Contestation – 3è licence de téléphonie mobile: Le chef de l’Etat conteste-t-il le choix de Viettel?

Douala, 22 Janvier 2013
© Mathieu Nathanaël Njog | Aurore Plus

L’entreprise vietnamienne, Viettel Cameroun est adjudicatrice de la licence 3G de téléphonie mobile au Cameroun. Ce choix est contesté par les concurrents qui font valoir des arguments cocasses.

Dans son traditionnel discours de fin d’année 2012 à la nation, le chef de l’Etat Paul Biya n’a pas fait allusion ni aux états généraux de la communication du ministre de la Communication ni à l’octroi de la troisième licence de téléphonie mobile. Selon certaines indiscrétions, il a décidé en dernière minute de les retirer de son discours. Et pour cause, il n’aurait pas approuvé la manière avec laquelle ces deux opérations ont été organisées, donnant ainsi tacitement raison aux contestations et dénonciations qui ont émaillé le déroulement de ces deux projets que les ministres de tutelle disaient importants pour le gouvernement camerounais. En revanche, il a insisté sur l’énumération des dérives qui plombent les actions de développement qui sont mis en chantier. Ceci assorti de menaces de représailles. «Je suis bien conscient en effet que nous devons encore compter avec l’inertie, l’incompétence, voire la malveillance de certains qui freinent notre redressement. S’y ajoutent la corruption sous diverses formes et la fraude dans la passation des marchés publics. Le récent rapport de la Conac est particulièrement édifiant à cet égard. Il va de soi que ces atteintes à la fortune publique ne resteront pas impunies.» Avant de réaffirmer tout le bien fondé qu’il porte sur les institutions de l’Etat chargé de réguler notamment les marchés publics. «Je compte sur le Ministre chargé des Marchés Publics pour mettre fin à ces abus dans sa sphère de compétence.»

Des indiscrétions des pénates du palais, il ressort que le chef de l’Etat envoyait là, un message fort à tous ceux qui ont outrepassé leurs prérogatives et les procédures définies de manière à niveler le Cameroun vers le bas malgré la lutte acharné contre la corruption et les prévaricateurs. Surtout qu’on se souvient qu’il avait fait une priorité, l’attribution de la 3è licence 3G de téléphonie mobile, au plus tard, en fin d’année 2012. L’objectif était de rendre le coût de la communication accessible à la bourse des plus démunis afin de combler la fracture des Tic au Cameroun, avec un taux de pénétration de l’internet qui est encore en dessous de 10% et de la téléphonie mobile qui est encore en dessous de 40%. C’est alors avec grande satisfaction que les Camerounais ont accueilli le nom de celui qui a été dévoilé pour être l’adjudicateur de la 3è licence 3G de téléphonie mobile, Viettel Cameroun. De l’homme d’affaire camerounais, Baba Danpoulos. Malheureusement, elle a été de courte durée. Puisqu’aussitôt des contestations ont été enregistrées et qui continuent à animer l’actualité au point de remettre en cause la procédure de son attribution. Korea Telecom a d’ailleurs déposé le vendredi 14 décembre 2012 auprès du ministère des Marchés publics un recours en annulation contre la décision du ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel).

Des révélations chaque jours croustillantes font état de ce que Biyiti bi Essam, le Minpostel a fait preuve dans cette attribution de: - violation de procédures dans la passation des marchés publics, - non respect des instructions du Premier ministre, chef du gouvernement, - et de collusion d’intérêt. En effet, avant que la procédure entre dans sa dernière ligne droite avec la publication de la short list de sept postulants: Bharti Airtel (Inde), Monaco Telecom (France), Viettel (Vietnam), Maroc Telecom (Maroc), Portugal Telecom SGPS (Portugal), Detecom/Deutsche Telecom (Allemagne), Technologie et Système d’information/ Korea Telecom (Corée); le Premier ministre remet en cause le cabinet conseil chargé d’accompagner le Minpostel dans le choix de l’adjudicateur de la 3è licence 3G de téléphonie mobile. En sa qualité de l'autorité régulatrice des marchés publics, il a dénoncé le fait que Biyiti bi Essam avait choisi le Cabinet Maas Telecom/Avilyos de gré à gré; et a demandé au Minpostel de transférer sans délai au Ministère délégué à la Présidence chargé des Marchés Publics, pour compétence, le dossier relatif au processus de sélection d’un cabinet devant accompagner le gouvernement dans ledit choix. Ceci afin d’éviter, le cas échéant des soupçons de pot-de-vin.


Un manque de transparence incontestable

Ce d’autant plus que Maas Telecom et Avilyos qui s’étaient regroupés pour ce marché, étaient les entreprises détentrices de quasiment tous les marchés du Minpostel: - Contrôle et suivi de la pose de la fibre optique entre Kome et Bongor (2009-2010), Office tchadien de régulation des Télécommunications, Tchad; - Contrôle et suivi de la pose de la fibre optique entre Jebba et Oshogbo, Phase 3 - L’étude en vue de la construction de nouveaux points d’atterrissage des câbles sous-marins à fibre optique au Cameroun; - Projet de suivi et contrôle des travaux de construction de la boucle optique urbaine de la ville de Douala, Cameroun. Pour un montant global de près de 12 millions de dollars Usa (environ 6,6 milliards Fcfa) Laissant prospérer l’idée selon laquelle, Albert Kamanou, Dg d’Avilyos est l’homme lige du Minpostel. Or en, passant par le Ministère des Marchés Publics, cette sélection devait être effectuée par la Direction Générale des Marchés des Approvisionnements et des Services, à travers la Direction des Marchés des Services et des Prestations Intellectuelles, elle-même assistée par la Commission Centrale de Passation des Marchés des Services et des Prestations Intellectuelles, puisque le montant du projet concerné, à savoir cette prestation d’assistance à la sélection du 3ème opérateur, était supérieur à 50 millions de Fcfa.



22/01/2013
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