Commémoration: Du 1er janvier au 20 mai, l’histoire d’une célébration «déportée»

DOUALA - 03 Janvier 2012
© Blaise-Pascal DASSIE | Le Messager

Nombreux sont encore des Camerounais qui ne comprennent pas pourquoi l'indépendance est célébrée le 20 mai et non le 1er janvier. Le Cameroun a obtenu son indépendance le 1er Janvier 1960 et non le 20 mai date à laquelle se célèbre, tous les ans, la fête nationale.

Nombreux sont encore des Camerounais qui ne comprennent pas pourquoi l'indépendance est célébrée le 20 mai et non le 1er janvier. Au-delà des questionnements qui continuent de fuser dans les esprits, s'il est historiquement admis que le Cameroun a eu son indépendance le 1er Janvier 1960, un petit point d'histoire doit être fait pour expliquer certaines subtilités justifiant le choix du 20 mai comme jour de fête nationale au Cameroun. Le 1er Janvier 1960 en effet, le Cameroun obtenait son indépendance, mais la partie francophone uniquement qui était sous tutelle de la France. Le Cameroun anglophone étant sous tutelle britannique n'obtint son indépendance que le 1er octobre 1961, et les deux parties formèrent alors la République fédérale du Cameroun.

En 1972, à la suite d'un référendum organisé par le président d'alors, Ahmadou Ahidjo, sur la possibilité de former un seul Etat, la République fédérale du Cameroun devînt la République unie du Cameroun ¬une partie du Cameroun anglophone ayant choisi de rejoindre le Nigeria. Ce référendum eu lieu le 20 mai, jour qui a donc été choisi comme le jour de naissance du Cameroun et qui est célébré comme fête nationale depuis.

Pour rappel, il convient de souligner que l'histoire du néocolonialisme français fit de l'ancien Cameroun oriental le premier pays d'Afrique francophone qui a ouvert le ban et le bal des indépendances dès le 1er janvier 1960. L'histoire nous enseignera par ailleurs que l'avènement de la République unie du Cameroun par le référendum du 20 mai 1972 avait l'ambition de cimenter la réunification des Cameroun anglophone et francophone. Ainsi les dates du 1er janvier 1960 et 1er octobre 1961 furent mises entre parenthèses au profit de celle du 20 mai qui sera célébrée en 2011 pour la trente neuvième (39) fois.

Daniel Abwa, historien et auteur de «Cameroun: histoire d'un nationalisme, 1884-1961 (éd. Clé)» plaide en faveur de la réalité historique et de son acceptation par tous. Réagissant sur Radio France Internationale au sujet de l'histoire du Cameroun, il avait expliqué comment on en est arrivé là. «pour passer de la fédération à l'unification», explique l'historien camerounais.

Depuis la nuit des temps donc, une évidence se dégage: le Cameroun semble avoir cultivé son droit à la différence en prenant de temps en temps ses distances avec son ancien tuteur. C'est ainsi qu'à la faveur de la Réunification avec la partie occidentale jadis administrée par Londres, les deux pays sous tutelle formeront un Etat unitaire au terme du référendum du 20 mai 1972. Paul Biya ira d'ailleurs plus loin en consacrant l'intégration. Phase supérieure à l'unification. D'où vient-il donc que le gouvernement du même Paul Biya a célébré encore les cinquante (50) ans de l'indépendance du Cameroun ce 1er janvier 2010? Ironie du sort ou malédiction?

Pourquoi donc avoir rangé dans les alcôves de l'histoire depuis bientôt quarante (40) ans les autres dates historiques du Cameroun pour ne faire triompher que le 20 mai et exhumer aujourd'hui l'indépendance de l'ancien Cameroun sous tutelle de la France? A y regarder de près, cela pourrait s'apparenter à un coup de Jarnac contre les compatriotes anglophones qui se sentent lésés, brimés, méprisés par les francophones arrogants.



05/01/2012
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