Conflits interethniques au Cameroun: Après les Bamoums à Ebolowa, à qui le tour ?

YAOUNDE - 05 JUILLET 2010
© ARTHUR G. BAKANDE | Dikalo

La question mérite d'être posée au regard de la résurgence des conflits inter ethniques qui met à rude épreuve la problématique de l'unité nationale si chère au chef de l'Etat.



Depuis 28 ans, date de l'accession à la magistrature suprême de M Paul Biya, le chef de l'Etat s'évertue à diriger le pays selon les dispositions constitutionnelles précisées dans le préambule de la Constitution de 1996 et qui mettent en avant le droit pour tous les camerounais de quelque région que ce soit, de se sentir chez lui où qu'il se trouve sur toute l'étendue du territoire national. Pour ce faire, l'homme du 6 novembre 1982 veille depuis lors à faire respecter ces dispositions constitutionnelles dans l'ensemble des actes officiels pris pour la bonne marche du Cameroun, à l'instar des nominations à des postes de responsabilités qui pour le moins, obéissent au sacré saint principe de l'équilibre régional question de partager le gâteau national avec tous les fils et filles de ce pays, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest.


Jeu trouble

Mais d'où vient-il que malgré cela, certaines élites originaires de la région du Sud et à qui le chef de l'Etat a tout donné à travers leur nomination à divers postes de souveraineté comme c'est le cas dans l'armée, aux Finances et bien d'autres domaines de prédilection, En dépit de ces efforts, certains fils du Sud en manque de sensation, créent malgré tout des conditions susceptibles de mettre à mal l'unité nationale, socle granitique sur lequel repose la stabilité du Cameroun. Au plus fort de ces actes d'implosion figure en bonne place le phénomène du G11, en référence à la période de fin du mandat du chef de l'Etat. Et à propos, de nombreuses réunions secrètes dont l'objectif visait de trouver un successeur après Biya ont eu lieu. Dieu seul sait que pour conquérir le pouvoir, il faut jouir d'une meilleure assise politique. Ce que ces personnalités qui convoitent le pouvoir ne disposent pas. Et c'est sans doute pourquoi, des plans diaboliques pour succéder par tous les moyens au pouvoir, ont été fomentés contre Paul Biya afin que le pouvoir reste dans le Sud. Mais est-ce une volonté intériorisée de lui succéder par des voies contournées parce que incapables de créer la dynamique démocratique leur permettant d'obtenir dans la transparence le suffrage des camerounais ?

Ce faisant, l'on peut se demander si ces élites n'entendent pas se servir des postes qu'ils occupent à la tête de certaines structures de sécurité comme le ministère de la Défense, la Dgsn, qui leur donne ainsi libre accès au contrôle unilatéral des armes qui pourraient être utilisées pour s'accaparer le pouvoir le moment venu par la force ? Il est nécessaire, voire impératif avant d'y arriver, de rappeler la mémoire collective que la plupart des détourneurs de fonds publics ayant mis l'économie nationale à genoux ont été dénichés parmi ces mêmes élites du Sud. Pour tenter de recoller les morceaux, c'est ainsi que Paul Biya a entrepris plusieurs actions salvatrices pour tenter de former l'union sacrée autour de lui au crépuscule de son destin politique. Parmi celles-ci, figurent en bonne place les arrestations perpétrées dans le cadre des détournements de deniers publics, la décentralisation, restituer la gestion des affaires publiques aux collectivités territoriales décentralisées en est une autre.

Même si ces actions sonnent comme un signal fort, il est regrettable de constater que malgré tout, certaines élites du Sud mues par la peur des lendemains qui déchantent, car risquant de leur voir filer entre les doigts les affaires, multiplient les actes répréhensibles qui semblent se répéter depuis quelque années (Sangmélima en 2004 où les anglo-bamiléké ont été massacrés par les sudistes après la proclamation des résultats des présidentielles de 2004, Ebolowa 2010, conflit inter ethnique entre sudistes et Bamoum après l'assassinat d'un jeune moto taxi-man sudiste). Toujours dans le Sud où il est interdit par exemple aux communautés allogènes, d'exprimer leur liberté démocratique, la dernière actualité dans le département de la Mvila, le démontre à suffire.


Silence coupable

Comment comprendre qu'une population du Sud constituée de 600.000 âmes, peut se prévaloir de chasser les bamoums dans leur région au nom du tribalisme, profitant ainsi d'une mort d'homme pour se déverser sur une population dite allogène suite au décès d'un moto taximan ? Situation qui dégénère par la suite au point de s'embraser et de se transformer en émeutes et pillage inter ethnique ? Triste situation qui provoque quelques jours plus tard la mort d'un bébé innocent lors des affrontements entre sudistes et bamouns. Evènement ayant provoqué, chez les bamouns, un retour forcé au pays natal après avoir mobilisé une dizaine de bus et plus de 200 motos pour le transport de leurs biens et de leur famille.

Face une telle situation qui embarrasse le chef de l'Etat, surpris une fois de plus par cet autre acte de tribalisme et pour lequel, aucune élite originaire du Sud n'a pris la parole publiquement pour s'insurger contre une telle démarche xénophobe à l'intérieur d'un même territoire.

Au rang de ces élites à avoir choisi de garder le silence après les événements d'Ebolowa la semaine dernière, figure en bonne place Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la communication au Comité Central du Rdpc et que l'on a vu pourtant très actif lors des obsèques de Ferdinand Oyono, considéré après la mort de ce dernier comme le leader d'Ebolowa. Lui qui pendant longtemps a revendiqué ce statut, n'est pas monté au créneau pour décrier l'attitude de ses frères et sauver ainsi l'image du parti des flammes qui aura sans doute besoin de cet électorat y compris celui des Bamouns pour remporter les présidentielles de 2011.

Si le président Biya en apprenant l'existence du G11 qui convoite la présidence a appris comme le jargon très connu, que l'ennemi est dans la maison, une chose est sure: les observateurs de la scène politique brandissent deux arguments qui peuvent le moment venu aller à l'encontre des intérêts de ceux qui veulent lui succéder après 2011. Il s'agit pour le premier cas, de combattre en priorité le phénomène Anglo-bami, Sawa, Bamoum, et nordistes, car, aucun consensus ne peut se dégager dans la logique des dissidents du Sud. Toutes les élites du Sud convoitent le palais d'Etoudi. Celles-ci viennent en effet de le démontrer, par leur clochardise, que les autres peuvent être volubiles et bavards lorsqu'il s'agit de défendre leur conviction, car convaincu que les falsificateurs des entêtes de la présidence de la République (affaire Bibi Ngota), les détourneurs de fonds publics ne viennent que dans ses rangs. Pour tenter de trouver un début de solution à ce problème qui perdure, c'est certainement ce qui a amené le chef de l'Etat à mettre à l'écart, selon certaines sources, deux personnalités réputées comme des troubles fetes dans le nouveau gouvernement actuellement en chantier.



06/07/2010
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