Constat: Doit-on adhérer à une secte pour réussir sa vie ou avoir une promotion sociale ?

Constat: Doit-on adhérer à une secte pour réussir sa vie ou avoir une promotion sociale ?

Franc Macon:Camer.beDe  jeunes cadres nous ont abordés pour avoir notre avis par rapport aux propositions qui leur sont faites pour leur promotion sociale. Leur embarras se trouve renforcé par le fait que, dos au mur, ils n’ont presque pas la possibilité de dire non, au risque de perdre leur emploi. Que doit faire un chrétien par rapport aux propositions indécentes ? On ne peut pas affirmer que pour avoir une promotion sociale au Cameroun, il faut   appartenir à une secte ou à un ordre ésotérique. Nous reconnaissons qu’il y a de grands responsables de notre pays qui sont dans les sectes, mais tous les responsables au Cameroun ne sont pas pour autant des sectaires. Certains le sont par option de vie personnelle. Ils ne doivent pas leur fortune à la secte ou à l’ordre ésotérique. Alors ils ne font pas de mélange entre les affaires, le travail et leur vie privée. Ceux, malheureusement nombreux, qui soumettent les cooptés aux chantages sont tout simplement des pervers et sadiques qui expriment mal leur désir de domination et d’asservissement de leurs congénères.  Parce qu’on ne dialogue pas avec des pervers, et qu’il est dangereux d’entretenir un quelconque commerce avec eux, il faut les éviter et les dénoncer.

D’abord, ne voyons pas seulement la chute, faisons l’effort  de voir aussi où on a commencé à glisser. Avant d’être dos au mur, on a donné à l’autre l’occasion de vous coincer. On lui a présenté nos failles et il nous tient par nos faiblesses. Notre culture favorise l’assistanat et la fainéantise tributaires d’un infantilisme qui soumet le jeune longtemps sous le giron d’une autre personne. Il n’est pas rare de voir, chez nous, des adultes-parents loger encore chez leurs parents. D’autre part, les notions de père et de mère, de maître, sont plutôt larges, et ne traduisent pas toujours le géniteur, la génitrice ou l’éducateur. Si dans la société traditionnelle cela ne posait pas de problèmes.

Aujourd’hui, les choses ont changé. On est obligé de nommer les réalités de façon conventionnelle. Il y a des dénominations qui assujettissent ceux qui les prononcent en les mettant sous une autre personne appelée « maître » ou improprement « père ». Est-on un père ou une mère pour quelqu’un parce qu’on lui a trouvé un emploi ? Que non ! On risque tout confondre et tout mélanger. Le côté affectif ne s’accommode pas toujours aux affaires. C’est malheureusement ce que nous vivons chez nous. Le mérite n’est pas reconnu. On passe par des voies de travers pour se faire une place sous le soleil. Parce que  le recrutement n’a pas été conventionnel, il sera aussi possible que le licenciement ne le soit pas. La recrue a conscience qu’elle a bénéficié d’un régime de faveur, qu’elle doit sa position à une personne ou à un réseau. Elle oublie que les dons, les cadeaux lient. Tôt ou tard, on finit par les payer, et,  au prix fort. Pour éviter tout compromis, il vaut mieux lever toute équivoque dès le départ. Rien n’est gratuit. Je dois savoir ce à quoi je m’engage en acceptant telle ou telle faveur. Il peut arriver qu’une situation d’indigence fragilise le demandeur d’emploi,  et qu’elle le rende un peu plus vulnérable. Il  fera appel à son intelligence. S’il na pas de choix de résister à ses bourreaux, parce que propriétaires majoritaires des actions de la société, il vaut mieux pour lui renoncer à l’offre. Au cas où les règles du jeu sont révélées seulement après le recrutement, il devra exprimer clairement ses vues et amener ses employeurs à s’en tenir strictement, pour leur collaboration, à l’aspect professionnel et au contrat de travail qui les lient. Si aucune solution n’est trouvée, il vaut mieux déposer sa démission à temps, après avoir consulté son avocat, ou son conseil juridique, en sachant que les vrais motifs du licenciement ne seront jamais évoqués ou présentés aux tribunaux.

Pour ce qui est de la fonction publique, la réaction sera différente. Vous êtes déjà fonctionnaire. On vous tient par le miroitement des nominations et de la promotion. Le chrétien ne doit pas céder à de telles pressions. Il doit se contenter de son salaire et du rythme de progression ou de promotion prévu  par les textes régissant la fonction publique. Dans son combat, il n’est pas seul. Il a Dieu, son Bouclier, son Protecteur. Ses bourreaux ne sont pas éternels. On peut les muter n’importe quand et ils sont mortels. On leur résiste en faisant recours à l’arme que nous propose l’Eglise : la prière. Il faut prier pour soi-même pour ne pas céder à la tentation, et prier aussi pour la conversion des bourreaux. Le miracle est toujours possible. Plusieurs de ces maîtres ont pu se convertir au soir de leur vie.

Il est non seulement exagéré, mais surtout faux de croire que l’adhésion aux sectes ou aux ordres initiatiques est un passage obligé pour réussir sa vie. Nos études nous ont révélé que ces deux entités sont bel et bien différentes. Adhérer aux sectes peut traduire un besoin alimentaire dans une société qui ne réussit pas à nourrir ses enfants. On reconnaît aux sectes une réelle solidarité. Mais embrasser une nouvelle religion pour des raisons alimentaires est tout simplement regrettable. Il est écrit que l’homme ne vivra pas seulement de pain (cf. Mt. 4,4). Pour ce qui est des ordres initiatiques, elles regroupent des personnes d’un même rang social ou qui ont déjà un potentiel de réussite. Elles ne vous apportent rien intrinsèquement. Elles créent aussi un réseau de solidarité pour avoir des facilités en affaires et des entrées dans les milieux fermés. C’est bien vrai ce qu’a dit Jésus : les fils de ce monde sont habiles entre eux. Ils savent se soutenir et s’unir.

Pour vous recruter, vous devez bien préciser votre religion sur votre Curriculum Vitae. Et même, on ne vous recrute pas si vous n’êtes pas recommandé ou parrainé. On devrait  recommander cette même solidarité à nos chrétiens. On ne le fait pas, parce que ce serait faire la promotion de l’arbitraire et de la médiocrité quand l’Eglise exhorte la promotion de l’excellence. Nous reconnaissons que cette ouverture aux autres nous a beaucoup coûté. Elle a permis à l’ennemi d’entrer au sein de l’Eglise. Il est peut-être temps pour les chrétiens de chercher à promouvoir l’excellence parmi eux. Ainsi, ils apprendront aussi à être habiles entre eux. A la guerre, comme à la guerre. Nous avons tout pour résister à l’adversaire et proposer aux jeunes les voies de bonheur et de réussite qui font honneur à leur être chrétien pour leur plein épanouissement et le salut de leur âme. Pour que l’enseignement social de l’Eglise soit porté aux plus hautes instances de prise de décisions, nous encourageons nos fidèles à postuler aux postes de commandement et de souveraineté, et nous leur promettons nos prières et notre indéfectible soutien.

© L'Effort Camerounais : Abbé Jean Benoît NLEND


16/02/2012
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