Comment le groupe Afriland First Bank se développe avec l’argent des épargnants

Cameroun : Comment le groupe Afriland First Bank se développe avec l’argent des épargnantsLa santé financière affichée d’Afriland First Bank ne serait en réalité que factice, eu égard aux nombreux traficotages de comptes y ayant cours. Tripatouilles participant en réalité de faits répréhensibles quand bien même la finalité y attachée serait le développement des entreprises du groupe.

En faut, le taux de créances compromises y est le plus élevé du secteur bancaire national, avec plus de 39 milliards de F Cfa, selon les derniers rapports en date de la Cobac dont plus de 65% sont rattachés aux entreprises du groupe. Et à ce propos, loin d’être un phénomène isolé, l’affaire Camdev a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ce d’autant plus qu’avant sa survenance, Afriland First Bank opérait déjà des opérations de ce type grâce aux dépôts des épargnants. Nous en voulons pour preuve, cette autre opération indue réalisée en 2010, autour de l’emprunt obligataire lancé en son temps par l’Etat du Cameroun et portant sur une levée de fonds de F Cfa 200 milliards.

En effet, fort de son statut de prestataire de services dans le cadre de cette levée de fonds, Afriland First Bank n’hésita pas à y enrôler la compagnie d’assurances Saar. Or, la situation financière de cette compagnie d’assurances ne l’autorisait guère à souscrire dans le cadre de cette levée de fonds, tant il est vrai qu’elle faisait l’objet, de la part de la Cobac de restriction conséquente en raison de ce que le débit affiché de ladite compagnie était débiteur au point de compromettre ses dépôts à termes, mais également ses bons de caisse.

Mais tenant à contourner cette restriction et se projetant sur les gains substantiels inhérents à cette levée de fonds, Afriland First Bank entreprit de réaliser un débit sec sur les comptes de la Saar à hauteur de plus d’un milliard de F Cfa. Opération menée par son actuel directeur général, le nommé Nafack Alphonse sur instruction de Paul Fokam Kenmogne, le Pca qui n’a de cesse de s’ingérer dans la gestion quotidienne de la banque, quand bien même les comptes de cette compagnie d’assurances étaient très alarmants, eu égard aux signaux d’alerte que lança fort à propos la Cobac. En fait, l’opération participait d’un sauvetage de la compagnie d’assurances dont la situation financière désastreuse allait inéluctablement déteindre sur Afriland First Bank. Aussi cette institution bancaire va-t-elle entreprendre de mettre en place un crédit indu à l’effet d’équilibrer les comptes de ladite compagnie d’assurances et la qualifier de fait pour, la souscription à l’emprunt obligataire lancé par l’Etat du Cameroun.

Brouillage des pistes

Au demeurant, le crédit ainsi alloué à la Saar se fera sans la tenue préalable d’un comité de crédit pourtant de mise au sein de la banque et encore moins au taux régulièrement pratiqué par celle-ci. En fait, il fallait parer au plus pressé, ce qui s’est traduit par un crédit accordé le dernier jour ouvrable de l’année 2010, en l’occurrence le 31 décembre 2010. Mieux le taux d’intérêt pratiqué à l’occasion aura été en deçà des 5,75% qui rémunéraient la souscription à l’emprunt obligataire car, fixé pour la Saar à 4% en hors taxes, alors qu’en réalité les opérateurs économiques qui sollicitent le crédit à Afriland First Bank sont astreints à un taux d’intérêt hors taxes de 13,5%, majoré de divers frais dont la Tva, les commissions d’engagement de 0,30%, et les frais de déblocage de l’ordre de 0,35% pour un taux effectif global de 16,25%, le plus élevé du secteur bancaire local. Pire, en imposant un taux d’intérêt dégressif sur tous les crédits amortissables, cette banque n’offre aucune alternative viable aux opérateurs qui la sollicitent, alors qu’il n’en est pas de même pour les entreprises du groupe. En somme, il s’est agi d’allouer à la Saar de réaliser ainsi des boni sur le différentiel entre le taux d’intérêts appliqué sur l’emprunt obligataire et celui pratiqué sur les concours indument alloués à cette compagnie d’assurances, soit 1,75% sur le montant de plus d’un milliard de F Cfa.

Si l’orthodoxie financière et bancaire a été bafouée, il en est de même de celle régissant le mode opératoire de le banque qui s’obligea après coup à régulariser la situation en tenant dès l’entame de l’année 2011, un conseil d’administration conséquent. En fait, ledit conseil d’administration obéissait à une volonté de brouillage des pistes, tant il est vrai qu’il s’agissait en fait de se prémunir des récriminations de la Cobac dont le contrôle pointait à l’horizon. Ce d’autant plus qu’en mobilisant ce crédit avant ledit contrôle, Afriland First Bank savait remettre à flot les comptes de la Saar les faisant ainsi passer du rouge vif dans lequel ils étaient au vert flamboyant. Bien plus, cette mobilisation de crédit a permis à cette compagnie d’assurances de réaliser des bénéfices sans bourse délier, car les fonds mis à sa disposition émanaient des dépôts des épargnants, alors même que rien n’autorisait la banque à réaliser une telle opération.

Ce d’autant plus que l’alerte précédemment donnée par la Cobac et comme évoquée plus haut, disqualifiait la Saar de toute souscription dans le cadre de l’emprunt obligataire. Mais jouant d’artifice, la Saar peut y être enrôlée, non sans qu’à l’occasion elle fasse une promesse de nantissement dudit crédit par le crédit mis en place en 2010. En somme, c’est le même mécanisme qu’elle mit en branle dans le cadre de l’affaire Camdev, à la différence que pour cette dernière, le nantissement portait sur les fonds Ppte issus du ministère des forêts et de la faune, alors que pour la Saar, il se sera agi des dépôts des épargnants. Aussi est-on en droit de penser que fort de la récurrence de cette banque à manipuler les fonds des tiers, elle ne saurait se prévaloir de quelque bonne situation financière, et encore moins de la viabilité des entreprises faisant partie intégrante du groupe qu’elle est désormais.

Systématisation

Analyse faite, cette propension à utiliser les fonds des tiers pour développer les entreprises dudit groupe, justifie très certainement la propension qui est la sienne à vouloir toujours flouer sa clientèle. Et les divers changements de statut y intervenus depuis sa mise en branle sous la forme d’une coopérative en dit certainement long sur le sombre dessein qui est le sien. Sinon, comment penser que le projet qu’elle pilota pour l’implantation d’une cimenterie financée concomitamment la banque et les Coréens n’ait toujours pas abouti ? Le projet Afko étant depuis lors dans la broussaille entourant les containers érigés par Afriland First Bank sur le site de son implantation au lieudit entrée Ngeme, sur la route menant à la Sonara à Limbe.

En fait, les différents partenaires de cette banque auront compris que l’arnaque y fait office de mode opératoire par excellence. A preuve, le directeur général-adjoint n°1, le nommé Célestin Nguela, par ailleurs fils de Paul Fokam Kenmogne est loin de présenter le profil requis pour l’activité bancaire, tant il est vrai que par deux fois son dossier d’agrément a été rejeté par la Cobac. En fait, il justifierait plutôt d’un diplôme d’architecte douteux, obtenu à en croire des indiscrétions recueillies à bonne source en Belgique. Dès lors, on pourrait effectivement établir un parallèle avec les agissements plutôt répréhensibles de cette banque qui sait ainsi tirer le meilleur de sa clientèle en abusant de ses dépôts. Mais en sera-t-il toujours ainsi ?

© Aurore Plus : Muna Dimbambe


25/01/2013
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