Conflit - matérialisation terrestre: La délimitation de la frontière Cameroun-Nigéria sur fond de colère des populations.

Douala, 23 Novembre 2012
© Eyangoh Ekolle (stagiaire) | Aurore Plus

Le mois d'octobre a été émaillé dans l'Arrondissement de Mokolo par le mécontentement des populations à la suite de la délimitation de la frontière Nigeria-Cameroun.

LA DELIMITATION de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria décidée à la suite de la décision de la cour internationale de justice, a été confiée à une commission mixte composée de camerounais, de nigérians et des membres de l'Onu. Cette commission est chargée d'établir de manière pacifique, les limites entre les deux pays. Il faut rappeler que la décision de la Cij de 2002 en même temps qu'elle reconnait la territorialité de l'espace querellé au Cameroun préconisait par ailleurs que cette restitution de territoire se fasse de tacon collégiale entre les deux Etats.

Cette commission mixte s'emploie depuis des années à rétablir les nouvelles frontières. Seulement, le déroulement des travaux de cette commission ne se fait pas sans heurt. Il s'agit par exemple des scènes de colère manifestées par des populations dans certaines localités où celle-ci séjournent en vue d'opérer des nouvelles délimitations. Ce fut cas en octobre dernier dans l'arrondissement de Mokolo où la commission mixte a déposé ses valises pour les besoins de la cause.

Ici, la délimitation embarrasse aussi bien les populations nigérianes que camerounaises. C'est qu'en effet, la commission a estimé le village Vitzik, nigérian doit revenir au 3/4 au Cameroun. Une décision qui a suscité la colère des nigérians dans la mesure on la partie qui doit revenir au Cameroun est celle qui connait des sérieux investissements notamment des écoles et un hôpital.

Coïncidence insolite avec la partie camerounaise puisqu'ici, la commission mixte a décidé que le village camerounais Tourou doit passer du côté du Nigéria sur les 3/4 et fort curieusement la partie qui doit revenir au Nigeria, est celle dans laquelle sont implantés: le marché, le lycée, l’école primaire, le poste de la gendarmerie et le dispensaire. Cette délimitation insolite de cette zone a entraîné aussi bien la colère des populations camerounaises que nigérianes.

Conséquence, la commission s'est vue obligée d'interrompre d'abord les travaux. En attendant, les populations se posent des questions sur ce qui armerait comme une délimitation de compensation. Difficile de se prononcer sur la question quand on sait que cette commission est constituée des membres des deux pays qui sont sensés défendre des intérêts respectifs, mais aussi les agents de l'Onu qui sont supposés assurer la neutralité et l'impartialité.

Dans de telles circonstances, la paix n'est jamais acquise puisque la logique qui prévaut en de telles situations n'est pas toujours celle du respect scrupuleux des textes, on y intègre très souvent des ententes et des compromis qui ne sont pas toujours de nature à plaire aux populations qui habitent les zones sujettes à la délimitation. Il revient donc à chaque Etat de préparer ses populations d'accepter les conséquences de cette délimitation qui entraineront immanquablement des conséquences fâcheuses. Pour le cas de ces deux villages, il est possible que les deux Etats entament des négociations pour conserver chacun son village. Toujours est-il que la réorganisation ou révision d'une réalité existante ne peut jamais se faire sans grincement de dents.


25/11/2012
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