Commerce des êtres humains : Un rapport des Etats-Unis épingle le Cameroun

Commerce des êtres humains : Un rapport des Etats-Unis épingle le Cameroun

Cameroun - Commerce des êtres humains : Un rapport des Etats-Unis épingle le CamerounRendu public le 19 juin 2012 par le secrétaire d’Etat américain, le document classe le Cameroun parmi les pays qui ne respectent pas encore les normes minimales pour l’élimination de la traite.

Hillary Rodham Clinton, le secrétaire d’Etat américain, a rendu public ce 19 juin 2012 le rapport 2012 sur le trafic des êtres humains au cours d’une cérémonie au Département d’Etat américain. D’après ce rapport, le Cameroun n’est toujours pas encore logé à bonne enseigne, en matière de lutte contre le trafic des êtres humains.

«Les autorités camerounaises ne respectent pas intégralement les normes minimales pour l'élimination de la traite», peut-on lire dans ce document. Au sujet des agissements des chefs traditionnels de la partie septentrionale du pays qui terrorisent les enfants, les Américains accusent vertement les pouvoirs publics. «Les pouvoirs publics n’ont mené aucune enquête concernant les chefs traditionnels des régions septentrionales soupçonnés de garder des personnes en situation de servitude héréditaire au cours de la période considérée», écrivent-ils. La description du Cameroun dans ce rapport laisse pantois.

Morceaux choisis. «Le Cameroun est un pays d'origine, de transit et de destination pour les enfants victimes de la traite des personnes, en particulier à des fins de travail forcé et de traite sexuelle, et un pays d'origine pour les femmes astreintes au travail forcé et à la prostitution forcée. Les opérations de traite ciblent généralement deux ou trois enfants, par exemple, lorsque des parents vivant dans des zones rurales confient volontiers leurs enfants à des intermédiaires sous la promesse d’une éducation ou d’une vie meilleure en ville», «Les auteurs de la traite procèdent de plus en plus par des enlèvements, les parents confiant de moins en moins leurs enfants à des intermédiaires, en raison notamment d’une sensibilisation accrue du public.

Des enfants camerounais issus des 10 régions du pays travaillent en situation de servitude domestique involontaire, comme vendeurs de rue et dans les mines», Dans le secteur agricole, on les retrouve dans les plantations de thé ou de cacao. Des enfants camerounais sont également victimes d’exploitation sexuelle à l’intérieur même du pays. Des enfants confiés aux maîtres coraniques à Maroua et ailleurs dans l’Extrême-Nord auraient été soumis au travail forcé.

Quelques progrès
 
Certains rapports font état de pratiques et relations de servitude héréditaire dans les chefferies du Grand Nord. Attirées en Europe par de fausses promesses de mariage ou de travail domestique faites via l’Internet, des Camerounaises se retrouvent par la suite en Suisse et en France, et dans une moindre mesure en Russie, comme victimes du travail forcé ou de la prostitution forcée. On apprend ainsi que durant l'année, des cas de Camerounais trafiqués ont également été signalés au Danemark, à Chypre, en Espagne, en Allemagne, en Norvège et dans plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Ouest. Mais, le rapport de 2012 reconnaît aussi que le Cameroun a effectué plusieurs efforts.

«Au cours de l’année couverte par le présent rapport, le gouvernement a adopté une approche globale de la lutte contre la traite des personnes, notamment par la promulgation d’une loi pénalisant à la fois la traite des adultes et celle des enfants. Deux individus ont été reconnus coupables de traite et condamnés chacun à 20 ans d’emprisonnement.

Les autorités ont également ouvert des enquêtes sur les allégations selon lesquelles un soldat du 62ème bataillon d'infanterie motorisé basé à Nkambe, dans la Région du Nord-Ouest, et des douaniers seraient impliqués dans la traite des personnes. Les autorités ont accru les efforts dans le but d’améliorer l’accès des victimes de la traite aux services de protection, et ont pris des dispositions importantes pour prévenir la traite des humains. Cela étant, les pouvoirs publics n’ont pas sanctionné les agents d’application de la loi qui se sont laissés corrompre par des trafiquants, et n’ont pas mis en place un mécanisme de référence pour orienter les victimes vers des services de protection», peut-on lire.

Les Américains reconnaissent qu’au cours de l’année dernière, les autorités camerounaises ont fait preuve d’améliorations significatives dans la répression de la traite des personnes. Dans ce domaine notamment, écrivent-ils, «elles ont adopté une loi plus complète, abrogeant la loi de 2005 qui, bien que pénalisant la traite des enfants, ne couvrait pas les adultes». Bien plus, plusieurs autres avancées sont notées sur le plan de la protection et de la prévention. Malgré les progrès salués par Hillary Clinton, plusieurs recommandations sont formulées à l’intention du Cameroun.

Redoubler d'efforts pour poursuivre et condamner les auteurs de la traite, y compris les fonctionnaires complices, vulgariser ces mécanismes auprès des agents publics et des ONG ; développer des procédures formelles pour identifier les victimes potentielles de la traite et les orienter vers des centres de prise en charge ; et enquêter sur les allégations de servitude héréditaire dans les régions septentrionales, etc. Comme l’exige le Trafficking Victims Protection Act (Tvpa), le rapport sur le trafic des êtres humains évalue les efforts des gouvernements à travers le monde dans la lutte contre l’esclavage moderne. Le  rapport 2012 est le 12e du genre et inclus les éléments d’appréciation sur 186 pays et territoires.

© La Nouvelle Expression : Hervé B.Endong


23/06/2012
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