Côte D'ivoire - France : Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy sur la crise ivoirienne

Côte D'ivoire - France : Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy sur la crise ivoirienne

Côte D'ivoire - France : Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy sur la crise ivoiriennePeut-on aujourd’hui défendre une forme de légalité sans être accusé de sympathie béate pour l’impérialisme occidental ?
Peut-on défendre le respect du droit sans être taxé de suppôt de la France ω
Peut-on sortir de logiques binaires dans la crise ivoirienne en voyant les bons (nationalistes) d’un côté et des méchants (impérialistes), marionnettes du FMI de l’autre ?

C’est un numéro d’équilibrisme intellectuel qui suppose de prendre un peu de hauteur dans l’analyse des faits sociaux.

Il est des situations dans la vie des hommes qui requièrent de sortir des lectures parcellaires et donc unidimensionnelles et mutilantes afin de saisir les différentes unités fragmentaires et donc comminutives d’une complexité sous-jacente qui elles-mêmes sollicitent de l’abstraction, c’est-à-dire plusieurs degrés supplémentaires dans l’analyse. Il faut pour en comprendre les fondements sortir d’une lecture binaire d’un fait social pour en analyser les éléments constitutifs de complexité, en somme, la conjonction de l’un et du multiple pour emprunter à Edgar Morin, qui qualifie cet état de fait dans La Méthode, d’Unitas Multiplex, la conjugaison de l’unique avec le multiple.

Accéder à ce degré de raisonnement suppose de partir de la perception d’une complexité de la vie sociale et des motivations des hommes. C’est aussi tenir compte d’une dimension symbolique et donc particulièrement irrationnelle dans le comportement des hommes vis-à-vis du fait politique. Cette attitude qui relève de l’irrationnel n’est pas pour autant marginale puisque la raison se doit d’essayer de la comprendre tout autant. L’univocité d’appréhension de cette complexité est une absence d’hypostase qui relève de ce que Morin appelle le paradigme de la simplification.

La complexité des situations de la vie sociale engendre des grilles de décryptages multidimensionnelles par essence, qui tiennent compte de plusieurs facteurs dont l’humain n’est pas le dernier, avec ce que cela comporte de difficulté pour l’esprit à saisir la totalité du réel soit par incompétence selon Peter ou Herbert Simon, soit par mauvaise foi, soit les deux à la fois. La pensée réductrice, mutilante aboutit inéluctablement à des actions mutilantes. Ce réductionnisme volontaire ou plus souvent inconscient chez les êtres humains est aussi et surtout l’expression d’une incapacité formelle à se saisir de la force polyscopique des actions humaines pour n’en voir que l’instrumentalisation politique.

De fait la chose politique relève d’une complexité qui tire sa substance des multiples facettes mêmes de cette acception. Le politique est le domaine de la vie sociale le plus empreint de subjectivité car relevant d’une symbolique qui elle-même s’alimente d’un imaginaire d’appartenance et porte de fait une dimension identitaire incontestable.

SUR LA SITUATION IVOIRIENNE

De fait, la situation ivoirienne qui depuis un mois nous est donnée à commenter, mérite que l’on prenne de la hauteur avant de poser des actes, des accusations, des procès d’intentions et des théorèmes ou postulats au regard des positions des uns et des autres.

Cette question ivoirienne divise profondément les populations issues d’Afrique noire qui se sont les premières intéressées à cette interpellation venue d’ailleurs.

Certains se sont positionnés immédiatement derrière l’un ou l’autre des candidats et essayé par la suite de légitimer leurs choix, irrationnels pour la plupart, affectifs pour beaucoup.

Cette deuxième catégorie de partisans (dont la majorité se retrouve du côté des supporters de Laurent Gbagbo) ont sacrifié à l’analyse, à la réalité de sa gestion politique depuis 10 ans de pouvoir pour se limiter aux incantations du tribun populaire envers l’impérialisme occidental et le complot destiné à le destituer « By all means necesaries ».

A l’analyse de la situation économique de la Côte d’Ivoire, Gbagbo a émietté et dépecé son pays qu’il a bradé à ses amis français pour la plupart (Bouygues, Bolloré, Fakhoury, etc…) en se présentant comme un leader nationaliste alors même qu’il n’a développé aucune industrie dans son pays, aucune infrastructure, aucun levier économique permettant une quelconque relance, nonobstant l’atteinte du point d’achèvement qui permettrait à son pays de bénéficier de la remise de la dette extérieure de son pays évaluée à plus de 6285 milliards de FCFA en 2008. Je vous invite à lire cet excellent article afin d’avoir une idée de la gestion erratique des ressources ivoiriennes par des pontes de la Françafrique. (http://www.lesafriques.com/actualite/comment-la-cote-d-ivoire-a-ete-livree-aux-multinationales-en-pieces-deta.htmlωItemid=89%3Farticleid%3D27168)

Pour les tenants du légalisme et du conventionnalisme (dont je suis), ils se fondent d’une part sur le respect des accords multipartites paraphés par tous les acteurs en présence dans le présent scrutin présidentiel en arguant d’un stricte application de la loi électorale et des prescriptions qu’elle imposait à tous les candidats selon les articles 59, 61, 62, 63, 64 (nouveau) du code électoral ivoirien de 2008.

Beaucoup de légitimistes qui invoquent l’applicabilité stricto sensu les termes contractuels entre les parties sans rentrer dans des considérations de personnes, ont évoqué les différents accords signés depuis 2003 entre tous les protagonistes d’un pays qui sortait de guerre et qui se sont succédés  jusqu’aux accords de Ouagadougou de 2007. C’est la thèse conventionnaliste que je défends personnellement depuis 1 mois.

D’entre les deux postures antagonistes, les uns et les autres en sont arrivés par rouerie à emprunter aux arguments assénés par  des parties extérieures au conflit telles que les puissances étrangères, et d’autres en ont rajouté, suggérés par les conseillers de Laurent Gbagbo soit la prééminence de la cour constitutionnelle sur la commission électorale Indépendante. J’ai même souvenance d’avoir entendu que la CEI n’était qu’un « machin » administratif (je rappelle qu’il s’agissait d’un accord multipartite signé par l’ensemble des parties prenantes à la sortie de crise ivoirienne) pour faire admettre que le véritable et seul recors légal était le conseil constitutionnel pour arguer d’une justification de l’élection de Laurent Gbagbo.

Cependant (et c’est l’objet de cette lecture), le président français Nicolas Sarkozy a eu un comportement INADMISSIBLE pour l’Africain que je suis et comme moi, ils sont nombreux en Afrique et ailleurs à penser que cet homme, par son manque de tact et son empressement à prendre position de fort primesautière manière a fait du tort à tous les légitimistes qui, depuis le début de cette crise ivoirienne s’essaient à utiliser le bon sens et les conventions passées depuis 2003 à Marcoussis (15-26 janvier 2003), Prétoria (3-6 avril 2005), Ouagadougou (4 mars 2007).

Nicolas Sarkozy a fait du tort à l’Afrique et ce n’est pas la première fois qu’il pose un acte à lecture univoque vis-à-vis des Africains. Il y eut d’abord le discours de DAKAR le 26 juillet 2007. C’est la raison pour laquelle ma conscience d’Africain progressiste m’enjoint de lui adresser la présente lettre afin que tous les futurs dirigeants français opèrent une conversion critique dans leur regard vis-à-vis des l’Afrique et des africains en général.

SUR LES INJONCTIONS DE NICOLAS SARKOZY, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE A LAURENT GABGBO

J’entends dire ceci à Nicolas Sarkozy, président de la République Française : Vous nous avez personnellement fait du tort par votre parénèse comminatoire à l’endroit d’un président africain encore en exercice et de fait, votre ultimatum est attentatoire à la considération minimale due à un chef d’Etat, fût-il du tiers-monde. Presque autant que Laurent Gbagbo à qui vous avez intimé l’ordre (au nom de quel viatique légitimatoireω) de quitter le pouvoir, vous avez jeté l’anathème sur les élans progressistes des oppositions en Afrique par votre intervention maladroite et cavalière, le genre d’incursion que votre tempérament naturel, irréfléchi et inconséquent vous incline à arborer.

Il me semble profitable pour vous d’entendre ceci : les temps ont changé et cette transition historique que vous semblez ignorer au même titre que l’antériorité des civilisations nègres qui vous est inconnue, votre méconnaissance des humanités et donc forcément, votre déficit de culture générale ne vous dispensent pas de savoir vous entourer.
Ainsi quand vous reproduisez mimétiquement les discours de révisionnistes à Dakar en 2007, vous jetez aux orties outre la connaissance scientifique, les recherches historiques et plus grave, vous entachez sur les plans politique et sociologique, les relations entre la France et l’Afrique d’un soupçon d’emprise tutélaire indéfinie et ce sont des postures qui écornent le travail de tous les Africains qui se battent pour l’universalité des cultures dans le nouveau paysage socioculturel mondial. L’universalité n’est pas l’universalisme des Lumières, encore moins la prédominance de vos modèles culturel et démocratique sur les valeurs africaines.

Les progressistes africains veulent travailler avec la France, mais aussi la Chine, les USA, le Sri Lanka, la Malaisie, la Russie, d’autres pays africains mais, plus encore, ILS ENTENDENT FAIRE ALLEGEANCE A LEURS PEUPLES ET REFUSENT DE S’INFEODER AUX INTERÊTS FRANÇAIS.

Nous n’entendons pas être des serviteurs de la France comme nos aînés et à chaque fois que vous vous adresserez à un chef d’Etat africain, je ne saurais trop vous conseiller de lui parler avec tous les égards et le respect dus à son rang ! Sinon alors, vous vous exposerez aux foudres de tous les siècles de frustration et de privations que vos ascendants et vous-même en tant que président de la France, vous avez imposés au Continent Africain !!! Tenez-vous-le pour dit une bonne fois pour toutes !

Monsieur le président, quand du haut de votre tribune, vous intimez ordre à un président africain, fût-il déchu, qu’attendez-vous en retour ω Que les Africains vous félicitent ω Vous exhumez sans le vouloir tout un imaginaire de souffrances subies et enfouies, des humiliations sourdes qui exacerbent la susceptibilité des populations dans leur ensemble. De fait, CE QUE VOUS ÊTES PREND LE PAS SUR CE QUE VOUS DITES ! Au final, vous entravez l’œuvre de bon sens pour laquelle vous vous battez par votre maladresse et tous ceux qui pensent comme vous sont assimilés à vous, à leur corps défendant ! Vous produisez l’effet inverse de celui escompté et faites de tous les progressistes africains qui soutiennent le président élu en Côte d’Ivoire, Alassane OUATTARA, des supplétifs de la France, ce qui n’est pas tolérable à l’heure des grands bouleversements géopolitiques dans le Sud.

Vous semblez ignorer que même si nous convenons tous aujourd’hui que Laurent Gbagbo a perdu les élections, il y a tout e même plus d’un million de voix qui se sont portées sur sa personne et vous ne pouvez ignorer le poids électoral, ni l’aura d’un président qui a présidé durant 10 ans aux destinées d’un pays et contribué à asseoir un semblant de paix que vous méprisez d’une tirade, d’un ad hominem qui nous fait du tort. Vous semblez vite oublier l’histoire des relations entre la France et l’Afrique et je vais vous rafraîchir la mémoire, c’est-à-dire que votre paresthésie scélérate mérite de ma part une leçon de culture générale et un strict rappel des lectures oubliées, au prétexte de votre refus à une perpétuelle repentance !

Durant 400 ans, plus précisément depuis 1441, l’Occident à dépouillé l’Afrique de plusieurs dizaines de millions de ses forces vives.
En deux siècles d’histoire, soit de 1600 à 1800, la population africaine n’a pas évolué d’une tête pour cause d’exploitation intensive de notre jeunesse, appelée à servir dans vos plantations dans les Caraïbes et aux USA (plus particulièrement à la John Hopkins University de Baltimore où j’ai effectué des recherches en 2009), l’on enseigne l’AFROCENTRISME, à savoir l’antériorité des civilisations nègres bien avant toutes les formes de civilisations préhistoriques à travers les Capsiens dans la préhistoire et jusqu’au début de notre histoire avec les royautés égyptiennes.

SUR LA PREHISTOIRE

Selon les travaux des historiens, eux-mêmes fonctions d’une historiographie qui s’institutionnalise de plus en plus, c’est au paléolithique supérieur, il y a environ 40 000 ans av. JC, que tout aurait commencé, lorsque des populations de type négroïde, que les préhistoriens ont appelées l’homme de Grimaldi envahirent l’Europe depuis la péninsule ibérique jusqu’en Ecosse et plus au Nord, vers la Sibérie, beaucoup plus à l’ouest.
Au Mésolithique, c’est-à-dire il y a environ 12 000 ans, d’autres populations négroïdes appelées les Capsiens affluèrent en Europe occidentale.

Il ne fait donc plus aucun doute que votre discours de Dakar le 26 juillet 2007 était une véritable hérésie parce que parsemé d’un tissu d’âneries, autant de reflets d’une courte vue.

Je tiens aussi à vous rappeler que l’Afrique pour la plupart des pays dont vous avez hérité de la tutelle n’a pas été conquise par vous.

RAPPELS HISTORIQUES

Prenons le cas du Cameroun, nous étions une colonie allemande dont vous avez hérité du fait d’une victoire de coalisés (dans laquelle la France a toujours su s’insérer par la duplicité notamment des accords Sykes-Picot de 1916) et de l’alliance d’un gouvernement rebelle bâti à partir de Londres en 1940 aux forces qui allaient remporter la guerre contre le colon allemand. Dans les deux cas de figures, vous avez profité de vos alliances et non de votre force militaire !

Fin de la première guerre mondiale (1914-1918)

Le 28 juin 1919, les puissances victorieuses signent le traité de Versailles qui impose des clauses territoriales à l’Allemagne (restitution de l’Alsace-Lorraine) mais fait aussi payer à l’Allemagne l’effort de guerre fourni par la France, ce qui permet à cette dernière de financer sa reconstruction par la mise sous tutelle de cette puissance-là. C’est aussi à cette époque que sous l’égide de la SDN (Société des Nations) de peu glorieuse mémoire que le Cameroun sera placé sous mandat français, à la faveur de la victoire relative des alliées sur l’Allemagne et donc du partage de ses possessions dont la France profitera largement et j’oserais dire…lâchement.

Fin de la deuxième guerre mondiale (1939-1945)

Vous ferez de même en 1945 lorsqu’à Yalta du 4 au 11 février 1945, les 3 véritables grands que sont Roosevelt, Churchill et Staline vous accordent une zone de contrôle de l’Allemagne libérée afin de s’assurer de la continuité de l’occupation une fois retirés outre-Atlantique (notamment pour les USA).
L’ONU naîtra de ce partage du monde-là. En Afrique, nous avons été placés par cette même ONU sous votre protectorat depuis 1945, par votre position au sein de cette nouvelle organisation et non du fait de votre puissance. Cette ONU qui instaure une nouvelle gouvernance du monde vous donne encore le bon rôle puisqu’elle permet à la France de s’octroyer le contrôle d’une bonne partie de l’Afrique dont le Cameroun  qui est mis sous sa tutelle. Il est bien entendu que cette compensation permet par ailleurs au monde dit libre de contrôler l’expansion du communisme dans la fameuse doctrine de l’endiguement qui se met progressivement en place aux USA.

Les indépendances africaines (1960’s)

Le système du Direct Rule que vous avez imposé aux populations africaines continue de produire des effets pervers plus de 50 ans après nos indépendances et vous savez pertinemment pourquoi !!!

Pendant toute la période pré-indépendances, vous avez massacré des africains sur toute l’étendue de la cartographie continentale, de la Tunisie, à l’Algérie, en passant par le Maroc, Madagascar en 1947 et partout ailleurs en Afrique noire dont pour le seul Cameroun , vous avez assassiné entre 200 000 et 1 M de personnes qui réclamaient l’autodétermination. Vous avez sucé le sang des Africains y compris de leur sous-sol. Mais il vous fallait d’abord massacrer tous les opposants crédibles et charismatiques à votre impérialisme qui réclamaient une part de liberté et vous avez fait taire toutes les voix dissonantes qui avaient un certain écho chez nous et qui pour nous sont des héros et le resteront à jamais.

Le Général de Gaulle qui est votre héros fut notre bourreau en créant la Françafrique avec 2 leviers complémentaires :

1.d’une part les réseaux d’intronisation de potentats locaux par le biais de Jacques Foccart ; c’est lui qui deviendra le véritable bourreau de toutes nos revendications d’autonomie et parmi ses faits de guerre, l’on dénombrera les assassinats de leaders camerounais (Félix Moumié entre autres) et l’intronisation de tous les dictateurs africains dont la descendance perpétue l’œuvre des parents dans une logique d’obédience à la France mais surtout, de paupérisation par l’absence de réel bagage patriotique, nationaliste bien souvent consubstantiel à une allégeance au peuple qui est par excellence la voie de l’expression démocratique

2.d’autre part le financement de ces réseaux par l’intermédiaire de la société Elf sous l’égide de Pierre Guillaumat son premier dirigeant qui aujourd’hui s’est dissimulée sous la carapace d’une plus petite société Total à seule fin d’en masquer les outrages récurrents pour les peuples africains. Les trois sociétés qui ont donné naissance à Elf Aquitaine sont : la Régir Autonome des pétroles créée le 29 juillet 1939, la SNPA créée le 10 novembre 1941 et le Bureau de recherche de pétrole créé en 1945. Ces trois sociétés ont fusionné en 1966 et donné naissance à l’ERAP, en réalité Elf-ERAP et le 27 avril 1967, la marque Elf était créée avec Pierre Guillaumat à sa tête. C’est lui qui va développer les réseaux de financements de la fameuse nébuleuse qui asservit l’Afrique francophone au diktat de l’Etat français.

DE NOS JOURS EN 2010

Les potentats locaux qui sont à votre solde à la tête de la plupart des pays d’Afrique francophone, entraineront à la fois la perte de la France mais aussi celle de leurs peuples. Une véritable relation France Africaine devra se développer sur d’autres bases négociées.
CECI EST LA SEULE CONDITION D’UNE REVALORISATION DE L’IMAGE DE LA FRANCE EN AFRIQUE ! En d’autres termes, dans les années à venir, la France devra reconquérir le cœur des Africains pour que ceux-ci pansent leurs plaies béantes ! Et ce n’est pas un comportement brutal et comminatoire comme celui dont vous avez fait preuve qui aidera à cette restauration d’une image ternie par vos outrances. Et pour cause !

Le mépris affiché, les collusions criminogènes, les liaisons incestueuses, le larbinisme fortuit, les peurs viscérales, les agenouillements, les concussions institutionnalisées, les ladreries impénitentes, les intimidations, les massacres perpétrés et tus, les persécutions muettes, les sauvageries silencieuses, les viols enfouis, les violences illégitimes légalisées, les paternalismes condescendants , les ricanements sournois, les enthousiasmes pédants, les regards niveleurs, les concupiscences serviles, l’exploitation effrénée, les paupérismes engendrés, les lâchetés perpétrées, les dévoiements imposés, les richesses usurpées…AUTANT D’ACTES D’INFÂMIE PERPETUELLE et INDEFINIE ONT FINI PAR CONVAINCRE LES AFRICAINS QUE LES INTERETS FRANÇAIS SONT ANTAGONISTES DES INTERETS AFRICAINS !

Cependant, que cette maxime soit vraie ou fausse (ce que je pense personnellement), vous avez réussi par vos complots et compromissions à les incruster de façon si forte et puissante dans l’esprit de nombreux africains qui de plus, subissent au quotidien les frustrations générées par des blocages sociologiques dus au racisme larvé, au sein même du tissu social français, que toute intervention de votre part en Afrique se doit d’être mesurée : les blessures sont encore vivaces, les plaies béantes. Elles sont encore plus sensibles quand vous soutenez ouvertement un candidat à une élection en Afrique, et quand vous travestissez des votes dits démocratiques pour introniser votre candidat tel Ali Bongo au Gabon !

VOUS AVEZ FAIT DU TORT A L’AFRIQUE, MAIS AUSSI ET SURTOUT AUX LEADERS PROGRESSISTES QUI NE VOUS SONT PAS HOSTILES MAIS QUE VOUS OPPOSEZ A LEUR OPINION PAR VOTRE AMBIGÜITE PARTISANE !

Ile ne vous viendrait pas à l’idée d’influencer les élections américaines ou de critiquer Kadhafi, ou encore Vladimir Poutine. Vous aviez un faible pour les républicains et c’est Barack Obama qui a été élu, vous êtes obligés de faire avec, bien que vous n’ayez pas grande sympathie pour lui, tant vos positions sont antagonistes. Vous n’appréciez pas plus la Chine mais elle devient la première puissance économique du monde et vous devrez vous plier à sa puissance. Il en est de même des rois du pétrole dont vous abhorrez les pratiques anachroniques et pourtant vous avez besoin d’eux pour les débouchés de vos produits et autres avions. En Biélorussie, plus de 600 membres de l’opposition viennent d’être emprisonnés par Alexandre Loukachenko, qui a recueilli 79,67% des suffrages exprimés au cours d’élections entachées d’irrégularités sans que la communauté internationale ne s’offusque. Ce président qui trône sur le Belarus depuis 16 ans entame un 4ème mandat malgré les protestations des observateurs européens, mais dans un silence étonnant de l’ONU. Ces postures pleines d’impostures de la part des institutions internationales et plus particulièrement de la part des démocraties occidentales ne sont pas à même de favoriser une lecture objective de vos positionnements dans un continent appelé AFRIQUE !

Pour que la communauté internationale se ressaisisse, elle devra se réorganiser et parler d’une voix audible chaque fois qu’une violation au droit sera perpétrée dans quelque endroit de la planète où elle se déroule !

Ainsi, je tiens à vous dire ceci, Nicolas SARKOZY : N’INTERVENEZ PLUS OUVERTEMENT DANS LES AFFAIRES AFRICAINES ! CECI EST L’INJONCTION FERME DU PRESIDENT D’UN PARTI POLITIQUE CAMEROUNAIS (PAYS SOUVERAIN) QUI NE DETESTE PAS LA FRANCE (COMMENT LE POURRAIS-JE ! C’EST MA 2eme PATRIE). CEPENDANT, JE REFUSE LA SUBORDINATION DE MON PAYS A UN AUTRE ! LAISSEZ FAIRE LES DIPLOMATES ! ILS SONT PLUS SUBTILS ET TOUT AUTANT EFFICACES.

Décidément Nicolas Sarkozy, vous n’avez rien compris à l’Afrique !!!

Il y a une nouvelle configuration mondiale qui se dessine. Non seulement l’Occident n’est plus en tête de celle-ci, mais plus encore, les équilibres se déplacent du côté de l’Est et des BRIC « S » (Brésil, Russie, Inde, Chine…auxquels il faudra rajouter l’Afrique du Sud (« S » pour South Africa) qui vient d’y être invitée)

Il n’ya plus qu’en Afrique que la France jouit d’un poids politique grâce à ses marionnettes aux ordres, mais si elle veut pérenniser ses avantages économiques et d’approvisionnements en matières premières, elle devra travailler EN PARTENARIAT avec les Africains et non plus leur imposer ses volontés. Il m’apparaît en truisme que l’intérêt de la France est donc dans la convergence de vues avec des leaders africains clairvoyants et non plus dans des diktats qui viendraient de la France car les Africains, au même titre que les Occidentaux voient le monde changer et les équilibres d’antan vaciller ! Alors, ils revendiquent leur propre révolution culturelle et sont prêts à s’accrocher à tout leader qui leur tiendrait un discours nationaliste, car pour eux, il sera toujours meilleur que les chefs d’Etat à votre solde. Si vous avez conscience de cela, alors, vous devrez faire profil bas à l’avenir et laisser les africains régler leurs problèmes.

Une autre problématique concerne le conseil de sécurité de l’ONU dans lequel ne figure aucun pays du Sud en tant que membre permanent ayant droit de veto. Si vous voulez aider les africains, arrêtez d’en faire des porte-voix pour des décisions que vous prendrez avec leur présence presque inutile au conseil de sécurité où vous êtes membres permanents à la faveur de la seconde guerre mondiale qui commence à dater alors que le monde lui-même a changé depuis le nouvel ordre mondial prôné par Bush Père en 1985.

J’entends vous amener ici et avec vous, tous les futurs dirigeants français à une nouvelle forme de coopération qui s’affranchira des ingérences malsaines et des connivences mafieuses dans les rapports entre la France et les nouvelles formes de gouvernance africaine, afin que nous parvenions de concert à chanter un hymne du changement qui scellera le nouveau rapport de l’Afrique à la FRANCE : UNE REELLE ET MUTUELLE CONSIDERATION DANS LE RESPECT DES MULTIPLES RICHESSES ET TALENTS DES UNS ET DES AUTRES, DANS LE RESPECT MUTUEL ET L’EQUIVALENCE DANS LES REPRESENTATIONS ! A DEFAUT, L’IMAGINAIRE DE L’AFRICAIN PERCEVRA TOUJOURS LE FRANCAIS COMME UN FAUCON ET UN VAUTOUR QUI S’ENGRAISSERA DU SANG DES ARICAINS ! C’EST UNE QUESTION D’INTERET MUTUEL, C’EST UN AVENIR A REINVENTER ENSEMBLE !

IL EST QUESTION ICI DE LUCIDITE POLITIQUE !

Henri Georges MINYEM
Chercheur en sciences sociales EHESS-PARIS
Professeur d’ingénierie dans les écoles d’ingénieurs
www.lcn-cameroun.org

© Correspondance de : Henri Georges MINYEM


30/12/2010
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