Commémoration – Père du nationalisme: L’UPC des fidèles dément la version officielle de la mort de Ruben Um Nyobe

DOUALA - 18 SEPT. 2012
© André Som | Aurore Plus

13 septembre 1958 – 13 septembre 2012, il y a 54 ans que fut exécuté le père du nationalisme Kamerunais par la troupe coloniale française. Ses camarades qui poursuivent toujours le combat pour la libération effective du Cameroun lui rendent hommage.

Le Comité Directeur de l’Union des populations du Cameroun, dite de « Um Nyobe » mieux de la faction dite des fidèles a donné une conférence de presse, mardi le 11 septembre 2012 pour annoncer le ton des festivités, mais surtout échanger avec la presse afin que ce moment important de l’histoire du Cameroun ne passe pas aux oubliettes. A cette occasion, le président de cette faction de l’Upc, Alexis Ndema Same, son Secrétaire général, Albert Moutoudou, Me Moualal et le Pr Moukoko Priso ont été conviés à lever quelques pans de cette histoire que l’administration coloniale et l’administration néocoloniale tronquent. Selon la version officielle, au matin du 13 septembre 1958, dans la forêt de la Sanaga-Maritime, la troupe coloniale surprit un petit groupe de trois hommes, deux femmes et un bébé. Ce groupe tenta de prendre la fuite. C’est alors que la troupe coloniale a ouvert le feu : quatre personnes tombèrent sur le coup : Ruben Um Nyobe, Ruth Ngo Kom, (sa belle mère), Pierre Yembak, et Jean-Marc Ngambi. Ne survécut que son épouse Marie Ngo Njock et le bébé.

Mais pour l’Upc originelle mieux des fidèles, cette version «absurde et erronée visait à jeter de l’opprobre sur la personne du père du nationalisme». Elle visait à démontrer que Ruben Um Nyobe dont tout un peuple a adulé le courage et la détermination n’était qu’un lâche qui à l’apparition d’une troupe armée, s’est mit en débandade abandonnant femme et enfant à leur triste sort. En revanche, pour eux, il y avait une quatrième personne au Qg, Mayi Matip qui affirme être quitté quelques minutes plus tôt le reste du groupe pour aller se soulager d’un besoin présent. A son retour le pire était arrivé. A ce sujet, les dirigeants de l’Upc des fidèles invitent chacun à faire son investigation pour se faire sa religion. Mais pour ce qui est de la version officielle de l’administration coloniale qu’on retrouve dans les livres d’histoire au programme, afin d’abrutir la jeunesse camerounaise, les conférenciers démentent.

Et ils invitent, premièrement de voir en l’attitude de la troupe coloniale le comportement d’un commando qui ne voulut pas aller jusqu’à l’assassinat d’un bébé et de sa mère après avoir tué les autres membres du petit groupe. Et deuxièmement, pour eux, Um Nyobe « Mpôdôl » n’était pas un père à prendre la poudre d’escampette en abandon femme et enfant à la vue d’une troupe armée. Et troisièmement à partir des éléments historiques en leur possession, Um Nyobe fut arrêté vivant et ensuite exécuté froidement. «On mit en suite un scenario en place.» Pour justifier ce crime crapuleux, l’Upc des fidèles soutient que c’est parce qu’il refusa les propositions que l’administration coloniale lui fit après son arrestation ; «lesquelles propositions se résumaient à le faire rentrer dans les rangs des dirigeants fantoches à qui l’on accorde un semblant de pouvoir, de l’argent, des honneurs, mais tout cela à la condition qu’ils acceptent de se mettre au service des intérêts français avant tout.»

Et de conclurent que : «Um Nyobe ayant refusé de jouer cette partition, de trahir son peuple, il ne restait plus qu’à l’éliminer. Ce qui eut lieu le 13 septembre 1958» Conséquence, la vision politique qu’avaient l’Upc et le père du nationalisme pour le Cameroun, comme Um Nyobe l’avait décliné dans son discours à la tribune des Nations Unies le 17 décembre 1952, portait sur un pays où les Kamerunais seraient unis du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Un kamerun où s’exercerait pleinement leur souveraineté, un Kamerun où il y aurait une meilleure redistribution des richesses et des conditions meilleures de vie, où leur standard de vie progresserait. Ce qui est loin d’être une réalité. Le Cameroun étant toujours pris en otage par les puissances colonisatrices. «L’assassinat du premier Secrétaire générale et co-fondateur de l’Upc a empêché au Cameroun de réaliser une unité nationale équilibrée et harmonieuse entre toutes les parties du pays. Car nous sommes encore sous le joug de division factices qui nous affaiblissent tous ensemble et permettent de mieux régner sur l’ensemble des Kamerunais.»


Appel à une forte mobilisation des Kamerunais

Certes le combat du père du nationalisme camerounais a obligé les colonialistes à reculer et de proclamer l’indépendance de notre pays. Mais nuance l’Upc des fidèles «Toutefois, avec la complicité cette fois-ci d’une nouvelle classe de Kamerunais et d’une administration néocolonialiste, les puissances occidentales ont assorti cette indépendance d’accords et de mécanismes bilatéraux et internationaux qui dépouillent les Kamerunais de leur souveraineté.» Et de poursuivre : «La dégradation des conditions de vie de la majorité des Kamerunais en est la preuve.» C’est pourquoi, l’Upc de Ruben Um Nyobe appelle les Kamerunais de partir de cette journée commémorative pour tirer une véritable leçon du père du nationalisme Kamerunais, celle de : «nous mobiliser pour rompre avec le néocolonialisme et les hommes que ce système a installés depuis beaucoup trop longtemps dans notre pays».

C’est pourquoi l’Upc des fidèles appelle à «la déchéance d’Elecam» en disant : «Non à Elecam dans l’organisation des élections au Cameroun» et exige une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) dont les membres seraient désignés de manière consensuelle. Et pour cause, avec Elecam la souveraineté du peuple Kamerunais ne peut pas être acquise. Et pour cause, Elecam, après avoir lamentablement échoué à organiser le scrutin du 9 octobre 2011 a démontré qu’il est incapable d’organiser une quelconque élection que ce soit. Curieusement, il est à nouveau à pied d’œuvre pour préparer les prochaines élections municipales et législatives. A cet effet, une campagne de collecte des signatures est menée par l’Upc des fidèles avec le soutien de quelques forces politiques. Il n’est même pas exclu une mobilisation massive dont le peuple Kamerunais a déjà fait preuve par le passé pour changer le cours des choses, comme ce fut notamment le cas pour obtenir l’indépendance en 1960 puis le multipartisme en 1990.


18/09/2012
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