Congrès du RDPC: Quand le discours de Monsieur Biya frise les sonorités d’un disque rayé

Congrès du RDPC: Quand le discours de Monsieur Biya frise les sonorités d’un disque rayé

Raoul Pokam:Camer.beHier, 15 septembre 2011, on aurait donné à Paul Biya Bi Mvondo le Bon Dieu sans confession après avoir écouté son discours d'ouverture du 3è congrès ordinaire de son parti, le RDPC. Pour le candidat naturel de ce parti à l'élection présidentielle du 9 octobre de 2011, « Les grandes ambitions » vont devenir « Les grandes réalisations ». En français facile, Biya sait d'avance qu'en 29 ans de pouvoir, il a échoué sur tous les plans et voudrait se racheter avec des promesses fallacieuses en termes de réalisations.

Cette sortie tonitruante du chef de l'Etat camerounais pourtant réservée à ses militants s'est muée en une sorte de  discours de campagne. S'adressait-il à ses militants devenus tous  des mendiants de la république ou au peuple Camerounais ? Paul Biya a cru bon, défendre le bilan de son action et celle de son parti à la tête du pays depuis plus de deux décennies. Parler de "Grandes réalisations" après 30 ans de gabegie et de pillage est absolument écœurant.

L'on  se serait attendu qu'il dise qu'il ne doit pas se présenter à l'élection présidentielle du 9 octobre prochain pour le bonheur du peuple camerounais, que neni

En février 2012, Monsieur Biya aura 80 ans, dont 30 ans à la tête du Cameroun. La question que nous nous posons est celle de savoir si ce Monsieur peut encore travailler avec efficacité, surtout quand l'on sait qu'en 29 ans de règne, le Cameroun a reculé de plus de 50 ans en arrière sur le plan politique, social et culturel?

Monsieur Paul Biya  a pris le pouvoir au Cameroun le 06 Novembre 1982 à la suite de la démission du Président AHIDJO, premier Président de la République. Depuis lors, il n’y a plus eu d'alternance au sommet de l'Etat. Toutes les  élections organisées jusqu'ici au Cameroun ont été systématiquement frauduleuses.

Le Cameroun, jadis pays à revenus intermédiaires et reconnu comme tel par les institutions de Brettons Woods, est passé en 2004 dans la classe des PPTE (Pays Pauvres Très Endettés).

La jeunesse camerounaise désespérée cherche toujours ses marques sous l'œil d'une kyrielle de maux qui la minent. Dans certaine de nos campagnes, des centaines voire des milliers de jeunes se retrouvent entassés dans les salles de classe, mal assis devant un nombre insuffisant d'enseignants. Ce phénomène n'épargne pas certaines écoles primaires de nos grandes cités.

Les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus qu’une alternative : Subir ou s’exiler dans un pays où ils peuvent retrouver la liberté, la dignité humaine qu’ils ont perdu dans leur propre pays où ils deviennent des étrangers.

Aujourd’hui des milliers d’immigrés camerounais se trouvent par exemple en Europe en prise entre deux feux. D’une part les horreurs qui les attendent dans leurs pays respectifs en cas d’expulsion, d’autre part la traque dont-ils font l’objet devant les polices des frontières ou de l’immigration. Inutile de revenir sur les conditions de rétention des étrangers en attente d’expulsion

D'autre part, des Prisonniers d’opinion croupissent dans les geôles insalubres des villes de Yaoundé et de Douala.

Le Cameroun est devenu un pays où l'insécurité a pris le temps de construire son nid, où les forces dites de l'ordre répriment de façon arbitraire et sauvage tout mouvement de contestation pourtant reconnu par la constitution. Les seules manifestations sans autorisation préalable et sans répression sont celles organisées par le RDPC

Le Cameroun a connu aux yeux du monde entier en 2008 le massacre de plus de 150 jeunes Camerounais par l'armée nationale. Ces jeunes Camerounais assassinés avaient, semble t-ils commis le crime de manifester leur désespérance et leur ras-le-bol dans une société où simplement manger à sa faim ou s'acheter  les produits de toute première nécessité relevaient presque des travaux à la Sisyphe.

Eliminer des centaines de jeunes  n’a pas fait disparaître avec eux les revendications populaires et les besoins d’un peuple qui exige lui aussi les moyens de vivre. Aujourd’hui les Camerounais demandent que Justice leur soit rendue et l’avènement de réels changements politiques

Paul Biya lui même sait que d'énormes maux ont stigmatisé son régime sur le plan national et international. Inutile de prétendre faire du Cameroun un pays émergent en 2035. En 2035, Biya et son gouvernement gérontocrate seront tous en retraites ou décédés pour certains d'entre eux.

Le contraste est saisissant entre beaux discours, déclarations solennelles, et pratiques conservatoires du pouvoir de Biya

Nous sommes convaincus que le pire arrive car, le peuple camerounais  demandera un jour des comptes à un régime qui, après vingt-neuf ans de malversations touts azimuts, continue  à tout  faire  pour s'accrocher à sa mangeoire.

N'oublions pas  que ce congrès du RDPC à coup de milliards de francs Cfa lui sert avant tout à faire une démonstration de force destinée aux partenaires étrangers qui critiquent ouvertement sa « longévité » au pouvoir. Il s’agit de montrer à ceux qui doutent encore de sa capacité de manipulation et de gabegie qu'il est fin prêt pour  la présidentielle du 9 octobre prochain avec le soutien franc, sinon massif de la machine à gagner qu’il a créée en 1986 à Bamenda.

Au Cameroun,  le mépris du verdict des urnes, marque déposée du biyaïsme (lire le livre de Thierry Amougou, Le Biyaïsme, L’Harmattan Septembre 2001 ), est devenu l’emblème du biyaïsme en fin de pouvoir. Plutôt mourir au pouvoir que de le perdre.

© Correspondance : Raoul Pokam


16/09/2011
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