Comment parler de l'opération épervier?

Comment parler de l'opération épervier?

Cameroun: Comment parler de l'opération épervier?Sous fond d'intimidation des journalistes et autres justiciables, Cameroon Tribune a consacré deux pages à la question hier.

Depuis l'arrestation d'Inoni Ephraïm et de Marafa Hamidou Yaya le 16 avril dernier, les pouvoirs publics multiplient les stratégies de bâillonnement. Ils semblent ne plus savoir à quels saints se vouer pour le «mutisme des mis en cause et de la presse».

Dans son édition du jeudi 10 mai, Cameroon Tribune (CT) a servi un focus double pages intitulé: «les faits contre la diversion». Il s'agit en réalité des «mises en garde» de trois hauts cadres de la fonction publique camerounaise, à tout journaliste tenté d'écrire une ligne sur l'Opération Epervier. Pour Yves Alain Tchagadick, chef de la division de la discipline et du contentieux au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), «l'agent public est astreint à l'obligation de réserve [...] les agents public sont assujettis à ces obligations, même lorsqu'ils ont quitté leurs fonctions».

Référence est visiblement faite ici à la lettre ouverte de Marafa Hamidou Yaya, adressée récemment à Paul Biya et suffisamment relayée par la presse la semaine dernière.

Invité à l'émission Scènes de presse dimanche dernier sur la Cameroon radio Television, Albert Mbida agite une batterie de sanctions pénales encourues par les journalistes. «Il ne faut pas, sous prétexte de la recherche de l'information, contourner la source officielle pour avoir un document», explique l'Inspecteur général du ministère de la Communication (Mincom). En tant que haut responsable au ministère de la...Communication, il reste muet sur les attitudes procédurales de ces fonctionnaires qui évoquent souvent le droit de réserve pour refuser toute informations aux usagers.

Le professeur de droit Albert Mbida qui n'ignore pas que la liberté d'expression ne garantie pas l'accès aux sources, évoque une kyrielle de sanctions qui vont des amandes de 20 000 à 100 000 F Cfa, aux emprisonnements de trois mois à trois ans. Les justiciables ne sont pas moins visés: «il ne semble guère raisonnable que, se trouvant confronté à une instance compétente pour l'appréciation d'un problème déterminé, l'individu mis en cause juge plutôt approprié de se justifier auprès d'une audience constituée de personnes ne détenant aucune autorité légale sur son jugement», estime Jean Thobie Hond, chef de la division des Affaires juridiques au Mincom.

Il y a deux semaines, Joseph Le, chef de la Cellule de la Communication de la présidence de la République, a publié une longue correspondance dans CT pour tenter d'expliquer que l'Opération Epervier n'a pas un but politique. Comme les fonctionnaires sus cités, il a «oublié» de dire à l'opinion que les citoyens arrêtés dans le cadre de cette opération, sont en détention préventive depuis plus de quatre ans alors que le nouveau Code de procédure pénale (CPP) limite la détention préventive à 18 mois.

Que les juges d'instruction, pour garder la mainmise sur les dossiers procèdent aux disjonctions, alors que dans les 747 articles qui le composent, le CPP ne parle pas d'ordonnance de disjonction...

© L'Actu : Olivier A. Ndenkop


12/05/2012
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