Comment Paul Biya Verrouille sa réelection

Comment Paul Biya Verrouille sa réelection

Cameroun : Comment Paul Biya Verrouille sa réelectionA l'image des cordes vocales de son président Paul Biya, le système politique camerounais demeure totalement aphone.
Et ce n'est pas l'échéance d'octobre qui y changera grand-chose. Après cinq mandats successifs depuis sa prise de pouvoir en 1982, l'ancien séminariste prépare activement la prochaine élection, dont le top départ sera le congrès du RDPC, prévu en juillet, durant lequel ses partisans le supplieront, mains jointes, de se porter, de se porter candidat pour un nouveau septennat.

Le contexte social du Cameroun est délétère. Mais au sommet de l'état, le prince d'Etoudi a su, depuis longtemps, neutralisé ses adversaires. Mieux, il  vient de faire le nettoyage de printemps au sein de l'armée. Quant à ses dauphins, ils attendent de sortir de prison.

Armée cadeautée, sécurité assurée.

Pour prévenir d'éventuelles émeutes, le "président de l'ombre", 78 ans,  a rajeuni l'armée tout en resserrant le cercle de ses sécurocrates. Le 11 mars, quatre fidèles mais vieux généraux - Pierre Semengue,Jean Nganso Sundji,James Tataw Tabe, Oumaroudjam Yaya - ont été gentiment poussés vers la sortie, et dix officiers ont été promusà ce grade. Une arithmétique ethno-régionale qui permet de renforcer l'axe Nord-Sud au sein de la grande muette. Le Grand Nord, qui regroupe les trois régions septentrionales (Adamaoua,Nord et Extrême-Nord) est représenté par Mohamadou Hamadiko et Mahamat Ahmed.

Quatre autres promus - Hippolyte Ebaka,Jean-Pierre Nsola, Joseph Fouda et Jean Mendoua - sont originaires du Grand Sud, du Centre et de l'Est, les trois régions beti constituant le fief électoral du chef de l'état. La région d'origine de Biya est symbolisée par Claude Réné Meka, chef d'état-major et comme, son mentor, membre de la Rose-Croix Amorc. Ex-commandant de la garde présidentielle, le contre-admiral Jean Mendoua devient chef d'état-major de la marine et coordonnera le 5000 hommes du Bataillon d'intervention rapide(BIR). Enfin, l'administration centrale de l'armée est contrôlée par dux officiers issus de la région natale de Biya.

L'épervier chasse les héritiers.

Le chef de l'état a également pris soin d'utiliser l'opération anti-corruption Epervier pour torpiller les dauphins impatients.Depuis son lancement en 2006 sur pression des bailleurs de fonds, notamment américains, celle-ci n'a, curieusement pas, débouché sur aucune condamnation judiciaire, malgré l'arrestation d'une bonne cinquantaine de barons politiques et hommes d'affaires(Yve Michel FOTSO,Polycarpe Abah Abah ...).

Certains dossiers ne sont même pas complètement constitués. Des arrestations "pour l'opinion publique !", selon les observateurs. Et permettre de de stopper l'ascension de rivaux pour ceux qui, tétanisés, sont encore en liberté. Ainsi, les luttes d'influence existent entre les principaux inculpés  et les responsables gouvernementaux chargés de suivre l'évolution de cette opération, à l'instar de du vice-premier ministre à la justice, Amadou Ali, du sécrétaire général de la présidence, Laurent Esso, ou du ministre à la présidence chargé de la défense, Alain Edgar Mebe Ngo'o. Ordonnateur de cette grande lessive, Biya observe depuis sa tour d'ivoire. Et savoure.

Carotte et bâton pour l'opposition

Les opposants politiques ne sont pas oubliés. Tout en faisant séquestrer, le 23 Février, l'un de ses challengers, le président, le président du parti des démocrates camerounais(PDC), Louis-Tobie Mbida, l'ancien premier ministre d'Amadou Ahidjo fait, depuis quelque mois, la danse du serpent avec le seul opposant capable pouvant lui faire un peu d'ombre: Jonh Fru Ndi. Pour la première fois, le leader du Social democratic Front(SDF) s'est rendu en janvier à la cérémonie de présentation des voeux au chef de l'état. Un mois auparavant, "le prince de Ntarikon" avait rencontré Biya lors de la célébration du cinquantenaire des armées à Bamenda(Nord-Ouest anglophone). Deux rencontres très voyantes et très officielles en moins de deux moins, alors que les deux responsables politiques ne s'étaient pas jamais rencontrés. Le lien est désormais établi au palais de l'Unité, qui n'a jamais aussi bien porté son nom ...

© Source : LA LETTRE DU CONTINENT


03/04/2011
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