Côte d'Ivoire. La paranoïa du coup d'Etat

Côte d'Ivoire. La paranoïa du coup d'Etat
Près d’un millier d'ex-Fds aux arrêts...

Le nouveau courrier



Presque une année après la guerre dite post-électorale, la «chasse à l’homme» bat son plein dans les rangs des hommes en treillis issus des ex-Fds. Les arrestations pleuvent comme de petits pains et se poursuivent à un rythme effréné.

Dans les rangs des ex-Fds, ce n’est pas la grande sérénité. Pas parce qu’ils se reprocheraient des choses, mais bien parce qu’ils sont l’objet d’une «traque silencieuse» qui perdure depuis presque une année. Avec des arrestations en cascade dont le rythme s’est subitement accéléré ces dernières semaines.

Les prétextes de cette «purge» au sein des éléments des Forces de défense et de sécurité, sont entre autres : «tentative de déstabilisation », «complot contre l’Etat», «tentative de coup d’Etat»… Le régime Ouattara vit au rythme des tentatives de coups de force, une paranoïa extrême à l’origine de ce vaste mouvement d’arrestation dans les rangs des militaires.

Tous les militaires arrêtés le sont parce que soupçonnés de participer à un projet de déstabilisation, sans la moindre espèce de preuve. Selon les informations en notre possession, c’est au bas mot, près d’un millier (peut-être plus) de corps habillés issus des ex-Fds qui croupissent dans les geôles officielles et surtout officieuses du régime. Si le lieu de détention des militaires le plus connu reste la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (Mama), où sont détenus environ 200 militaires tous corps confondus, il reste que le gros lot des détenus est éparpillé dans des cachots officiels et non officiels. La prison civile de Yopougon (la Maca, ndlr) a été le premier lieu officiel à recevoir des militaires.

Selon une source pénitentiaire, malgré la réouverture de la Mama, des militaires soupçonnés de «comploter contre la République», continuent d’être conduits à la prison civile. Il y a une dizaine de jours, un «lot» de militaires a été envoyé à la Maca, explique notre interlocuteur. Selon lui, ce sont environ cent militaires et civils accusés de fomenter un coup, ou encore d’avoir pris une part importante dans la crise post-électorale qui sont détenus à la prison civile. La Direction de la surveillance du territoire (Dst) s’est ajoutée désormais aux goulags du régime en «accueillant en son sein» civils et militaires. Une source affirme que plusieurs militaires sont gardés dans les locaux de la célèbre Dst depuis plusieurs jours. Comme c’est le cas du souslieutenant N’Zué, en poste à Akouédo, détenu dans les locaux de la Dst depuis le mercredi 7 mars dernier. Le seul crime de ce dernier, c’est de s’être rendu lui-même le 7 mars dernier à la Dst pour signifier qu’il recevait des coups de fil anonymes lui faisant état d’une préparation supposée d’un coup de force. Ne se reprochant rien, il en avertit ses supérieurs qui l’orientent vers la DST. Depuis lors, il est détenu à la DST.

Le Camp Agban fait également partie des «cachots à FDS» du régime Ouattara. En dehors de ces lieux de détention «réguliers», d’autres camps sont devenus des prisons. Comme la garde républicaine de Treichville, le camp de la BAE de Yopougon. Et surtout le camp de la «place de la liberté» à Yopougon Nouveau quartier, censé à l’origine accueillir les candidats à la démobilisation des Frci et qui s’est avéré à la pratique être une sorte de «camp de concentration», où civils et militaires des ex-FDS arrêtés sont conduits.

Il y a plus d’une semaine, des élèves sous-officiers de l’Ensoa avaient été arrêtés à leur domicile et accusés de fomenter un coup d’Etat, parce qu’ils causaient entre eux. Ce sont près de 200 individus (militaires et civils pour la plupart) qui seraient détenus dans ce camp de fortune.

Malheureusement, cette vague d’arrestations souvent problématiques au strict plan légal est loin de prendre fin. Puisque chaque jour des personnes sont interpellées, accusées de fomenter des coups de force. Difficile dans un tel contexte de pouvoir avancer vers une véritable réconciliation et vers la reconstruction de la Côte d’Ivoire. En dépit des effets d’annonce destinés à donner bonne conscience aux bailleurs de fonds internationaux.

Gérard Koné


25/03/2012
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