Coton: Chute drastique de la production

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Coton: Chute drastique de la production
(journal du cameroun 24/12/2010)


En l’espace de cinq ans, la filière a enregistré une baisse de près de 60%

Véritable descente aux enfers

C’est une véritable descente aux enfers: De 306.000 tonnes en 2005, la production du coton est passée à 184.000 tonnes en 2009. Soit une baisse de 122.000 tonnes en valeur absolue et de près de 60% en valeur relative. C’est une étude réalisée il y a quelques mois par le ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (MINEPAT), avec l’appui de la Banque mondiale (BM), qui permet de cerner les contours de cette triste réalité. Les conclusions de cette étude sont contenues dans un rapport qui sert directement de référence dans la filière dite Coton-textile-confection, CTC. Plusieurs causes sont mentionnées dans le rapport pour justifier cette contre-performance chronique. La principale cause est la très faible utilisation des engrais pesticides, les prix de ceux-ci étant revus à la hausse. A cette principale cause, gravitent d’autres raisons non négligeables comme l’absence d’une véritable politique d’exploitation de la part du gouvernement. Une situation qui oblige le pays pour l’instant à ne se contenter que des petites exploitations agricoles généralement familiales.

Le gouvernement compte exploiter les conclusions de ladite étude pour relancer cette filière qui pèse lourd dans l’économie camerounaise. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, en effet, le secteur du coton représente à lui-seul 12% du PIB industriel, 4% du PIB global et est le 4e produit d’exportation du Cameroun après l’agro-alimentaire, la chimie et le bois. Il représente 8,5% des exportations hors pétrole du pays et 14,1% du PIB de la branche agriculture industrielle et d’exportation du pays.

Accord de subvention de 15 milliards

Ce plan de relance sera mis en musique par le MINEPAT qui, depuis pratiquement deux ans, multiplie des concertations avec la BM dans ce sens. L’institution monétaire mondiale a d’ailleurs mis gracieusement à la disposition du Cameroun une enveloppe de 15 milliards Fcfa afin de mieux gérer son plan de développement de certaines filières, une quinzaine environ. La filière coton occupe le 3e rang, en terme de priorité après le bois et le tourisme. Une somme de deux milliards Fcfa a été bloquée par le MINEPAT dans le cadre de cette relance.

La politique des filières vise une chose simple: Au lieu de multiplier des efforts dans tous les sens, nous avons pensé qu’il faut se concentrer sur les secteurs où le Cameroun a un avantage comparatif. Les secteurs où nous pouvons être plus compétitifs, explique le ministre de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire. On dit souvent que qui embrasse mal, mal étreint. Quand on fait tout au même moment, on ne fait rien à la longue. Nous avons estimé qu’il faut se concentrer sur certains secteurs. C’est dans cet ordre d’idées que je mène des réflexions avec la Banque mondiale, ajoute Louis Paul Motaze.

Ces discussions ont abouti à la signature le 20 octobre 2010 d’un accord de subvention de 15 milliards susdit afin de soutenir les filières listées. Ceci, après plusieurs épisodes de divergence de points de vue nés du mauvais comportement du coton sur le marché international. Ce rapport est entrain de booster le gouvernement camerounais, plus que jamais, celui-ci est résolument engagé dans la voie du développement durable et d’exploitation optimale des niches de compétitivité identifiées dans ledit document.

Cinq principaux défis du gouvernement

Nous restons convaincus que cette filière est très importante. Le coton est produit par des paysans qui n’ont pas, pour la plupart, des moyens pour faire mieux. Nous pensons qu’en aidant ces cultivateurs, ils peuvent faire mieux et apporter beaucoup plus à notre économie. C’est également le cas des artisans, des couturiers et de tous les personnels qui travaillent dans des conditions difficiles, commente Louis Paul Motaze. Cinq principaux défis sont listés: Accroitre la valorisation locale de la fibre de coton estimée actuellement à moins de 5%, renforcer le positionnement stratégique de la cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM), promouvoir le génie créatif camerounais par le développement des métiers de la mode et mettre en œuvre des stratégies idoines pour exploiter les opportunités offertes au plan national, sous-régional et international à l’instar de AGOA et renforcer les capacités compétitives des opérateurs privés de la filière. Pour y arriver, rappelle le MINEPAT, le secteur devra être obligatoirement organisé.

C’est pour cette raison, l’interprofession vient d’être créée afin de converger les points de vue. Son premier bureau a été installé le mercredi 15 décembre 2010 à Douala par Louis Paul Motaze. Le coton est produit uniquement dans la partie septentrionale du pays qui compte trois régions: L’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord. Les populations de ces localités tirent l’essentiel des revenus monétaires de ce produit. Son exploitation est assurée par la société de développement du coton (SODECOTON), basée à Garoua et détenue par l’état à hauteur de 70%.


Par Hervé B.Endong - 23/12/2010

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24/12/2010
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