Comment Biya a piègé Mebara

Cameroun : Comment Biya a piègé MebaraJeudi dernier nous avons aperçu Jean Marie Mebara au tribunal de grande instance du Mfoundi lors de son procès. Absent lors de la dernière audience pour cause de maladie, le Ministre d’Etat est surpris de s’entendre dire par la juge Arroye qu’il a peur du procès. C’est un Jean Marie Atangana Mebara qui sort de ses gongs et ne se laisse pas intimider par ce dernier en le rappelant à l’ordre. Il déclare n’avoir peur de personne et de rien et exige un peu plus de respect.

C’est un homme au moral d’acier mais très affaibli physiquement. Le stratagème de la défense est de faire le dilatoire pour gagner en temps en attendant la mise en place du tribunal spécial criminel qui entre en vigueur le 17 octobre 2012. Ce proche collaborateur du Chef de l’Etat qui a passé cinq années comme Secrétaire Général de la Présidence de la République ne peut avoir que ses larmes pour pleurer. Il est victime de son ambition présidentielle. Une ambition tout de même légitime parce que le palais présidentiel n’est pas un héritage de la famille Biya. Après Marafa, Mebara est le SGPR qui a mis le plus long à ce poste.

Sa longévité lui a surement permis de positionner les siens. D’ailleurs, il était considéré comme le chef de file du G11( Génération 2011). Ceux qui s’apprêtaient à prendre le pouvoir en 2011 après Paul Biya, puisque Paul Biya était à son deuxième et dernier septennat d’après notre loi fondamentale en cette période. Atangana Mebara paya très cher le prix de son ambition parce que Paul Biya ayant fait de l’alternance au sommet de l’état une affaire personnelle.

Le piège
Paul Biya étant très renseigné et conscient que ses plus proches collaborateurs multiplient des manoeuvres souterraines pour la prise du pouvoir après lui, sachant qu’il n’a aucune volonté de partir, en secret il fait amender la constitution et lève le verrou de la limitation des mandats de l’article 6 alinéa 2. Cet amendement, a été préparé pendant très longtemps par un cercle très fermé autour du chef de l’état. Rappelez vous de l’interview accordé à Charles Ndongo au sortir des législatives de 2004. Il faisait feu de tout bois pour que le RDPC ait une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale avec 153 députés sur les 180 possibles que comptent l'hémicycle de  Ngoa Ekelé.

Il en avait besoin, parce qu’il savait qu'une opposition farouche venant de l'opposition pouvait germer au cours des débats autour de ce projet de loi qu’il devait envoyer à l’assemblée nationale. Une fois l’Assemblée Nationale entièrement acquise à sa cause, il savait que ce projet de loi devait passer comme lettre à la poste. Sur le plan institutionnel, ses inquiétudes étaient levées, par contre, dans la maîtrise et le contrôle des ambitieux qui lorgnaient le fauteuil présidentiel, ces hommes  étaient imprévisibles.

Parmi ces personnalités imprévisibles et puissantes, il y’avait le SGPR Jean Marie Atangana Mebara. Le président lui donnait l’impression qu’il avait une large marge de manoeuvre et qu'il pouvait décider sur tout. Chaque fois qu’il s’approchait du Président pour arbitrage sur certains dossiers délicats, Paul Biya lui rappelait qu’il lui faisait énormément confiance et que c’était à lui de décider. Rappelez-vous de son petit nom Amon Rê : « Demi dieu » tiré de la mythologie égyptienne. Il arrivait qu’il soit reçu par son patron et que ce dernier simule un piètre état de santé en lui disant qu’il est malade que c’est à lui de gérer les affaires courantes et que l’avenir du Cameroun est entre ses mains.

Sortant de ces audiences il était désormais obnubilé par la fonction présidetielle et il était question pour lui juste de croiser les bras et de compter les jours en attendant la fin du septennat de Biya pour se hisser à la magistrature suprême. En effet, Paul Biya savait déjà même avant l’amendement de la constitution de mars 2008 qu’il le mettrait en prison pour avoir osé penser à son fauteuil présidentiel.

Dans cette prétendue « confiance » du Chef de l’Etat à son égard, il était question pour Biya de le laisser mettre ses hommes aux postes clés pour mieux les identifier. Mebara rassuré par son patron prend d'importants décrets et positionne les siens. Le président Biya peut alors tranquillement identifier tout son réseau et le neutraliser. Atangana Mebara, naïf, pensant à un départ du chef expose tous les siens. Il ne reste plus au président Biya de les cueillir à froid en commençant par le chef de file : Mebara. La peur de Biya était de n’avoir aucun adversaire sérieux lors de la présidentielle de 2011. Il sait très bien que l’ennemi ou la concurrence ne viendra que de son propre camp, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais et fait feu de tout bois pour tuer toute vélléité et ambition au sein de son propre camp.

Jusqu’à présent, il veut avoir un RDPC en rang serré. Atangana Mebara ne peut qu’avoir ses yeux pour pleurer parce qu’ils ont eu le pouvoir, mais voulaient faire les choses proprement pour ne pas avoir la conscience sale. Le président passait pratiquement tout son temps à l’extérieur. En politique, monsieur, Il n y’a pas de conscience. La preuve, Biya sans pitié et avec rigueur réprimée prouve le contraire.

© Emergence : Magnus Biaga


02/10/2012
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