Conflit Biya-Marafa: La guerre psychologique est lancée !

DOUALA - 25 Mai 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

En rendant publique sa troisième lettre ce 23 mai 2012, l'ancien ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation s'installe dans une logique de conflit ouvert avec le président Paul Biya dont il doute de l'honnêteté et veut éprouver ses nerfs.


Biya - Marafa
Photo: © CIN


I.- Mfufub Marafa ou le saint homme

"Mfufub" est un mot ewondo qui veut dire "saint" en français. Il convient parfaitement à l'image et à l'idée que l'ancien secrétaire général de la présidence de la République veut se faire de sa personne. En effet, depuis sa première lettre à Paul Biya qui est parue dans les journaux le mercredi 2 mai 2012, il clame son innocence, il est le Monsieur propre que le régime Biya a souillé, un Monsieur propre dont le Cameroun a besoin. Marafa Hamidou Yaya est né bon, intègre, c'est le régime Biya qui l'a gâté, corrompu.

Dans les trois lettres qu'il a déjà fit publier par la presse, il n'est coupable nulle part et tout ce qu'on dit de lui n'est qu'un vaste complot ourdi par le président Paul Biya en personne pour l'empêcher de lui succéder un jour à la charge suprême. Marafa Hamidou Yaya, lui le saint homme a donc vécu pendant près de 20 ans (il a occupé de hautes fonctions dans le gouvernement du 27 novembre 1992 quand il est devenu secrétaire d'Etat aux Finances jusqu'a sa sortie lors remaniement ministériel du 09 décembre 2011) avec des meneurs, des pécheurs invétérés. Quel calvaire pour lui le saint homme aux idées pures polluées par celles des démons qui l'entouraient.

Il faut reconnaître que le saint homme qu'est Marafa Hamidou Yaya est paré que de vertus ou des qualités que n'ont pas ceux des collaborateurs qui ont toujours entouré Paul .Biya: l'honnêteté, le discernement, la sagesse, l'intelligence et ce sont justement ces qualités qui lui valent d'être aujourd'hui derrière les barreaux.

Marafa Hamidou Yaya se considère comme un martyr qui est en train de payer pour une faute qu'il n'a pas commise selon lui. Il paie plutôt pour les autres, vivants et morts dont il ne veut citer les noms. Quand dans sa troisième lettre il déclare à la fin de celle-ci: «Je réclame et je revendique toute la transparence à travers un procès équitable dans le cas où ce serait pour cette affaire que je suis incarcéré, afin que toutes les responsabilités soient établies et que, le cas échéant l'honneur et la dignité de ceux qui sont injustement incriminés soient restaurés».

Même s’ils ne les citent pas nommément, l'ancien ministre d'Etat pointe un doigt accusateur sur Yves Michel Fotso, directeur général de la Camair lors des faits, tout comme le ministre de l'Economie et des Finances de l'époque, Michel Mevaa M’eboutou, son successeur au secrétariat général de la présidence de la République, Jean-Marie Atangana Mebara ainsi que le défunt général Blaise Benae Mpeke alors chef d'Etat major particulier de la présidence de la République, le président Paul Biya et Adolphe Moudiki, administrateur directeur général de la Snh.
Le reniement de Marafa

L'apôtre Pierre a beau être saint, cela ne l'avait pas empêché de renier Jésus quand on lui demanda s'il n'était pas de ses disciples. Face au danger, Pierre déclara trois fois qui n'était pas disciple de Jésus. C'est ce que Marafa Hamidou Yaya est en train de faire, en jouant parfaitement le rôle de Pierre. Il renie aujourd'hui le système auquel il a appartenu pendant près de deux décennies mais surtout il renie le chef du système, Paul Biya.

L'ancien ministre d'Etat dit qu'il était dans le système mais n'en faisait pas en même temps partie puisqu'il ne prenait pas de décisions, n'était pas un donneur d'ordres, rien qu'un exécutant qui ne cessant d'appeler l'attention du président Paul Biya. Curieuse façon d'être: un pied dans le système un pied dehors. L'attitude de Marafa Hamidou Yaya nous amène à penser que rien ne relève du hasard. Et cela nous inspire quelques réflexions que nous souhaitons partager avec vous.


II.- Le mode opératoire

Tout est parfaitement coordonné dans cette affaire par ceux qui soutiennent l'ancien ministre d'Etat.
Les manifestations de soutien

Elles sont ouvertes, surtout à Garoua, chef-lieu du département de la Bénoué, département d'origine de l'ancien secrétaire général de la présidence de la République. Cela est également visible à Maroua, chef-lieu de département du Diamaré dans l'Extrême Nord du pays. Les partisans de Marafa Hamidou Yaya qu'ils soient du Rdpc ou pas s'expriment librement, sans crainte de quelques représailles que ce soient. Parfois ces manifestations mettent aux prises, comme à Douala par exemple ceux qui sont pour lui et ceux qui sont contre lui. Certaines de ces manifestations de soutien sont discrètes comme par exemple la tenue de réunions secrètes auxquelles prennent part des personnalités qui occupent des hauts postes dans l'appareil d'Etat.


Les médias

Leur rôle est très important dans la campagne que mène actuellement Marafa contre le président Paul Biya (voir article Le Rdpc lâche Paul Biya).

L'argent, le nerf de la guerre des moyens financiers sont débloqués pour faire passer le message de Marafa. D'où viennent-ils?
Les tracts

Ils ont fait leur apparition dans certaines villes du Cameroun, Garoua, Douala, Yaoundé et en disent long sur le soutien qu'a l'ancien secrétaire général de la présidence de la République au sein des populations.



III.- Les lettres


La périodicité

Mercredi, 3 mai 2012 première lettre de Marafa Hamidou Yaya à Paul Biya.

Lundi, 14 mai 2012: deuxième lettre de Marafa à Paul Biya, soit onze jours après la diffusion ou la parution de la première lettre.

Mercredi, 23 mai 2012: troisième lettre de Marafa, soit neuf jours après la deuxième lettre:

La cadence avec laquelle sortent ces lettres, leur régularité dans un délai de dix jours environ après la première lettre montre qu'il y a derrière une volonté manifeste de Marafa et de ses partisans de mettre la pression sur le président Paul Biya. D'autres lettres sont prévues à la suite des trois premières.
Les thèmes abordés

Ce sont généralement ceux qu'affecte l'opinion publique nationale et internationale.

Ainsi dans la première lettre, Marafa parle des conseils donnés à Paul Biya pour la bonne gouvernance, son refus d'être un courtisan, son point de vue sur la nomination de certains ministres qui n'en sont pas mais de simples fonctionnaires, de son désir de quitter le gouvernement, etc.

Dans sa deuxième lettre, l'ancien secrétaire général de la présidence de la République aborde les problèmes que pose Elecam, l'organe chargé d'organiser les élections, la constitution, la succession à la tête de l'Etat.

Dans la troisième lettre, il parle de son innocence dans l'affaire Albatros et son souhait d'être jugé d'une manière transparente et publique.


Les destinataires

Le président Paul Biya: Il est particulièrement concerné par les deux premières lettres dans lesquelles il est accusé nommément par Marafa Hamidou Yaya.


L'opinion publique nationale

Elle est surtout concernée par la troisième lettre. Marafa s'dresse à elle pour défendre sa cause. Elle est également concernée par les deux premières lettres, sinon pourquoi ancien ministre d'Etat les a rendues publique?


L'opinion publique internationale

C'est une manière de se dédouaner auprès d'elle. Une manière de dire qu'il n'est en rien responsable de la mauvaise gestion du Cameroun par Paul Biya; que lui Marafa aux affaires tout irait pour le mieux du monde dans notre pays.


La signature des lettres

Elle est évolutive, complète au cours de correspondances. Dans la première lettre parue dans Le Message du mercredi, 2 mai en pages 8 et 9, il n'y a ni date, ni signature à la fin de la missive.

Dans la deuxième lettre, on signale tout juste à la fin «Yaoundé, le 13 mai 2012 » tandis que dans la troisième figurent le lieu, la date et le nom de Marafa Hamidou Yaya. A la fin, on peut dire que Marafa s'est bien préparé dans la lutte à mort qu'il mène contre le président Paul Biya et utilise tous les moyens à sa disposition. Mais que l'homme a changé: ministre en poste, il était muet comme une carpe et maintenant qu'il n'est plus aux affaires et derrière les barreaux, il est devenu subitement loquace, bavard comme une pie. Cette affaire est une course d'obstacles et de fond, qui sera le plus endurant entre Paul Biya et Marafa Hamidou Yaya?



26/05/2012
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