Comment battre Paul Biya à la présidentielle de 2011

 Le système néo-patriomonial qui dirige le Cameroun depuis 50 ans pense avoir atomisé l’opposition camerounaise et les forces du changement. En jetant son dévolu sur les médias, ces empêcheurs de piller en rond, les militants et sympathisants du Rdpc tentent de créer un boulevard pour leur champion qui visiblement est déjà entré en campagne pour l’élection présidentielle de 2011. A dire vrai, ils prennent leurs rêves pour des réalités, car, du côté des forces du changement, les stratégies et tactiques appropriées sont en train d’être élaborées et testées en vue de l’avènement d’un ordre politique nouveau au Cameroun. L’opposition peut remporter la présidentielle en 2011. A condition....

 

L'enfer du décor
Les forces du changement et de l'opposition devraient exploiter des carences du système du président Paul Biya

 

Le mécontentement des Camerounais est perceptible. S'il persiste jusqu'à l'élection présidentielle, il ne pourra se traduire en un vote sanction que dans la mesure ou bien avant cette échéance, une personnalité émerge par son charisme et ses compétences en présentant aux Camerounais une alternative crédible à défaut d'un programme qu'elle ne pourrait ternir si elle venait à être élue, responsabilités gouvernementales obligent. Il est nécessaire à certains, pour qu'ils apportent leur confiance, que cette personne, femme ou homme, soit moralement irréprochable et de plus qu'elle apparaisse sincère et déterminée à une politique de changement non démagogique. Bien que l'on soit tenté pour être élu de faire des promesses, il est prouvé que tous les présidents ont été amenées à ne toutes les respecter, c'est ce qu'il faut que les Camerounais d'opposition comprennent, le Rdpc, lui le comprend. Paul Biya a été réélu par ce qu'il représentait une valeur, même s'il est du Rdpc, des sympathisants de l'opposition ont voté pour lui pourquoi, par ce qu'ils en avaient assez de cette indécision politique, de luttes internes des forces du changement incapables de soutenir à l'élection présidentielle celui qu'ils avaient choisie, allant même à le traiter d'illettré, de cruche et autres qualificatifs, qui ne dégageaient qu'un manque de confiance.

 

Au vide des forces du changement, malgré un bilan de Paul Biya désastreux, ils ont choisi la fermeté de Paul Biya, bu ses paroles. Il a bien manoeuvré en crédibilisant cette volonté politique, et la grossièreté de ses propos au lieu de se retourner contre lui ont convaincu ces populations par ce langage direct qu'ils aiment entendre. Il avait cet avantage en tant que président en exercice de pouvoir appliquer cette politique ce que l'opposition ne pouvait se permettreempêtrée dans ses conflits politiques, par une position ambiguë sur le malaise du Cameroun. Elle était inaudible, abattue, accusée et accablée sans relâche sur son inexpérience, montrant une incompétence notoire à défendre ce qu'elle pouvait faire. Paul Biya a été réélu par la division de l'opposition plus que par la puissance de son parti politique. En France, François Mitterrand n'a été élu qu'à la troisième tentative et l'on ne peut dire que ses deux échecs sont dus à son incompétence. Seul le manque de confiance qu'inspirait la gauche à une majorité de Français en était la cause, et cette confiance ne s'obtiendra que par une union durable.


FAÇADE
Les Camerounais regardent. Ils savent que certaines forces de l'opposition et du changement partagent des valeurs communes, la volonté d'un projet de société permettant à la fois l'alternance politique et l'alternative à un capitalisme financier inhumain qui conduit le modèle social et la planète dans une impasse certaine. Il est urgent, il est primordial d'unir les forces pour porter ce projet contre le Rdpc qui démontre, chaque jour, combien ses politiques détruisent le ciment de la nation.
Contre le Rdpc et Paul Biya, le seul vote efficace c'est le vote du changement ! Construire la dynamique politique qui permettra de gagner, à la fois pour protéger les concitoyens et préparer l'avenir. Rassembler les forces de l'opposition, ses sympathisants, ses animateurs et partenaires et puis toutes celles et tous ceux, qui le moment venu, voudront se rassembler sur la base d'un projet. Face à Paul Biya, un projet cohérent, alternatif et solide dans la durée permettra de répondre aux attentes des Camerounais, de faire face aux difficultés actuelles et donc de générer les conditions d'une majorité pour demain.

Le leader principal à Paul Biya doit s'imposer par une expression claire, soutenue, réfléchie, non démagogique, mais volontaire et suffisamment de temps avant l'élection présidentielle pour qu'il puisse convaincre les Camerounais indépendamment de sa compétence politique. Elle n'est que de second ordre par rapport à son image si elle ou lui s'est s'entourer de collaborateurs. On ne gouverne jamais seul ses conseillers de l'ombre ont la tâche de l'aider. Or que voit-on, une opposition morcelée qui ne veut pas se voir unie dans les faits, mais clamant haut et fort, chacun pour soi, une unité de façade qui ne trompe personne et dont chacun veut défendre ses couleurs, les élections régionales en étant l'occasion. Ces partis veulent montrer leur puissance, en attendant de prétendre à un leadership. Ce ne peut qu'être qu'un mauvais calcul, si l'avantage obtenu est mineur.

SERGE ALAIN KABESSINÈ

 

Le ver dans le fruit

 

 Le processus électoral est vicié. La constitution camerounaise a été unilatéralement, et à maintes reprises, remodelée ad nauseum. Si rien n'est fait les mêmes causes produiront les mêmes effets. Les Camerounais assisteront: aux multiples déviations et entraves au code électoral, à l'ethnicisation des élections, aux fraudes massives, à la simplification du scrutin au point d'aboutir à l'unilatéralisme, aux bourrages des urnes, à la disparition des bulletins de vote… aux élections truquées, au contrôle des médias, au blocage et contrôle des lignes des opérateurs téléphoniques avant, pendant et après les élections, au comptage des voix arrêté en plein décompte, à l'aveuglement des missions d'observations caméléonnés en agents de propagande partiale du politiquement correct, aux tripatouillages des résultats, à l'annonce précipitée des résultats par des dirigeants occidentaux directement intéressés au changement générationnel du pouvoir pour mieux défendre leurs intérêts, aux protestations protocolaires fondées sur les principes qui ne remettent pas en cause les résultats annoncés, à la légitimation du régime, à l'impossibilité de recomptage post électoral, à l'intimidation de la cour constitutionnelle ou son démantèlement en cas d'audace pour annoncer la vérité des urnes, à l'annonce unilatérale du gagnant par le parti dominant ou ses institutions, au silence coupable de la communauté internationale sur les exactions, à l'intimidation et le chantage à l'emploi, aux brutalités policières et militaires, à la corruption agréée, à la mise en place d'un gouvernement palliatif dit d'union nationale ou à défaut d'ouverture conçu comme un gouvernement de partage du gâteau, etc..

 

Les clés duchangement

 

Les caractéristiques nouvelles de nombreuses élections camerounaises sont telles qu'il s'agit de moins en moins d'élections libres, transparentes et reflétant la vérité des urnes. Il est plus question d'élections rituelles, formalisées dans l'institutionnalisation d'un processus occidentalisé avec un système informatique facilitant la fraude intégrale par l'inversion des résultats, ceci au service d'une légitimation évidente du pouvoir dominant, censé protéger les intérêts des puissances périphériques. Il s'agit d'organiser des élections que l'on ne peut perdre en misant sur : l'ego démesuré et les mesquineries de certains leaders de ladite opposition; un système de falsification institutionnalisée et de plus en plus électronique des résultats; des médias politiquement contrôlés, et une communauté internationale prêteà légitimer le système en misant sur la paix des cimetières comme critères justifiant toutes les dérives.

 

Il faudrait bien redéfinir les élections puisqu'elles ne servent plus qu'à légitimer ceux qui sont déjà au pouvoir et utiliser les partis dits d'opposition comme caution démocratique. De fait, les élections au Cameroun ne sont plus organisées pour permettre aux citoyens de réaliser au moyen d'un suffrage, c'est-à-dire un choix raisonné et libre, l'approbation d'un projet de société que portent des candidats. Toutes personnes disposant du droit de vote, c'est à dire le corps électoral, ne sont pas appelées pour y participer puisque la Diaspora est exclue compte tenu des procédures existantes qui ne sont pas sécurisantes pour le comptage effectif de ses voix.

 

Les dirigeants de partis dits d'oppositions, incapables de ranger leur ego pour rechercher la volonté des populations en amont du processus électoral, partageront la responsabilité  des débordements prévisibles de la période postélectorale et de l'impossible transition démocratique et pacifique. Il devient important pour la Diaspora et les organisations de la société civile camerounaise (Osc) et les patriotes de dénoncer l'hypocrisie institutionnalisée dans les organes comme Elecam qui, sous des apparences de neutralité et d'équilibre dans sa composition ne peut que dévier par rapport aux principes de consensus et de respect du droit.-- Pourquoi Paul Biya sera-t-il battu ? Pour beaucoup de Camerounais, Paul Biya est imbattable malgré un mécontentement majoritaire à sa politique.

Ce sentiment tient à l'omniprésence de Paul Biya, à ses lourdes erreurs, son injustice, sa prétention à donner des leçons aux autres, expression d'une idéologie dure imposant ses décisions sans concertation préalable en écartant toute contestation ou remarque de ses collaborateurs, sans envergure politique que celle de suivre le maître, sans qui pas d'existence, et de plus, mettant les Camerounais devant le fait accomplit. Mais, plus que tout, président d'une caste, il a trompé la majorité de Camerounais. Imbattable par une opposition dispersée ne présentant pas un visage homogène, par des intérêts personnels. Le trop plein de leaders potentiels conduit à son impuissance et la question de sa crédibilité est posée même si, dans chaque parti qui la compose, la volonté de battre Paul Biya est évidente, mais est-ce suffisant pour convaincre ?

Rompus depuis l'indépendance à donner leur onction à des choix arrêtés en amont et par qui tout le monde sait, les Camerounais, comme les observateurs de la chose politique, se trouvent, aujourd'hui, face à une compétition qui sera manifestement ouverte, qui chamboulera d'ailleurs leurs confortables grilles de lecture. Pourquoi un tel cas de figure est de l'ordredu possible ? Comment faire descendre Paul Biya de piédestal ? Enigme irrésolue pour les partis de l'opposition, casse-tête insoluble pour les forces du changement. L'opposition, en méprisant Paul Biya, l'a renforcé. A un point tel qu'il n'y a qu'une alternative pour l'abattre (politiquement): la mort ou la souillure. Présenter Paul Biya comme le favori de la prochaine présidentielle résulte d'une illusion d'optique : ce n'est pas   parce qu'il est en place depuis plus de 27 ans et que l'on est en peine de désigner son challenger qu'il occupe la pole position.

 

Source:  Copyright © 2010 Germinal n°048, 27 janvier 2010


30/01/2010
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