Communication gouvernementale : Issa Tchiroma : « je ne suis pas un fusible



Le ministre de la Communication se définit au fil des jours comme le véritable défenseur du régime en place. Le 31 juillet dernier, le Mincom était face à quatre journalistes de la place. Nous vous faisons part de quelques extraits intéressants. Même si cela s’accompagne d’une sorte de cafouillage qui ne dit pas son nom. Issa Tchiroma Bakary a organisé un point de presse dans son cabinet pour éclairer l’opinion sur des sujets brûlants de l’actualité. En premier, Alain Belibi lui demande s’il n’est pas un sapeur pompier du gouvernement, il répond : « en vérité, le président de la République m’a investi de cette mission. Il m’a prescrit de dire ce que fait le gouvernent parce que le peuple détenteur de la souveraineté, le peuple dont il détient le mandat, a besoin de savoir  ce que son gouvernement fait, a besoin de savoir ce que le chef de l’Etat  fait ». Un fusible, il refuse de l’être : « tous les collaborateurs du chef de l’Etat ont cette mission. Le président a signé un engagement, un contrat avec son peuple. Il a vendu un projet de société et c’est son gouvernement, sous la responsabilité du Premier ministre, qui doit accomplir la mission qu’il lui a confiée. Si d’aventure il y a quelque chose qui se passe quelque part, la solidarité gouvernementale me prescrit d’être aux côtés des ministres ».

 

Le coup d’Etat

« Le pouvoir fascine et fait rêver. C’est normal qu’il y ait des rêveurs, mais je voudrais rassurer toute la nation que ce pays ne s’est jamais bien porté », décline le porte-parole du gouvernement. Il ajoute : «  c’est que les Camerounais ne voient pas, ce que les autres voient s’il y a des gens qui sont fascinés par le pouvoir et acceptent d’être au service des pouvoirs occultes pour qui la paix est nuisible, je voudrais simplement dire à ceux-là que toute la nation, comme un seul homme, est prêtre à s’arc-bouter autour du chef de l’Etat pour protéger cette nation…Ce qui me surprend». Et de se s’inquiéter : « vous pensez qu’un pays qui n’est pas stable, où la paix est précaire, est-ce que des investisseurs peuvent se bousculer au portillon pour venir investir à fonds perdus ? Non, il y a des gens qui sont mus par la négativité. Ceux-là qui parlent de coup d’Etat, ne sont pas en paix. Jamais ce pays n’a mérité autant de confiance. Il n’y a que les Camerounais qui parlent du mal de notre pays. Nous voyons les coups d’Etat à chaque carrefour. Le Cameroun se porte très bien »

 

Les cambriolages dans les édifices publics

« Il n’y a pas de bureaux de par le monde où on n’est pas tenté de cambrioler. Surtout si ces bureaux recèlent des éléments de valeur. Chaque fois qu’il y a tentative de pénétration dans un organe quelconque, dans le bureau d’un ministre, d’un directeur général, c’est simplement une manière d’interpeller le gouvernement  à davantage de vigilance ». Comme pour dire que ce sont des âmes neuves qui sont les gardiens des institutions camerounaises, surtout celles de souveraineté comme le ministère des Finances. Le ministre de la Communication pense qu’il faut absolument redoubler d’effort et de vigilance pour protéger toutes les institutions.

Et les enquêtes qui piétinent, Issa Tchiroma répond : «  la séparation des pouvoirs fait que l’Exécutif ne saurait s’immiscer dans les affaires du pouvoir judiciaire. Il faut investir et le chef de l’Etat a déjà donné des instructions budgétaires pour que des moyens soient mis à la disposition de la justice pour multiplier les institutions pour  faciliter le travail des magistrats. Ces enquêtes aboutiront à temps ».

 

L’homosexualité

« Il n’y a pas un homosexuel qui est en prison au Cameroun pour son inclination sexuelle. Aucun homosexuel dans les rues dans notre pays n’a fait l’objet d’une agression. Au Cameroun, ou on est catholique, musulman ou animiste. Et plus de 90% de Camerounais se retrouvent dans l’une de ses dénominations religieuses. Lorsque 90%  de la nation camerounaise est contre l’homosexualité, je vois mal le président de la République dire d’un trait de plume qu’il va gommer la volonté du peuple telle qu’elle est exprimée par l’Assemblée nationale », précise Issa Tchiroma très sérieux. Et de vouloir savoir pourquoi l’Occident voudrait à tout prix nous imposer ses canaux civilisationnels.

Et l’affaire Thierry Atangana. Le Mincom précise : « il s’agit d’un procès qui se déroule de manière publique. Lorsque Edzoa et Thierry Atangana et les autres avaient été arrêtés, traduits en justice, ce n’était pas à huis clos qu’on a prononcé le verdict ». Et il renseigne que l’affaire suit naturellement son cours, après que la Chambre de contrôle ait pris connaissance du dossier.

 

La détention préventive des « Eperviers »

« Ils sont gardés en prison parce qu’il y a une forte présomption de détournement de deniers publics. Et au Cameroun, le détournement des deniers publics est passible d’une peine allant d’une condamnation à vie ou à mort. Le Code de procédure  pénal dit que lorsque la peine peut aboutir à une condamnation à mort ou à vie, on garde le prévenu parce que lui  donner une liberté provisoire pourrait lui permettre d’échapper à la justice », soutient Issa Tchiroma qui indique que les procédures sont accélérées mais pas au détriment du droit et de la loi. Quant au travail du président de la République, le porte parole du gouvernement fait savoir qu’il est au travail partout où il peut se trouver, soulignant que Paul Biya n’a d’autre préoccupation que l’avenir du Cameroun.   « L’élection présidentielle n’a jamais été sa préoccupation », soutien t-il. Martelant que le Cameroun ne court aucun risque de déstabilisation.

Concernant la presse, le Mincom a fait comprendre que le gouvernement est conscient de sa précarité, il souhaiterait que plus de moyens lui soient octroyés comme ailleurs pour ne plus avoir affaire à des apprentis sorciers et autres mercenaires. Aussi a-t-il voulu faire savoir qu’il n’est pas un militant du Rdpc et qu’on le’ verra, en tant que président du Fsnc, partout où il sera candidat. Pour dire que l’homme qui affirme avoir été l’un des pourfendeurs du régime en place, a compris que le Cameroun appartient à tous les Camerounais  et il ne saurait souffrir de élucubrations des ennemis de cette République que les autres envient. Nous reviendrons sur les autres aspects de cet entretien accordé à quatre journalistes. C’est sans rancœur ni complexe.

 

JEAN-PIIERRE BITONGO



03/08/2010
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