Conseil d’administration - ARMP: Comment Ndoudoumou et Hamadjoda tentent de "laver" leur casier judiciaire

YAOUNDE - 05 JUILLET 2012
© Michel Tafou | La Météo

Le Dg, mais aussi son Pca, épinglés par le Contrôle supérieur, ont mis de gros moyens en jeu pour se redonner une virginité managériale.

«Ce qui me désole, dans notre pays, c'est que la plupart de ceux qui dirigent se préoccupent beaucoup plus de polir leur propre image que de marquer l'histoire par leur bonne gestion.» Ces propos écœurés sont d'un haut cadre de l'Agence de régulation des marchés publics (Armp), qui depuis quelques mois a décidé de prendre ses distances avec une hiérarchie dont il qualifie les pratiques de "nauséeuses".

Ainsi évoque-t-il, sous le sceau de l'anonymat, les "gros moyens" mobilisés par la direction générale de l'entreprise publique en vue de l'organisation de la session du conseil d'administration de jeudi dernier à Yaoundé. Il décrit les apartés "complices", "une ambiance de préparatifs pendant laquelle le téléphone n'a sans doute jamais autant fonctionné entre les administrateurs traités comme des princes". Le résultat de ces conciliabules, entre coquins, est sans doute le scandaleux "quitus de bonne gestion" donné au directeur général Jean Jacques Ndoudoumou. Un satisfecit que d'aucuns n'hésitent pas à qualifier de scandaleux, au vu de la dernière actualité à l'Armp.

Le 11 juin dernier en effet, M. Ndoudoumou, bien connu des lecteurs de nos colonnes depuis quelques mois pour ses frasques, était condamné par le Conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) du Contrôle supérieur de l'Etat (Consupe) au remboursement de 62,6 millions de francs, représentant le montant des primes de recouvrement indûment et personnellement perçues pour la période 2007-2010. On reprochait au grand gestionnaire d'avoir procédé au paiement de primes spéciales ou avantages indus, aussi bien à lui-même qu'à des personnels, mais aussi à d'autres personnes n'ayant aucun lien avec l'Armp. Non content de s'en mettre ainsi plein les poches, il ne se crut point obligé de transmettre au ministère des Finances les résolutions de son conseil d'administration instituant ces fameuses primes. Et comme si cela ne suffisait pas, le Dg de l'Armp a procédé à des dizaines de recrutements et nominations en violation flagrante des procédures.


Bravade

Ebranlé par ces fautes de gestion, Jean Jacques Ndoudoumou n'est pas allé se chercher bien loin sa nouvelle virginité. Il a fait appel à des gens qui lui ressemblent. A commencer par le président de son conseil d'administration, Hamadjoda Adjoudji, qui lui a décerné le bruyant "quitus de bonne gestion". Et il ne viendrait à personne, sauf à être aveugle, l'idée que ce blanc-seing a été obtenu de façon désintéressée.

Quel crédit, en effet, peut-on accorder à l'avis favorable d'un président de jury lui-même trempé dans des scandales financiers? L'histoire étant têtue, on se souviendra que, dans la fournée des poursuites engagées par le Cdbf, le dossier du Pca a été transmis à la justice camerounaise, lui qui a validé l'instauration des primes spéciales d'apurement et de recouvrement de son directeur général. Le Consupe a estimé que certains actes de gestion sont imputables à Hamadjoda Adjoudji, et donc "susceptibles d'être qualifiés de délits ou de crimes". De mauvais gestionnaires, juges et parties et qui s'auto congratulent, il n'y a qu'au Cameroun qu'on peut vivre pareil événement. Entre criminels économiques, on se serre les coudes!

Les résolutions de la dernière session du conseil d'administration de l'Armp sont une véritable provocation, un pied-de-¬nez mais aussi un acte de défiance vis-à-vis des institutions républicaines. Et on est aujourd'hui curieux de savoir comment elles seront interprétées, aussi bien par l'Exécutif que le judiciaire. Si elles restaient sans suite, cela constituerait un fâcheux précédent dans la quête d'une meilleure souvenance par le président Paul Biya.
Le Pca et le Dg de l'Armp auraient néanmoins de bonnes raisons de ne pas pavoiser trop tôt sur le coup de bluff. En son temps, Emmanuel Gérard Ondo Ndong, tout-puissant patron du Fonds spécial d'équipement et d'intervention intercommunale (Feicom), multiplia les contorsions, manipulations en vue de se faire octroyer des "quitus de bonne gestion". On évoqua des cas de gros pots-de-vin aux administrateurs.

Cette période glorieuse, mais aussi les satisfécits répétés, n'ont point altéré l'impertinence de la justice camerounaise. Reconnu coupable détournement de deniers publics pour un montant total de 11 milliards de francs, il purge, depuis fin juin 2007, une peine de 50 ans de prison avec confiscation de tous ses biens.




05/07/2012
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