ironie du sort pour l'ancien Sgpr, Tchiroma qu'il a en horreur s'en trouve blindé. Il est verni le Tchiroma qui devrait logiquement se retrouver où certains gestionnaires publics, pour moins que ça, se retrouvent aujourd’hui. Sa chance c'est Marafa Hamidou Yaya. Mais aussi le ministre d'Etat chargé de la Justice. Selon nos informations, Laurent Esso à qui le chef de l’Etat a coté le dossier Tchiroma l'a retourné à la présidence. Raison ? On ne peut pas inquiéter Issa Tchiroma sans inquiéter Jean Foumane Akame, le conseiller spécial du chef de l'Etat en charge des questions juridiques, Joseph Bélibi, Louis Paul Motazé, alors directeur commercial de la Camair.

Voilà donc Issa Tchiroma provisoirement tranquille. Provisoirement seulement, car, il est impossible d'imaginer que son travail de sape contre la Camair restera impuni. Quand bien même, Paul Biya pourrait toujours trouver une parade pour le punir sans prêter le flanc à Marafa. Il faut dire que le trafic politique que Tchiroma a ficelé avec Paul Biya est en train de se révéler comme un marché de dupes avec le chef du Rdpc dans le rôle de tête de turc. Non seulement Tchiroma l'a truandé à travers un accord politique où il n'apporte rien ou presque, en plus, il ne lui apporte que des ennuis. Mieux, il n'est même pas capable de le punir. A moins qu'au prochain remaniement ministériel, il le vire du gouvernement. Avant de se rattraper en le reprenant sur la gestion des 400 millions de Fcfa destinés à la gestion de l'image du président dans les médias à l'occasion de la dernière présidentielle. Selon certaines indiscrétions il se serait servi au détriment des médias. La-dessus, Paul Biya pourrait lui demander des comptes. Sans donner raison à Marafa.



07/07/2012
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