Congo RDC:Tshisekedi refuse de rencontrer le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders

Congo RDC:Tshisekedi refuse de rencontrer le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders

Tshisekedi:Camer.beDans son parc délimité par de hautes grilles peintes aux couleurs de la République, le ministère congolais des Affaires étrangères est un immeuble qui, comme beaucoup, a mal vieilli. La façade, qui compte un bloc de climatisation par fenêtre, soit plus d’une centaine de caissons, abrite la première réunion de la journée de Didier Reynders. Les deux ministres ont rejoint ensemble la table de discussion. Entourés de quatre conseillers chacun, ils s’installent derrière les cartons protocolaires et prolongent la discussion entamée discrètement la veille en soirée.

Alexis Thambwé, son homologue, prononce les salutations d’usage et conclut d’un "vous êtes chez vous" qu’il assure ne pas être une formule de politesse. Didier Reynders le remercie pour les condoléances exprimées au sujet du drame de Sierre et répète qu’il est là pour "écouter ce qui a changé en RDC , prendre contact avec les acteurs de tous bords".

Dans les couloirs de l’administration, les chaises crevées n’ont rien de commun avec celles que les fonctionnaires disposent pour la presse sous l’auvent du rez-de-chaussée. Derrière les tribunes, les deux ministres répondent aux questions des journalistes.

Didier Reynders souligne d’emblée qu’il n’a pas pour vocation de légitimer tel ou tel régime et encore moins de peser dans la désignation d’un éventuel Premier ministre.

La presse du matin à Kinshasa titre sur le refus de l’opposant Etienne Tshisekedi de le rencontrer ? "Je ne force personne à me rencontrer", déclare calmement le ministre belge. Il rappelle aussi que tout le monde a "salué la grande participation du peuple congolais aux élections et le bon déroulement de la journée du 28 novembre. C’est le processus qui a suivi, celui de la compilation des résultats, dépendant de la Cen i (Commission électorale), qui a posé problème". "Des critiques ont été émises concernant le fonctionnement de la Ceni", poursuit Reynders et des "améliorations devront être constatées en vue des prochaines élections provinciales et locales". Le ministre belge annonce au passage qu’un budget de 3 millions d’euros est réservé par l’Etat belge pour cette organisation mais conditionné aux réformes de la commission électorale.

M. Thambwé commente, pour sa part, la décision de mener une enquête conjointe avec l’Onu sur les violences survenues. "C’est à la demande du Congo que se tiendra cette enquête. Quand la presse attaque sur le sujet, ce n’est pas important. Quand les ONG attaquent, ce n’est pas important. Mais quand c’est l’Onu, nous écoutons."

Après le départ du ministre belge, Alexis Thambwé déclarera encore qu’il a expliqué à son homologue que "s’il y a eu des problèmes techniques, l’élection du Président est incontestable" . Sur le moment choisi pour la visite belge, quand les nouvelles autorités ne sont pas encore réellement installées, il répond que l’Etat "ne s’arrête jamais".

Le bureau du président de l’Assemblée, Timothée Kombo Nkisi, est vaste et garni de deux salons. A côté de la télévision traîne un DVD, "Elections 2011 : modes de scrutin et stratégies de communication".

Dans l’autre aile du palais du Peuple, le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, explique que cette institution a toujours eu un rôle de conciliation et de réconciliation. Il illustre son propos en soulignant qu’il faut "une nouvelle majorité composée avec l’opposition pour tenir compte du résultat des élections".

La visite de Didier Reynders survient-elle au bon moment ? "Le bon moment, c’est celui que l’on se choisit. Cela permet de prendre contact avec ceux qui vont jouer un rôle dans l’avenir. Ce n’est pas malvenu, au contraire", répond-il, repartant de plus belle dans la voie de l’apaisement : "Prenons ce qu’il y a de bon chez chacun et voyons ce que nous pouvons faire : créer une majorité qui satisfait les deux parties à la recherche de paix sociale."

S’adressant aux membres de la diaspora qui ont manifesté violemment après les élections, l’agressant lors de son arrivée à Paris en janvier dernier : "On ne peut pas manifester à l’étranger contre le pouvoir en place. On vient ici et on livre une contribution notable. L’apport des manifestations est nul." Enfin, concernant la légitimité de Joseph Kabila, Léon Kengo se tourne vers l’avenir : "Je m’appuie sur les décisions de la Cour constitutionnelle pour dire que la cause est entendue. Je me soumets à la vérité judiciaire."

A la sortie de cette entrevue, Didier Reynders écarte la suggestion de "partage du pouvoir" après avoir évoqué la composition du bureau définitif de l’Assemblée comme une "occasion de faire un geste" : "Il ne s’agit pas de partage du pouvoir mais d’instaurer un vrai dialogue avec l’opposition".

© La Libre : Gilles Milecan


28/03/2012
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